Lettre ouverte du Révérend Pasteur Jean Marc Zamor, Recteur de l’Université Providence d’Haïti, au Président Jovenel Moise
Port-au-Prince, le 3 Juillet 2020
Monsieur le Président,
C’est avec beaucoup d’indignation, de colère et de honte que j’ai pris connaissance du projet de loi portant sur le nouveau code pénal publié le 24 Juin 2020, lequel projet de loi rend Haïti l’un des pays le plus immoral de la planète. Monsieur le Président, je me questionne perplexe sur vos motivations à détruire la culture morale de cette grande nation qui jadis représentait la perle des Antilles. Quelles sont les promesses qu’on vous a faites qui vous ont poussé à commettre une telle erreur? Il m’est difficile de trouver une raison qui pourrait justifier votre haine pour cette terre dont sont issus vos ancêtres.
Monsieur le Président, pourquoi cet acharnement contre la terre d’Haïti, une terre qui vous a vu naitre et vous a porté à sa plus grande magistrature ? Je ne vous demande pas de partager ma foi Chrétienne, mais je vous demande de cesser de faire des compromissions aveugles qui pourront être assimilables à une déshumanisation de votre personne. La nature elle-même témoigne de l’ordre social établi par le créateur mais vous pour des intérêts inexplicables, vous choisissez de vous souiller et de souiller cette terre qui n’a plus que sa dignité et son histoire comme raison de son existence. Si une personne choisit de pratiquer des actes contre-nature, que ce soit son choix personnel et privé, mais épargnez la nation de cette abomination, de ce schisme social terrible qui découlera sans nulle doute sur des situations intenables dans les prochains jours et ceci au niveau national. Car, le peuple haïtien est prêt à se battre jusqu’au dernier soupir pour la sauvegarde de son identité et de sa souveraineté.
Monsieur le Président, je veux bien comprendre que vous avez eu un mandat difficile et jusqu’à présent contestable et infructueux, mais vous avez encore le temps de vous repentir. Je veux croire que vous êtes assez intelligent pour comprendre que ceux qui vous ont conduit à commettre cet acte odieux, la publication de ce projet de loi abominable, ne sont pas dans vos intérêts et ne font que se servir de vous. Repentez-vous, Monsieur le Président, sinon les jours s’avèrent très sombres en Haïti. J’ai choisi dans cette lettre de ne pas faire de références bibliques pour que vous n’ayez pas l’impression que j’exprime que des divergences religieuses. Mais, je veux faire appel à votre conscience citoyenne et patriotique pour vous demander de comprendre que ce peuple a assez souffert. Ce peuple qui est devenu la risée des nations peut redevenir grand si nous acceptons de travailler ensemble et de prendre des décisions qui sont uniquement dans les intérêts supérieurs de la nation. Vous pouvez encore prendre une décision dont vos parents, peu importe là où ils se trouvent, en seront fiers. Abandonnez ce projet abominable et éviter au pays ce fléau qui sera sans précédent. Rien au monde ne justifie la publication de ce projet de loi honteux et perverti. Repentez-vous Monsieur le Président, c’est le choix que vous avez. Vous n’êtes pas obligé de terminer votre mandat dans la honte et laisser ce triste passé pour cette génération et celles à venir.
Monsieur le Président, j’espère que vous avez compris que vous venez de déclarer une guerre sans précédent dans ce pays qui n’aura pas de fin tant que nous, les forces morales de cette nation, n’aurions obtenu gain de cause. Vous parlez souvent de la majorité silencieuse de ce pays qui souvent se rend complice par son silence ; Monsieur le Président, vous venez de réveiller cette majorité silencieuse. Elle sera debout jusqu’à ce que vous annuliez ce projet de loi. Je comprends bien que vous avez profité du Nouveau Coronavirus pour remporter une bataille contre la morale Chrétienne, mais je vous donne la garantie que vous allez perdre la guerre.
Monsieur le Président, Je vous écris comme un prophète qui vous annonce que le pays fait face à une autre tragédie ; cependant, vous pouvez nous l’éviter en vous repentant de cette décision. Pour l’amour de ce pays, notre chère patrie, et de nos enfants, rejoignez le camp des gens moraux, le camp des gagnants et abandonnez le camp des méchants, car « quand les méchants fleurissent comme l’herbe, quand s’épanouissent tous ceux qui commettent l’injustice, c’est pour être anéantis à jamais » Psaumes 92:8. Vous avez tout à gagner et rien à perdre maintenant, car déjà pendant ces trois dernières années, ces forces destructives et rancunières se sont jouées de vous.
Monsieur le Président, vous avez encore le temps de servir la nation. Je prie Dieu pour que vous ne vous endurcissiez pas comme Pharaon l’avait fait avec le peuple d’Israël et que vous laissiez partir le peuple de Dieu. Je prévois de grandes plaies en Haïti si vous refusez de revenir en arrière, car Dieu vous jugera encore plus sévèrement puisque vous avez été averti. Monsieur le Président, j’aimerais vous rappeler que la marque de tout grand homme est sa capacité d’accepter ses erreurs et de demander pardon. A ce carrefour de votre histoire de vie, le peuple s’attend à ce que vous agissiez comme un vrai Chef d’Etat. Rentrez ce projet de loi et accompagnez le peuple dans sa lutte de survie quotidienne.
Que Dieu vous fasse grâce et que vous agissiez immédiatement dans l’intérêt de cette nation !
Respectueusement,
Révérend Pasteur Jean Marc Zamor
Recteur Université Providence d’Haïti, UPROH
Blvd de l’Université, Balan Ganthier, Haïti
Secretariat@uprohhaiti.com