Cap-Haïtien abandonné : Les autorités locales face à l’indifférence du pouvoir central
Lundi 18 novembre 2024 – Cap-Haïtien. – Dans un contexte de frustration grandissante, la ville du Cap-Haïtien et, plus largement, le département du Nord, se sentent de plus en plus laissés pour compte par le pouvoir central. Les responsables locaux expriment leur désespoir face à une situation qu’ils jugent insoutenable. “La ville ressemble à un panier de dents de peigne”, a déclaré un élu, mettant en lumière le délabrement des infrastructures et l’absence de soutien du gouvernement central.
La municipalité, en proie à une crise de financement, a révélé son incapacité à financer même les tâches les plus élémentaires. Entre l’entretien des routes et l’achat de matériel de nettoyage, comme des balais, les besoins sont criants. Cette situation soulève des inquiétudes parmi les habitants, qui constatent chaque jour les effets du désengagement du pouvoir central.
Dans ce climat déjà tendu, une polémique a éclaté autour de l’envoi de fonds à Cap-Haïtien. Emmanuel Vertilaire, membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), est dans l’œil du cyclone après avoir transféré 1,5 million de gourdes à la coordination départementale du parti Pitit Desalin. Cette somme, censée soutenir l’organisation d’activités dans le cadre de la célébration des 221 ans de la bataille de Vertières, est également destinée à renforcer les bases du parti dans les quartiers populaires.
Cependant, cette décision a suscité de vives interrogations. Wisly, le coordonnateur départemental du parti, a exprimé ses craintes quant à une possible escalade des tensions parmi les militants, qui pourraient percevoir la distribution de cet argent comme un instrument de manipulation politique. Sous pression, Wisly a décidé de retourner la somme à Port-au-Prince pour des raisons de transparence et de sécurité, suscitant ainsi des rumeurs sur les liens d’Emmanuel Vertilaire avec des affaires de détournement de fonds.
Dans ce climat de méfiance généralisée, les autorités locales ne cessent pourtant de revendiquer l’attention et l’investissement du pouvoir central. Le manque de ressources et le traitement injuste qu’ils subissent risquent de compromettre les initiatives locales visant à améliorer les conditions de vie des habitants. Les citoyens du Nord, fiers de leur histoire et de leur héritage, continuent d’attendre un soutien concret et un engagement véritable de l’État haïtien pour faire face à ces défis pressants.
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