Friday, February 21, 2025
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Haïti : Le BINUH alerte sur une explosion des violences et des abus des droits humains en 2024

La situation des droits humains en Haïti a atteint un niveau alarmant en 2024, marquée par une explosion de la violence des gangs, des exécutions sommaires et une impunité généralisée. Selon le dernier rapport du Bureau Intégré dans Nations-Unies en Haïti (BINUH), entre octobre et décembre 2024, au moins 1 732 personnes ont été tuées et 411 blessées, portant le total des victimes à 5 626 morts et 2 213 blessés sur l’année. Dans un pays où l’État peine à imposer son autorité, les populations sont livrées à elles-mêmes, victimes d’affrontements sanglants entre criminels et forces de l’ordre. L’absence de réponse judiciaire et les conditions de détention inhumaines aggravent un climat déjà insoutenable.

Le dernier trimestre de 2024 a été particulièrement meurtrier, avec trois massacres de grande ampleur à Wharf Jérémie, Pont Sondé et Petite Rivière de l’Artibonite, ayant fait plus de 300 morts. La montée en puissance des groupes d’autodéfense et le phénomène de “justice populaire” ont également contribué à une escalade de la violence. 268 personnes ont été lynchées ou exécutées par des citoyens en quête de vengeance, portant ce nombre à 596 victimes en 2024. Ces exécutions extrajudiciaires illustrent la perte de confiance envers les autorités, incapables de restaurer l’ordre et de garantir la sécurité.

Outre les violences des gangs, la répression policière a elle aussi coûté la vie à de nombreuses personnes. Selon le rapport du BINUH, 771 personnes ont été tuées ou blessées lors des opérations de maintien de l’ordre, dont 38 % de civils pris sous les balles perdues. De plus, 80 exécutions sommaires auraient été perpétrées par des policiers sur des individus soupçonnés d’appartenir aux gangs, mais aussi sur des chauffeurs de mototaxi et des vendeurs ambulants, incapables de justifier leur présence dans certains quartiers. L’Inspection Générale de la Police, censée enquêter sur ces abus, reste largement inerte en raison de l’insécurité et d’un système judiciaire paralysé.

À ces violences s’ajoute la tragédie silencieuse des prisons haïtiennes, où 21 détenus sont morts en raison de conditions de détention inhumaines durant le dernier trimestre de 2024, portant ce bilan à 186 décès sur l’année. Malgré ces chiffres accablants, les autorités ont mené peu d’actions concrètes pour briser l’impunité. Des enquêtes ont bien été ouvertes sur la corruption et les massacres de Wharf Jérémie et Pont Sondé, mais aucun acte judiciaire n’avait été enregistré au 31 décembre 2024. L’absence d’un véritable processus de vetting au sein de la police depuis juin 2023 montre également l’incapacité du gouvernement à assainir ses forces de sécurité.

Face à cette spirale infernale, Haïti semble plus que jamais enfermée dans un cycle de violence et d’impunité. Tant que l’État ne restaurera pas son autorité et que les auteurs de ces exactions ne seront pas traduits en justice, les droits humains resteront un luxe inaccessible pour des millions d’Haïtiens, prisonniers d’un pays en pleine déliquescence.

pascalfleuristil2018@gmail.com

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Pascal Fleuristil

Je suis Pascal Fleuristil, originaire de l'Arcahaie. J'ai étudié la communication à l'ISNAC. Passionné du journalisme, j'intéresse à tous les sujets d'intérêt général.