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Appel pour une éducation de qualité dans les zones reculées de l’Arcahaie : Une catastrophe éducative dans les écoles nationales et privées

La commune de l’Arcahaie, citée du drapeau et symbole de l’unité nationale haïtienne, traverse une crise éducative qui menace gravement l’avenir de ses enfants, notamment dans les zones reculées. L’absence d’une politique éducative efficace, conjuguée à des pratiques de nominations partisanes et un manque de supervision, a plongé l’éducation locale dans une situation catastrophique. Les écoles, tant nationales que privées, censées former les futurs cadres du pays, sont dans un état d’abandon alarmant.

Dans ces zones rurales dont Délices et Tibois, les enseignants recrutés souvent sur une base partisane, désertent leurs salles de classe. Ils préfèrent des affectations en milieu urbain ou choisissent d’abandonner la profession, laissant derrière eux des classes confiées à des individus de la zone sans qualification pédagogique. Ces derniers, bien que motivés par un désir d’aider leurs communautés, n’ont ni la formation ni les outils nécessaires pour dispenser un enseignement de qualité.

Le problème s’étend également aux écoles privées des zones reculées. Généralement, les individus non qualifiés, qui ne sont ni nommés ni encadrés par les autorités éducatives, trouvent refuge dans ces écoles privées pour offrir des cours. Bien que ces écoles représentent souvent la seule option d’instruction dans certaines localités, elles sont gravement handicapées par l’inexpérience et le manque de compétences pédagogiques des enseignants qui y officient. Cette situation aggrave encore plus les inégalités éducatives dans ces zones marginalisées.

Le danger de la sous-traitance dans le secteur éducatif

Ce problème est aggravé par un système informel où des enseignants nommés, absents de leurs postes, versent un maigre salaire mensuel d’environ 7500 à 10 000 gourdes à des remplaçants non formés. Ces pratiques, largement tolérées, compromettent la qualité de l’éducation. Les établissements scolaires, qu’ils soient publics ou privés, ne disposent pas des ressources humaines nécessaires pour offrir une instruction adéquate.

La situation est particulièrement critique au niveau des cycles du fondamental. Au troisième cycle, un niveau qui nécessite une formation spécialisée ou universitaire, des individus n’ayant même pas terminé leurs études secondaires se retrouvent à enseigner des matières complexes. Le premier et le deuxième cycle ne sont pas épargnés : les enfants reçoivent une instruction de qualité médiocre, marquée par un manque de préparation des enseignants et l’absence de matériel didactique adéquat.

Ce manque d’enseignants qualifiés et le recours à des remplaçants non formés dans les écoles nationales et privées s’expliquent aussi par l’indifférence des autorités locales et nationales. Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), qui devrait assurer la régulation et la supervision des établissements, brille par son absence. Aucun mécanisme de contrôle n’est mis en place pour évaluer les compétences des enseignants ou surveiller leur présence en salle de classe.

Nécessité des actions concrètes de la part des autorités

Cette crise a des conséquences désastreuses. Les élèves des zones reculées de l’Arcahaie, privés d’un enseignement de qualité, accumulent des lacunes qui compromettent leur avenir. Le décrochage scolaire est en augmentation, renforçant ainsi l’analphabétisme. Une inégalité croissante se creuse entre les élèves des zones rurales et ceux des centres urbains, où l’accès à un meilleur encadrement est possible.

Pour sortir de cette catastrophe éducative, il est urgent de recruter des enseignants compétents et qualifiés, sur des critères objectifs et non partisans. Offrir des primes incitatives et des avantages pour encourager les enseignants à travailler dans les zones reculées est également essentiel. Par ailleurs, il est nécessaire de renforcer la supervision et les inspections des écoles, tant publiques que privées, afin de garantir un standard de qualité. La mise en place de formations continues pour les enseignants en poste et la valorisation du métier d’enseignant par une rémunération digne et des conditions de travail améliorées sont aussi des actions prioritaires.

L’éducation dans les zones reculées de l’Arcahaie est à un point critique. Sans une intervention rapide et structurée, c’est toute une génération d’enfants qui risque de perdre l’opportunité d’un avenir meilleur. Les autorités doivent agir pour transformer cette réalité, car une nation ne peut prospérer sans un système éducatif solide et inclusif. L’éducation ne peut pas continuer ainsi : c’est une véritable catastrophe qui appelle à des réformes profondes et immédiates.

pascalfleuristil2018@gmail.com

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Pascal Fleuristil

Je suis Pascal Fleuristil, originaire de l'Arcahaie. J'ai étudié la communication à l'ISNAC. Passionné du journalisme, j'intéresse à tous les sujets d'intérêt général.

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