Nord-Est : Les planteurs face à une crise agricole alimentée par l’Insécurité
La situation des cultivateurs dans le département du Nord-Est est de plus en plus préoccupante, alors que la région, traditionnellement riche en ressources agricoles, est confrontée à des défis de plus en plus complexes. Bien que les récentes averses aient favorisé une bonne récolte en fin d’année, les agriculteurs se trouvent dans l’incapacité de vendre leurs produits en raison de l’insécurité persistante, principalement à Port-au-Prince, qui bloque l’écoulement de leurs récoltes sur les marchés.
Alex Joseph, propriétaire de la Ferme Agricole Cigais (FAC) dans la commune de Grand-Bassin, déplore cette situation qui menace l’avenir de l’agriculture dans la région. Selon lui, malgré une production abondante de produits comme le manioc, les arachides, le pois, la canne à sucre et la papaye, les agriculteurs se heurtent à des obstacles majeurs pour écouler leurs produits. L’un des problèmes majeurs reste l’absence d’infrastructures adéquates, notamment des routes en piteux état, qui rendent difficile le transport des marchandises vers les centres urbains et les marchés.
Le Nord-Est, relativement épargné par la violence des gangs qui frappe d’autres régions du pays, connaît néanmoins des difficultés d’accès aux marchés, et l’insécurité à Port-au-Prince aggrave encore la situation. “Les routes qui relient nos zones rurales aux villes sont dans un état déplorable. Cela rend les transports de nos récoltes presque impossibles. Les quelques entreprises qui se sont engagées à acheter nos produits ne peuvent pas venir les récupérer à temps, ce qui entraîne des pertes massives”, explique Alex Joseph.
Outre le mauvais état des routes, le déclin du tourisme, secteur autrefois clé de l’économie régionale, aggrave également la situation. Les hôtels, qui servaient de débouchés pour les produits agricoles locaux, peinent désormais à attirer les visiteurs à cause de l’insécurité générale qui touche l’ensemble du pays. “Nous avons enregistré des pertes considérables en raison de cette situation. Les hôtels, autrefois grands consommateurs de nos produits locaux, n’ont plus de clients. Cela nuit gravement à l’économie locale”, souligne le responsable de la Ferme Agricole Cigais.
Face à cette crise, Alex Joseph appelle les autorités à agir rapidement pour améliorer la situation. L’une des premières mesures proposées est l’amélioration des infrastructures routières, notamment la réparation des routes principales, afin de faciliter le transport des récoltes vers les marchés nationaux et régionaux. Il plaide également pour un renforcement de la sécurité dans les zones agricoles sensibles, avec la mise en place de points de contrôle et de patrouilles régulières pour rassurer les agriculteurs et les investisseurs.
“Il est crucial de créer un environnement sécurisé pour que les entreprises puissent accéder aux zones de production sans crainte. Nous devons également envisager des solutions à long terme pour relancer l’activité touristique dans la région, en mettant en avant nos produits locaux et en encourageant les hôtels à s’approvisionner directement auprès des cultivateurs”, ajoute-t-il.
Alex Joseph insiste sur le fait que les planteurs du Nord-Est ne peuvent pas résoudre cette crise seuls. Il appelle à une action concertée entre les autorités publiques, les acteurs du secteur privés et la société civile pour soutenir l’agriculture et préserver la sécurité alimentaire du pays. “Sans intervention rapide, nous risquons de perdre toute une génération de cultivateurs. Cette situation pourrait avoir des répercussions graves sur l’économie et la stabilité sociale du département”, avertit-il.
La crise agricole dans le Nord-Est est bien plus qu’un problème local : elle reflète les conséquences directes de l’insécurité nationale sur les régions agricoles. La relance du secteur passe par une amélioration des infrastructures, un soutien à l’agriculture locale et une stabilisation de la situation sécuritaire, afin de garantir un avenir prospère pour les cultivateurs et l’ensemble de la population haïtienne.
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