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Le cahotique débat qui n’a pas aidé Trump

  Il était 9 heures pm quand, le mardi 29 septembre, en présence d’un public limité et dans des conditions particulières en raison de la pandémie, a débuté à l’Université Case Western Reserve de Cleveland, dans l’État de Ohio, le premier face-à-face entre les deux candidats à la présidentielle américaine. Qui l’a emporté, Vice-président Biden ou Président Trump ?

Attendu depuis des mois, ce duel télévisé était animé par le modérateur Chris Wallace de Fox News. Repartit en six segments de 15 minutes, le débat avait duré 90 minutes. Dans ce face à face d’une heure et demie, portant sur les crises domestiques, les deux candidats avaient répondu á des questions ayant à voir à la Cour Suprême, la gestion de la pandémie du coronavirus, l’économie et l’intégrité de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre.  

Selon le sociologue Patrick Champagne, les débats télévisés présidentiels sont des « pièges à herméneutes » dont l’interprétation substitue au point de vue du téléspectateur moyen la vision politologique du spécialiste. Alors que l’interprète, journaliste spécialisé ou universitaire, dissèque l’émission et en surinterprète les moindres détails, le téléspectateur moyen que les candidats cherchent à convaincre accorde à ce type d’émissions ce que Richard Hoggart appelle une « attention à éclipses. » Qu’en est-il de ce face-à-face ?

Le débat de mardi entre Biden et Trump avait fait l’objet dans les médias d’innombrables commentaires à chaud venant des politologues, des journalistes et des professeurs duniversités. Mais comment peut-on comprendre ou interpréter ce débat présidentiel ?

Le débat du mardi 29 septembre

Étant un temps fort de la campagne, ça fait partie du show et c’est surtout l’occasion, en 90 minutes chrono, de toucher le plus grand nombre d’électeurs. Surtout les indécis et indépendants dans les ‘’Swing State’’ (États pivots). Mais au-delà de tout autre rôle que pouvait jouer ce face à face, le débat de mardi qui a opposé Trump á Biden était le plus important des trois confrontations présidentielles auxquelles se livrent les deux candidats avant l’élection du 3 novembre.

Ce débat était important, d’abord parce qu’il s’agissait de la première confrontation, et elle peut ainsi influencer les suivantes. Ensuite parce qu’elle (cette confrontation) était consacrée aux questions de politique intérieure, l’accent étant mis sur la crise sanitaire qui secoue les États-Unis, le problèmede l’emploie, les disparités sociales, et il s’agit sans surprise desthèmes non seulement les plus important pendant le débat, mais aussi de cette campagne très différente des autres élections présidentielles. Enfin, ce débat était un test pour Donald Trump, ou les sondages donnent une légère avance à Joe Biden ennombre de voix, et à certains égards sa dernière chance de revenir dans la course. Sur ce point, le président sortant ne s’était pas montré très convaincant et est unanimement désigné comme perdant de ce débat.

Le test que Trump ne devrait pas rater

En affichant, dans les sondages, une constance déconcertante, depuis plusieurs semaines, le psident faisait montre dans la course vers le 1600 Pennsylvania Avenue, figure de perdant. Ce qui explique qu’il n’avait pas droit à l’erreur.  Cependant, dans un exercice de style qui n’a pas privilégie en général la forme autant que la substance (sinon plus), la performance de Trumpn’était pas bonne…elle était piètre

Tandis que, dans ce face-à-face d’une heure et demie, Bidensemble avoir acquis durant la course à l’investiture démocrateun bon nombre d’expériences. Au débat, il paraissait très à l’aise. Ce qui lui donnait une certaine efficacité et de l’entrain face au Président sortant, qui, lui, n’avait pas débattu depuis les dernières présidentielles de 2016. Ainsi, ils sont nombreux, particulièrement les analystes de la vie politique américaine et internationale, qui estiment que Trump avait raté sa chance de se montrer à la hauteur d’un grand « Commander in Chief ». En effet, pour un candidat dont les derniers sondages, par rapport à son rival démocrate, ne lui sont favorables, le Président avait donc, dans une certaine mesure, raté une bonne occasion pour rejoindre son adversaire dans les intentions de vote.

Biden a la réputation de maîtriser les débats, disait plus d’un. Ce qui fait, au cours de son intervention, il s’est montré non seulement calme, mais aussi très intelligent face aux attaques personnelles de Trump. Il a même essayé de mettre le Président sur la défensive. D’entrée de jeu, Biden a joué pieds et mains pour convaincre et conquérir le grand public. « Les yeux plantésdans la caméra, il a régulièrement pris les Américains à témoin, les appelant à se rendre aux urnes pour éviter « quatre années de plus de mensonges ». À un certain moment, on sentait monter la pression sur le président sortant. Une pression liée à son arrogance, couplé des gabegies administratives de son administration surtout dans la gestion de la pandémie.

