Souhaits pour Haïti au temps d’une horloge figée.
Le présent texte tel que titré actuellement pour les besoins de la publication immédiate en cette noël 2019, n’est autre que des vœux que j’ai adressés en décembre 2013-janvier 2014, cinq ans déjà, pourtant la réalité est restée implacable et tenace, donc mes vœux restent aussi inchangés.
En guise de vœux aux Haïtiens et Haïtiennes depuis Décembre 2013- Janvier2014 renouvelés en ce 2019.
Il est, depuis quelques années, de tradition qu’en guise de vœux de Noel et de nouvel an j’exprime à mes amis et connaissances mes sentiments et mes réels souhaits pour chacun, chacune et pour le pays tout entier. Mais cette année, sincèrement l’exercice me parait peu rationnel parce que les souhaits doivent arriver dans un contexte d’alternance du temps, d’une traversée chronologique marquant un fait historique : le temps de l’Avent pour les Catholiques et Chrétiens, c’est la naissance du Sauveur, c’est la grande promesse du salut, pour nous tous Haïtiens, ce moment devrait être la fête de notre Indépendance, de notre naissance comme peuple. Cependant, bizarrement, c’est comme si nous Haïtiens, nous n’avons pas traversé le temps, notre pendule s’est figée à l’heure de nos guerres tribales, nos guerres intestines «Affranchis/Esclaves, Toussaint/Biassous, Dessalines/Petion, Salomon/Bazelais, Duvalier/Dejoie, Duvalier/Aristide, Aristide/Apaid et Martelly/Moise Jn Charles» avec comme bouclier le même vivier populaire « les suisses, les Zinglens, les Piquets, les Cacos, les Macoutes, les Chimères, les GNBistes, les Lavalassiens, les Organisations Populaires » tous objets et sujets à être massacrés après la victoire d’un camp ou de l’autre. Quelle victoire ? Le butin est toujours gardé à 80% dans le patrimoine du chef se revendiquant la paternité de la lutte et les 20 % sont foutus en l’air au milieu de la masse frustrée créant tout de suite un autre alibi à une autre guéguerre.
C’est comme si notre vie d’Haïtiens, n’a de sens que dans des oppositions, des déchirements entre nous, même sur des causes qui devraient nous rallier telles : le séisme du 12 janvier, la présence de la MINUSTAH, l’agression dominicaine, le choléra, la paupérisation galopante …etc. Nous ressuscitons les morts pour réveiller les querelles, aujourd’hui il point à l’horizon un spectre macabre : Lycéens contre lycéens, Professeurs d’Université contre Professeurs d’Université sur des labelles « anciens Docteurs vs nouveaux Docteurs », « plein temps vs temps partiel », OP rose vs OP lavalas, diaspora vs haïtiens sédentaires toujours avec les mêmes slogans creux, méchants, destructeurs, les mêmes tactiques et stratégies consistant à effacer l’autre Haïtien et tout ce qu’il représente et ce, un effacement même dans la mémoire collective, d’où le « dechoukage » et le « rache manyok » systématiques nous laissant un pays arriéré, exsangue, laid et sale. Et après ? Et après… « na wè sa na fè », « pito nou lèd nou la », « pèp pa konn mouri », « Tonton Sam pap janm kite nou bek chèch, nou te ede yo goumen nan Savana » nous sommes RI-DI-CU-LES.
C’est vrai nos combats sont vides d’idéologie, de projet, de vision, de planification, de rang de priorités, nous ne sommes que des crabes, des scorpions avec l’unique but de nous couper, déchirer, déchiqueter, ensanglanter, bouffer, dévorer, piquer, tuer, endommager … Et après ? Et après… Peuple en guenille, intelligence en otage, pyramide sociale décapitée, improvisation politique, migration sans borne, pillage de nos ressources et les blancs en éternel débarquement pour dépecer le cadavre nauséabond de cette Haïti Chérie.
Y-a-t ’il un souhait idoine en cette saison ? Quelle saison ? Ben oui ! Si la conscience existentielle est le début du temps pourquoi pas un vœu, maintenant et tout de suite :
Que nous remettions nos pendules à l’heure ! Que nous engagions les vrais combats contre le populisme, l’analphabétisme, l’anachronisme, le nombrilisme, le tribalisme, l’attentisme, l’amnésie politique, la paresse, l’intolérance, le marronnage, le parasitisme ! Que nous visions les vraies cibles, l’arrogance, le crétinisme, la banalisation de nos valeurs et de notre survie, la migration incontrôlée, l’explosion démographique, le chômage, la oisiveté de la jeunesse, le gaspillage, l’absence d’information et de formation des élites, la démagogie, l’hypocrisie, le défaitisme, le « kokoratisme » et le négativisme!
Eh oui ! Puisse notre esquif de peuple naufragé et en perte de repères affronter les houles de cette mer démontée du temps pour afficher sur les rives de l’avenir, non pas une Haïti-épave crasseuse, puante et moribonde, mais victorieuse des affres, mature de ses errements et prête à panser ses blessures pour une marche frontale vers la modernité et le bien-être de tous.
Joyeux éveil et bon engagement pour la nouvelle année !
Me. Daniel JEAN
Daniel_jean50@yahoo.fr
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