L’État haïtien perd 94 millions de dollars américains en une décennie
L’Etat haïtien accumule une perte de 94 millions de dollars américains pendant les dix dernières années sur l’acquisition des produits pétroliers. L’information a été révélée par le premier ministre Joseph Jouthe lors d’un point presse autour du rapport de la commission tripartite formée des représentants de l’UCREF, l’ULCC ainsi que l’IGF. Le chef du gouvernement rappelle que cette commission a été constituée en date du 22 janvier 2020 suite à une demande du président Jovenel Moïse. Laquelle commission avait pour mission de confirmer les présomptions de bénéfice indu réalisé par les compagnies pétrolières au cours de la dernière décennie.
Le 14 aout dernier, les commissaires ont remis leur rapport commandité par l’exécutif au chef du gouvernement qui dévoile que le rapport a été acheminé moins de deux mois après. Il est formel et sans rappel a-t-il lancé. Le chef du Villa d’Accueil a, du même coup, précisé qu’entre mars 2019 et mai 2020, période correspondant à la libéralisation des produits pétroliers les compagnies pétrolières ont gagné un sacré butin, soit 94 millions de dollars US sur un total de plus de 7 millions de gallons de gazoline et de Diesel.
‘’Ceci s’explique non seulement par le différentiel entre les indices plates utilisées comme référence à l’achat par les compagnies et l’indice caribbean posting utilisée par ces dernières pour facturer l’Etat haïtien mais surtout par l’opacité des premiums proposé par les compagnies pétrolières’’ a souligné le chef de la primature. Une compagnie a toute la latitude nécessaire pour augmenter son profit car, les composantes des premiums n’ont pas été identifiées.
Faisant référence aux données du BMPAD pour cette même période (mars 2019-mai 2020) sur une moyenne de 1 million de barils par mois, les premiums sont passés de 0,12 à 0,22 dollars américains. Entretemps, le chef de la Primature a fait remarquer que le manque à gagner de l’Etat sur la subvention des produits pétroliers culmine à plus de 113 milliards de gourdes, un manque à gagner de 39 milliards de gourdes enregistrés durant la période de libéralisation. De l’avis du premier Ministre, ce montant représente en moyenne 46 fois les dépenses en agriculture, 5 fois les dépenses en éducation et 13 fois les dépenses en santé.
Fort de ces constats, le chef du gouvernement estime que l’Etat ne peut pas rester impassible. L’heure a sonné afin de procéder à la régulation des distorsions de marché, d’apporter des corrections conformément aux recommandations produites par la commission tripartite.
En conséquence, le premier ministre entend : Renforcer la capacité du BMPAD, assurer la transparence au niveau des prix des produits pétroliers à l’importation, faciliter l’accès à l’Etat haïtien via le ministère de l’économie et des finances à toutes les bases de données ayant rapport aux indices utilisées, supprimer les intermédiaires lors importations, reprendre totalement le contrôle de l’importation de tous les produits pétroliers, augmenter la capacité de stockage des produits pétroliers sensibles et approfondir l’enquête par toutes les autorités compétentes en vue de fixer la responsabilité pénale des personnes physiques ainsi que morales.
