L’inimitié entre Fritz Alphonse Jean et Hugues Célestin : Une fracture politique en plein jour

Dans le paysage politique haïtien, il est souvent dit qu’il n’existe ni ami éternel, ni ennemi éternel. Pourtant, l’ampleur du divorce entre Fritz Alphonse Jean, Conseiller-Présidentiel, et Hugues Célestin, ancien Député de Limonade-Quartier-Morin, semble défier cette maxime. Depuis plusieurs mois, ces deux personnalités politiques, jadis alliées au sein de l’Initiative Patriote Marien (IPAM), n’ont cessé de se livrer à une guerre ouverte, exacerbée par leurs divergences sur la gestion de la transition en Haïti.

Leurs relations politiques étaient autrefois considérées comme un modèle d’union entre deux figures influentes du pays du moins de la région du Nord : Fritz Alphonse Jean, ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), et Hugues Célestin, ancien parlementaire engagé. En effet, l’ex-député fait partie de ceux qui ont œuvré activement pour faire nommer son ami à un poste clé au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), alimentant ainsi les espoirs d’une collaboration fructueuse pour résoudre les crises structurelles et économiques du pays.

Cependant, la réalité s’avère bien différente. Après plusieurs mois de gestion du CPT, les tensions entre les deux hommes n’ont cessé de croître. Le dernier épisode en date, qui s’est déroulé le 26 novembre 2024, a vu Fritz Alphonse Jean émettre une déclaration publique concernant la situation socio-économique et sécuritaire du pays. Dans cette déclaration, il a souligné les difficultés persistantes, notamment l’insécurité grandissante, tout en affirmant que le gouvernement en place avait pris des mesures pour y remédier.

C’est là que la rupture s’est intensifiée : Hugues Célestin, dans une réponse acerbe, n’a pas hésité à critiquer son ancien allié. Selon lui, après sept mois de gestion, Fritz Alphonse Jean ne devrait pas se lamenter sur la situation du pays, mais plutôt se concentrer sur des actions concrètes pour sortir la population de l’enfer. L’ex-député a été particulièrement virulent, insistant sur le fait que, si le Conseiller-Présidentiel n’avait rien de constructif à dire, il ferait mieux de se taire.

Cette joute verbale, relayée par les médias traditionnels et les réseaux sociaux, a laissé de nombreux observateurs perplexes. Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les raisons profondes de ce déchirement public entre deux anciens alliés ? Si certains parlent de divergences politiques profondes sur la manière de gérer la transition, d’autres évoquent des enjeux personnels et de pouvoir, souvent caractéristiques des luttes internes au sein des cercles politiques haïtiens.

Quoi qu’il en soit, cet affrontement public n’est pas sans conséquences. Il jette un éclairage sombre sur l’unité fragile des mouvements politiques en Haïti, où l’ambition personnelle semble souvent primer sur l’intérêt collectif. Si l’on en croit les analyses, cette fracture pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir politique des deux hommes, et au-delà, sur l’issue de la transition actuelle.

En attendant une éventuelle réconciliation — qui semble, à ce stade, plus incertaine que jamais — la question demeure : quelles sont les véritables causes de ce désaccord entre Fritz Alphonse Jean et Hugues Célestin ? Un simple conflit d’intérêt politique ou des enjeux plus profonds, cachés derrière des dissensions publiques ?

Les anciens amis politiques pourraient-ils trouver un terrain d’entente, ou sommes-nous témoins d’un divorce irréversible ? Seul l’avenir nous le dira, mais une chose est certaine : la politique est un terrain mouvant où chaque geste compte.

Guyno DUVERNE

duverneguyno@gmail.com