Haïti -Transition : Tandis que le pays s’effondre, les conseillers-présidents prennent leur temps
En Haïti, la crise s’aggrave de jour en jour, mais les conseillers-présidents de la transition semblent prendre leur temps. Tranquilles dans le confort de leurs bureaux et protégés par le pouvoir de leurs fonctions, ils négocient chaque portefeuille ministériel sans se presser, alors que le pays est plongé dans une profonde incertitude. Les discussions interminables sur la formation du gouvernement s’éternisent, tandis que dans les rues, la panique s’installe, alimentée par l’expansion incontrôlée des gangs qui étendent leurs tentacules dans la région métropolitaine, en particulier à Port-au-Prince.
Les quartiers populaires tels que Solino Nazon, Delmas 30, sont devenus des zones de guerre. La violence, alimentée par les groupes armés, a poussé des milliers de résidents à fuir, laissant derrière eux des quartiers déserts. Ces habitants, terrorisés, n’ont même pas de destinations sûres. Beaucoup se retrouvent dans une situation de survie, errant sans direction, fuyant les malfrats qui dictent désormais leur loi. Dans ces conditions, la question se pose : où sont passées les promesses de sécurité et de stabilité ?
La capitale, jadis animée par une vie bouillonnante, est désormais marquée par la peur et l’incertitude. Les habitants vivent dans un état de stress constant, ne sachant jamais quand la violence frappera. Les bus scolaires, les commerces, et même les marchés sont affectés par cette insécurité croissante, privant la population de ses moyens de subsistance et de ses repères quotidiens. En parallèle, les autorités locales semblent en mode pause, absentes de la scène, alors que le pays s’effondre sous les yeux passifs du monde entier.
Dans le département du Nord, la situation est tout aussi préoccupante. L’effondrement des infrastructures de base, l’isolement des communes rurales, et l’incapacité des autorités locales à répondre aux besoins urgents des citoyens exacerbent la crise. L’absence de services essentiels, de soins de santé, et de routes praticables rendent la vie insupportable pour de nombreuses familles dans cette région. La paralysie du gouvernement central ne fait qu’aggraver l’isolement de ces zones, où les habitants vivent dans une précarité extrême.
Les autorités locales, en particulier dans le Nord, sont accusées de manquer de réactivité face aux urgences. Les mairies et les autres institutions locales semblent figées, incapables de gérer les enjeux quotidiens d’un pays en pleine déliquescence. Pendant ce temps, les gangs continuent de se renforcer et d’étendre leur influence, menaçant tout un secteur de la population qui, face à cette impasse, se sent abandonnée par les dirigeants.
À un moment où le pays a désespérément besoin de leadership, de courage et d’action immédiate, les discussions interminables au sommet ne font que nourrir la frustration de la population. Le gouvernement en transition, plus préoccupé par la répartition des portefeuilles ministériels que par les véritables besoins de la population, semble être déconnecté de la réalité sur le terrain. Tandis que des millions d’Haïtiens attendent des solutions concrètes, les négociations politiques continuent dans l’indifférence générale.
Les citoyens haïtiens, accablés par la violence, l’instabilité et la gestion défaillante, sont contraints d’attendre un changement qui ne semble jamais arriver. Les autorités locales doivent d’urgence se réveiller et commencer à répondre aux besoins de la population, en commençant par rétablir un minimum de sécurité et en assurant l’accès aux services de base. Mais à l’heure actuelle, l’avenir semble incertain pour un pays qui s’effondre peu à peu, pris en étau entre les violences des gangs et l’indifférence des dirigeants.
Guyno DUVERNE
duverneguyno@gmail.com