Quel est le poids réel d’un troisième débat présidentiel dans la course à la Maison-Blanche?
L’objectif des débats entre le Président Donald Trump et son rival, l’ancien Vice-président Joe Biden est de permettre aux électeurs de mieux connaître la position de l’un ou de l’autre sur des questions importantes relatives à la politique intérieure et extérieure des États-Unis. En un mot, l’intention des trois face-à-face est de créer un électorat informé ou avisé.
Il est vrai que le pourcentage d’audience des débats à la télévision a largement diminué au fil des décennies, mais ilsrestent l’un des évènements politiques qui peuvent attirerbeaucoup plus de personnes que n’importe quel tout autreévénement durant le processus de campagne dans la course à la Maison–Blanche.
Si l’idée que les débats présidentiels peuvent changer la donne est une croyance presque universellement partagée par les experts politiques, les stratèges et conseillers de campagne d’un candidat, par contre, il y a d’autres politologues qui ne partagent pas cet avis. « En effet, les chercheurs qui ont examiné les données avec le plus grand soin ont constaté que, lorsqu’il s’agit de déplacer suffisamment de voix pour décider du résultat de l’élection, les débats présidentiels ont rarement, voire jamais, eu d’importance. » Mais qu’en est-il des élections de cette année ?
Certes, pour certains, le débat entre les candidats joue un rôleimportant dans le symbolisme du dynamisme de la démocratie. A tel enseigne, des électeurs américains pensent qu’il y a de la vertu à ce que les candidats répondent soient aux questions des modérateurs ou des citoyens moyens. « C’est une norme du système américain qui doit être respectée. », déclarait un électeur.
Depuis 1992, progressivement, l’objectif visé par les débats à créer un électorat informé, a beaucoup diminué. Cette tendanceest aussi évidente au cours de ces élections de 2020. Lors du premier débat du 29 septembre de cette année, le candidatrépublicain, à court d’arguments, ne se souciait guère d’informer l’électorat de ses positions politiques, particulièrement sur la crise sanitaire qui emporte par centainesde milliers des citoyens américains.
Avant même ce fiasco de la nuit du 29 septembre, certainsélecteurs ont indiqué dans un sondage du Wall Street Journal / NBC News que les débats n’influenceraient pas vraiment les votes. Plus de 70% des personnes interrogées ont déclaré que les débats n’auraient pas beaucoup d’importance pour leur prise de décision, 44% d’entre eux ayant déclaré que les débats ne seraient pas du tout pris en compte dans leur choix le jour des élections.
Effectivement, le premier débat présidentiel entre Donald Trump et Joe Biden a été qualifié de « chaotique » ou tout simplementle pire dans toute l’histoire des élections présidentiellesaméricaines. Entre-temps, comme le président est infecté du Covid 19, la Commission des débats présidentiels avait annoncéque le second débat présidentiel du 15 octobre se tiendraitvirtuellement. De son côté, le Président Trump avait déclaré qu’iln’allait pas perdre son temps avec un débat virtuel, optant de préférence pour l’organisation d’un rassemblement.
Le débat du 22 octobre, pourquoi faire?
Avec l’annulation du débat du 15 octobre, est-il necessaire maintenant pour la commission de concentrer leur attention sur les préparatifs pour le dernier débat présidentiel prévu pour le 22 octobre, à Nashville, Tennessee?
Puisque, non seulement à quelques jours du scrutin prévu pour le 3 novembre, Trump est en retard de plus de dix points dans les sondages nationaux et, chaque jour, il perd du terrain dans certains États clés, mais avec le processus du vote anticipé, des millions d’électeurs ont déjà fait leur choix du candidat qu’ilsaimeraient voir devenir le 46e président américain.
Le fait de refuser alors de participer au second débat alors qu’ilpourrait en profiter pour finalement rattraper, dans les intentions de vote, l’ancien vice-président Joe Biden, était un choix curieuxdu président sortant. Trump n’avait-il pas besoin de ce débatpour faire le grand ‘comeback’? Considère-t-il les débats au fond comme une simple fioriture dans la course à la Maison–Blanche ou se méfie-t-il même des sondages sachant l’obsessiontraditionnelle de Donald Trump pour les ” faits alternatifs“?
Mais s’il décide, cette fois, de participer au prochain face-à-face, pourra-t-il se rattraper de manière à influencer les électeurs, surtout les indécis, qui auront peut-être besoin de ce dernier débat pour finalement faire leur choix ? Face à cettepréoccupation, un analyste sur les élections présidentiellesaméricaines pense, « Il n’y a rien que le président Trump puissedire ou faire pendant un débat pour se racheter. »
Quoique ce qu’aurait pu penser cet analyste ou des électeurs, peut-être y-a-t-il des électeurs indécis qui utiliseront la performance des candidats dans les débats pour se décider. Cetteélection est en cours...les gens votent déjà. Car, depuis des jours, avec la formule du vote anticipé, des millions d’américainsont déjà fait leur choix.
Prof. Esau Jean Baptiste
younalot@yahoo.com
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1- Joshua Jamerson. Trump, Biden Have Few Americans to Persuade in Debates. THE WALL STREET JOURNAL. Publiéle 27 septembre 2020.
2-The Washington Post. What’s the point of a third presidential debate. Publié le 10 ocotbre 2016.
3-The CHRISTIAN SCIENCE MONITOR. The pros and cons of presidential debates. Publié le 30 septembre 2020.