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Port-au-Prince bouffée pour avoir tout bouffé. –

Nous vivons dans une Haïti en guerre continue, mais nous agissons comme si “ça va bien Madame la Marquise”.

On observait, toujours depuis un temps certain, le bas de la ville de Port-au-Prince massacré et détruit, mais le haut de la ville ne se sentait jamais concerné. Il fait encore sa fête et fait péter ses feux d’artifice avec ses bordels sonores et en fanal toutes les nuits continuant très tard à bouffer nos jeunes faméliques et drogués.

Chacun de nous, de cet espace, dans sa tête se construit un château-fort pour se rendre bien vite à l’évidence, au premier bruit de fusils, qu’il est bien prenable. Aussi, se précipite-t-on vers des quartiers fortifiés. Mais nous oublions gravement que nos armes sont confiées à une police, à des agents de sécurité venant eux aussi de cette matrice affamée, frustrée, en plus ils sont payés en monnaie de singe.

Donc, ce n’est pas un hasard, comme la fourmilière gardée par des flamants faméliques, les fourmis sont attaquées dans leur sommeil et se découvrent sans ailes sous un ciel fermé. Alors là, elles sont en train d’être pillées et bouffées copieusement et les cigales amies, bien ailleurs, du haut des arbres, chantent. Il est venu pour elles le temps de la bise.

Dramatique moment, où âme vidée, nous, les prétendus chanceux de la vie, nous découvrons dans une Port-au-Prince en lambeau. Notre vie en spirale se désagrège comme un jupon en tricot, il suffit qu’un seul fil parte pour que le jupon n’ait plus sa fierté.

Nous avons regardé dans l’indifférence des enfants dans nos rues se débattre dans la plus abjecte des misères et nous nous croyions contre eux protégés par nos pare-brises et nos black glasses.

Au fur et à mesure qu’ils se faisaient menaçants nous investissons dans des 4×4 blindés, des barrières en fer et cameras en support. Nous avons oublié que la rue grouille, féconde et a ventre fertile de vie et de cerveaux difformes.

Voilà nos vampires dont nos dédains, nos arrogances, notre égoïsme ont accouché. Mieux armés que nous puisque dépourvus de rien, même de leur humanité, avec la supériorité numérique, nos armes en leurs mains aveugles, ils nous bouffent copieusement comme des termites rongeant leur support quitte à mourir de faim et de froid après avoir tout gobé.

Là encore, nous les survivants temporairement en suspens persistent à les minimiser, à les qualifier de titres très désarticulés au regard de la réalité et à attendre que les maisons-pest-contrôle viennent les fliter, les exterminer pour nous.

Pareillement, les gens de la province n’en ont pas encore cure, ils se croient eux protégés loin de la scène sordide. Au contraire avec sourire moqueur, ils pensent prendre leur revanche sur la maudite capitale, marâtre hypertrophiée, sangsue des pays en dehors, longtemps enviée.

Erreur, erreur, erreur monumentale ! La violence n’a pas de limite surtout quand l’assouvissement n’a de bornes que la mort de l’autre.

Daniel JEAN

16 Nov 2024

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