Le MENFP gaspille des ressources dans un recensement pendant que l’école haïtienne s’effondre
Port-au-Prince, 13 avril 2025 -Alors que les élèves ne savent plus à quoi ressemble une salle de classe sécurisée et que des milliers d’écoles ferment leurs portes à cause de l’insécurité, le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) lance en grande pompe un recensement scolaire baptisé « Resansman lekòl jodi, se prepare zouti pou planifye edikasyon demen ». Une opération pompeuse, sans portée concrète immédiate, qui donne l’impression d’un ministère en quête de visibilité plutôt que de solutions.
*Un pays à feu, une école à genoux, et le MENFP compte les chaises*
Mobilisant plus de 700 inspecteurs et agents répartis dans 85 districts scolaires, cette opération est censée visiter près de 19 000 établissements pour collecter des données. Mais à quoi bon remplir des formulaires dans un pays où des élèves ne peuvent plus se rendre à l’école à cause des balles perdues ? Où des enseignants sont en fuite ? Où des parents supplient pour un retour à la normalité, pas pour des chiffres ?
*Un mépris total pour l’urgence éducative*
Ce recensement, aussi ambitieux qu’inutile dans le contexte actuel, reflète une déconnexion criante entre les autorités éducatives et les réalités du terrain. Alors que les enseignants attendent encore leur salaire, que des élèves de 9e année fondamentale et de philo ne voient aucun professeur en salle depuis des semaines, le MENFP préfère déployer des fonctionnaires pour cocher des cases plutôt que de garantir l’accès effectif à l’éducation.
*Quand l’inaction se camoufle sous des slogans*
« Planifier l’éducation de demain », clame le ministère. Mais quelle éducation planifie-t-on quand le présent est totalement abandonné ? La majorité des écoles publiques sont sans moyens, sans personnel et désormais sans élèves dans les zones rouges. Le MENFP, au lieu de jouer son rôle de pilier du savoir, s’illustre comme une institution paralysée, bureaucratique, déconnectée et dangereusement inerte.
*Une mascarade ministérielle au détriment de la jeunesse*
À quoi sert un recensement si le système s’effondre sous nos yeux ? À quoi bon compter les écoles si elles sont vides ou aux mains des gangs ? Le MENFP donne une fois de plus la preuve qu’il n’est pas à la hauteur des défis actuels. Le peuple haïtien ne demande pas des tableaux Excel, il demande des professeurs, des bancs, de la sécurité, et une vraie volonté politique. Trop, c’est trop.
Roubens Vil
vilroubens1@gmail.com