L’inaction du pouvoir face à la tragédie des journalistes : Une complicité silencieuse ?
La récente attaque du 24 décembre lors de la tentative de réouverture de l’hôpital Général ayant coûté la vie à des journalistes et laissé d’autres blessés dans des circonstances tragiques révèle un fait accablant : l’État haïtien persiste dans un mutisme inquiétant. Alors que le Collectif des Médias en Ligne (CMEL) exige justice et prise en charge immédiate des victimes, les autorités semblent anesthésiées par l’indifférence. Ni aide aux familles endeuillées, ni soutien médical aux blessés, ce silence est perçu comme une trahison envers ceux qui risquent leur vie pour informer. Cette passivité, bien qu’elle choque, s’inscrit malheureusement dans une tendance chronique à l’abandon des secteurs vitaux du pays.
Le CMEL a dénoncé la tentative tardive du gouvernement de créer une commission conjointe de suivi. Si l’idée semble louable sur le papier, son exécution exclut, pour l’instant, des membres directement touchés par cette tragédie. Cette marginalisation du collectif, représentant des journalistes victimes, est non seulement un affront mais aussi une preuve supplémentaire de l’inadéquation de la réponse étatique. Pourquoi inclure d’autres parties prenantes et ignorer ceux qui subissent les conséquences immédiates ? Ce comportement alimente la perception d’un pouvoir déconnecté des réalités.
Au-delà des mesures immédiates, l’État doit également rendre des comptes sur sa gestion laxiste de la sécurité des professionnels des médias. Comment expliquer qu’une profession si essentielle à la démocratie soit abandonnée face aux violences ? Plus encore, inviter ces mêmes journalistes à couvrir des événements officiels sans garantir leur protection est irresponsable voire cynique. Si les autorités refusent de garantir un environnement sûr pour la presse, que reste-t-il de leur engagement pour la liberté d’expression ?
L’inaction de l’État haïtien face à cette tragédie n’est pas qu’une omission, c’est une déclaration implicite : la liberté de la presse, et par extension la démocratie, ne sont pas des priorités. Mais les journalistes et leurs défenseurs, comme le CMEL, ne resteront pas silencieux. Ce combat dépasse les individus ; il est une lutte pour l’avenir d’un pays en quête de vérité et de justice.
pascalfleuristil2018@gmail.com