ACTUALITÉS

Haïti-Coronavirus : « Pisin Kreyòl », des jeunes lèvent la voile sur l’incapacité des autorités haïtiennes d’appliquer leurs propres mesures

_Alors que la commune de Delmas est, selon le Ministère de la Santé Publique et de la Population, la commune la plus affectée par la pandémie du nouveau coronavirus, les précautions ne sont pas de mise pour certaines gens vivant dans cette commune. À Solino, aux heures du couvre-feu, des jeunes organisent régulièrement un programme baptisé « Pisin Kreyòl », en pleine rue, où les mesures sanitaires ne sont pas respectées._

Il est 8 heures du soir, en plein couvre-feu. Dans un parc de jeux à Solino, banlieue Nord de Port-au-Prince, la Capitale haïtienne, des centaines d’enfant et de jeunes vêtus de blancs, ont débarqué, pistolet à eau en main. C’est l’heure d’une activité nocturne baptisée « Pisin Kreyòl ».

Des marchands de boissons gazeuses et alcoolisés ont également été remarqués. Le décor est planté. Dans quelques minutes, l’ambiance va démarrer et l’animation musicale est assurée par un disc-jockey de la zone.

Malgré le couvre-feu et l’interdiction de tous rassemblements dépassant 10 personnes dans tout le pays, ces enfants et jeunes s’adonnent à cœur joie à la « Pisin Kreyòl ». Sans masque, ni respect de la distanciation sociale, poussés par les décibels, les participants s’aspergent, boivent de l’alcool et fument de la marijuana, entre autres.

Dans cet espace, un petit moteur en marche, alimenté par une dizaine de récipients remplis d’eau, pousse avec pression un pulvérisateur de nettoyage de voiture piloté par un jeune homme qui asperge les participants. Le défoulement est au rendez-vous.

Musique, danse, aspersion et déhanchement. Les jeunes s’amusent comme si de rien n’était. Il est presque 10 heures du soir. C’est pratiquement la fin du programme. A l’unisson, les jeunes, encore mouillés chantent et se défoulent, à cœur joie. Alexandra, une adolescente de 17 ans, dit être obligée de se défouler, même si le danger est énorme.

« On ne doit pas se laisser emporter par le stress du Covid-19 », nous explique la jeune fille, l’air souriant.

De son coté, Réginald, 18 ans, critique la gestion faite de la pandémie par les autorités haïtiennes, arguant que participer à ces genres d’ambiance, c’est oublier, pendant quelques heures les effets négatifs du confinement.

« En raison du coronavirus, les autorités du pays nous ont interdit de fréquenter les piscines et plages. Donc, même avec la peur au ventre, au risque d’attraper la pandémie, je ne peux pas me passer de cette ambiance », renchérit-il.

Cette activité nocturne ne se fait pas sans rixe. Une situation qui pousse le disc-jockey à appeler les bagarreurs à l’ordre.

« Eh, les gars, gardez votre calme, dans cette tempête d’insultes. Vous ne devez pas avoir une prise de bec sur une question de femme. D’ailleurs, ce quartier n’habituait pas à cela », rappelle-t-il.

Face au non-respect des mesures annoncées par les autorités, plus d’un continuent de s’interroger, sur la vraie motivation des policiers qui, le mardi 28 avril 2020, à Delmas 33, avaient tabassé le journaliste de la RTVC, Georges Emmanuel Allen, sous prétexte de violation du couvre-feu.

De fait, les autorités du pays se trouvent dans l’incapacité d’appliquer leurs propres mesures, tout en commettant, en revanche, des actes attentatoires à la liberté de la presse, en violation de l’article 28.1 de la loi mère qui dispose que les journalistes n’ont pas besoin d’autorisation pour faire leur travail sauf en cas de guerre.

 

 

Auteur: Dieudonné ST CYR

Partagez ceci

Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.