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Le cauchemar de la traversée de Canaan : Un péage illégal qui étrangle la Route Nationale #1

Depuis plus de deux ans, la traversée de la Route Nationale numéro 1 au niveau de Canaan, située au nord de Port-au-Prince, est devenue un véritable calvaire pour les passagers et les chauffeurs de transport public. Ce tronçon est désormais sous le contrôle de groupes armés de Jeff et de Izo 5 segond qui y ont établi des postes de péage illégaux, exigeant des sommes exorbitantes des conducteurs qui osent s’aventurer sur cette voie.

Pour un simple voyage en bus reliant la commune de l’Arcahaie à Port-au-Prince, les chauffeurs de transport public doivent s’acquitter d’une somme de 2,500 gourdes pour chaque voyage effectué pendant la journée . “Si on ne paie pas, on ne passe pas et on risquerait d’être tué ou kidnappé”, explique un chauffeur de bus, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. “Ce n’est pas seulement une question d’argent, mais aussi de sécurité. Ces hommes sont lourdement armés, et personne n’ose les défier.”

Les grands commerçants et entrepreneurs de la région archéloise, confrontés à cette situation, se voient également obligés de payer de fortes sommes pour traverser Canaan avec leurs marchandises. Pour les camions transportant des conteneurs, les sommes exigées varient entre 50,000 et 150,000 gourdes, selon la taille et le contenu des cargaisons. “Chaque fois que nous devons transporter des produits à Port-au-Prince, nous devons payer le péage, et ces coûts se reflètent directement sur le prix de nos marchandises”, confie un entrepreneur de la région sous couvert d’anonymat. “C’est une situation insoutenable, mais nous n’avons pas le choix.”

La situation est particulièrement précaire pour les véhicules de transport public, qui, bien que soumis à ces tarifs imposés par les gangs, continuent de circuler par nécessité. En revanche, les véhicules privés évitent la zone à tout prix, préférant contourner cette section dangereuse. Un commerçant raconte : “Nous n’avons pas les moyens de sécuriser des passages individuels, donc nous devons nous unir pour traverser ensemble et réduire les coûts. C’est toujours risqué, mais que pouvons-nous faire?”

Les passagers, pour leur part, vivent également dans l’angoisse de traverser cette route. Une passagère régulière, également sous couvert anonymat, décrit la tension palpable qui règne lors de ces voyages : “Chaque fois que nous nous approchons de Canaan, tout le monde devient silencieux. Nous savons tous ce qui nous attend : le contrôle des gangs, le paiement forcé et le sentiment de n’avoir aucun recours. C’est devenu une routine effrayante.”

Ce blocage sur la Route Nationale #1, qui relie une partie importante de la capitale aux régions du nord, a de graves conséquences économiques et sociales. Les prix des produits de première nécessité augmentent dans les zones touchées en raison de la hausse des coûts de transport, tandis que l’insécurité persistante continue de saper la confiance des populations locales et des entrepreneurs.

Les habitants de l’Arcahaie et des environs lancent un appel désespéré aux autorités haïtiennes pour une intervention urgente. “Nous ne pouvons plus vivre dans cette terreur constante”, déclare un résident. “Nous voulons simplement la paix et la liberté de circuler sans craindre pour notre vie ou notre gagne-pain.”

La situation à Canaan demeure un défi majeur pour le gouvernement haïtien, qui doit faire face à une crise sécuritaire croissante et trouver une solution rapide pour restaurer l’ordre sur la Route Nationale #1, vital pour la survie économique et sociale de la région.

pascalfleuristil2018@gmail.com

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Pascal Fleuristil

Je suis Pascal Fleuristil, originaire de l'Arcahaie. J'ai étudié la communication à l'ISNAC. Passionné du journalisme, j'intéresse à tous les sujets d'intérêt général.