Une victoire importante pour Biden

Depuis des semaines, la constitution du « ticket » Biden/Harris, est nationalement bien placé dans les sondages. Décidément, cette victoire est, dans une certaine mesure, une bonne chose pour Biden dans la course à la Maison-Blanche. Dans un articlequi, quelques années de cela a été publié dans les colonnes du Journal Reuters signé John Whitesides, l’accent était mis sur la délicatesse de perdre ou de gagner un débat. Selon M. Whitesides, le premier débat est souvent le plus délicat pour le candidat sortant, c’est-à-dire pour le président qui cherche sa réélection. Quatre des cinq derniers Présidents qui briguaient un deuxième mandat – à savoir Ronald Reagan en 1984, George Bush père en 1992, son fils en 2004, Obama en 2012, ont été malmenés à cette occasion. Seul Bill Clinton, qui disposaitnaturellement des armes nécessaires pour faire face à cette situation, avait échappé à la règle en 1996.

Que peut-on dire de celui de cette année ?

Comme certains de ces prédécesseurs, le Président Trump a montré des failles dans cette première étape de la confrontation : il était plus engagé à faire des attaques personnelles. Il a passé au final plus de temps à critiquer et attaquer personnellement les propositions de Biden, et dans bien des cas, l’empêcher même de répondre aux questions du modérateur.  « Il n’y a riend’intelligent en vous », a lancé le président, Donald Trump, enmauvaise posture dans les sondages. Mâchoires serrées, le locataire de la Maison Blanche, qui briguera le 3 novembre un second mandat de quatre ans, s’est efforcé de dépeindre son adversaire comme une marionnette de la « gauche radicale », que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat peuton lire dans le dernier article du journal Le Monde.

Dans son incapacité à se débattre, initialement, dans ce débat, Trump a, de par sa performance, montré aux électeurs indécis et indépendants qu’il n’est pas prêt pour diriger les États-Unis pour un second mandat.

Le fait de réussir sa prestation permet donc à Biden des’affirmer, contrairement à ce que disait Trump, qu’il est pluscompétent et présidentiable que le Président lui-même. Cettevictoire va définitivement rassurer les électeurs jusqu’alors indécis. Ce pourrait enfin être un facteur qui amène les électeurs encore indécis à porter un autre regard sur la campagne de Biden.

Malgré tout…

C’est une bataille qu’il a gagnée mais pas la guerre. Car en dépit de sa victoire, beaucoup restent à faire dans les prochains jours

Le prochain débat

Le candidat sortant est passé à côté de son premier grand débat télévisé certes. Et les téléspectateurs partagent largement cet avis. Pourtant, tout n’est pas fini. Après sa défaite au premier débat, le Président doit, dans le prochain face-à-face, se montrer plus combatif et déterminé à recouvrer le terrain perdu. Il doit éviter de faire des attaques personnelles pour se concentrer sur les problèmes réels que fait face son pays, mais surtout sur les grands défis qui l’attendent, au cas où il serait réélire. Ceci dit, la pression s’accentue sur Trump. Comme « time is running out », il n’a pas droit à l’erreur. Il doit gagner le second débat du 15 octobre pour pouvoir aborder avec beaucoup plus d’optimisme le dernier du 22 octobre et, du même coup, rejoindre Biden dans les sondages avant le scrutin du 3 novembre. Cela étant dit, il jouera sa survie dans la course à la Maison-Blanche lors du prochain débat, considéré comme crucial, face à un Biden galvanisé de sa performance du premier débat. La prochaine confrontation est très importante pour le Président sortant et son équipe.

Les suivants étaient les vifs échanges entre Président Trump et Vice-président Biden

«J’ai payé des millions d’impôts», déclarait Trump. «Vous n’êtespas intelligent, » disait Trump. Quant a Biden, il traite Trump de «clown». Trump réplique pour le qualifier de marionnette de la «gauche radicale».  Tout en se référant aux deux mandatsd’Obama ou il était Vice-président, Biden a lancé: «Nous luiavons offert une économie en plein essor. Il l’a gâchée». Quandà la pandémie Covid qui a déjà tués plus de deux cents milleaméricains aux États-Unis: Trump affirme que Biden aurait fait «bien pire».  De son côté, Biden n’a pas hésité pour le traiter de«menteur»

 

Autant d’accusations de part et d’autre, à tel point que: Chris Wallace tentait de ramener un peu de calme et d’ordre dans le débat, alors que les deux candidats s’interrompent enpermanence. «Gentlemen! Je déteste élever la voix, maispourquoi serais-je différent de vous deux?», les a-t-il interpellés, rappelant qu’ils avaient convenus de respecter un temps de parole de deux minutes chacun à tour de rôle.

 

 

Prof. Esaü Jean-Baptiste

 

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1- Esau Jean-Baptiste. Pour mieux comprendre les électionsprésidentielles américaine

Publié en février 2020 par la maison d’édition, d’Édicaces, Canada/Etats-Unis

2- Valérie SamsonPresidentielle américaine : «Menteur», «clown», «rien d’intelligent»… Vifs échanges entre Trump et Biden au premier débat

3- Le Monde. Présidentielle américaine : le premier débatentre Donald Trump et Joe Biden vire au chaos

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.