Arcahaie : Impact de l’insécurité sur la route nationale # 1 notamment au carrefour de Saint Médard
La route nationale numéro 1, axe vital du transport en Haïti, est devenue le théâtre d’une insécurité croissante qui paralyse le pays. Les zones de Canaan et des Gonaïves, situées le long de cette voie cruciale, sont particulièrement touchées, entraînant une quasi-paralysie du transport public. Cette situation affecte gravement l’économie locale, notamment à Saint Médard, dans la commune de l’Arcahaie, où les petits marchands de tablettes de pistache peinent à maintenir leur activité. Ces petits commerçants, qui dépendent du trafic routier pour vendre leurs produits, voient leur existence menacée par la baisse dramatique des ventes et une précarité croissante.
Depuis plusieurs mois, des bandes criminelles contrôlent certains tronçons de la route nationale numéro 1, semant la terreur par des actes de violence, des enlèvements et des extorsions. Face à cette montée de l’insécurité, de nombreux conducteurs de transports publics et privés évitent désormais ces zones dangereuses. Cette situation a perturbé le flux des biens et des personnes, affectant la vie économique de nombreuses localités, dont Saint Médard, un carrefour autrefois dynamique, connu pour ses tablettes de pistache artisanales.
Mélina Desrosiers, une marchande de 52 ans, raconte comment la situation a évolué : “Nous avons toujours vécu de la vente de tablettes de pistache ici à Saint Médard. Avant, je pouvais vendre facilement 50 à 100 sachets par jour, mais aujourd’hui, c’est à peine si je peux vendre 5 à 10 sachets. Les clients ont peur de venir ici à cause des bandits. Nous ne savons pas comment nous allons continuer à survivre. Chaque jour est une lutte pour nourrir nos familles.”
La détresse est palpable chez René Joseph, un marchand de 35 ans, qui doit subvenir aux besoins de sa famille et de sa mère malade : “J’ai trois enfants et je dois m’occuper de ma mère malade. Avec la paralysie du transport, nous n’avons presque plus de clients. Nous vendons nos sachets à 100 gourdes, mais il n’y a pas de ventes. Certains jours, je rentre à la maison sans rien dans ma poche. Nous sommes désespérés. Les autorités doivent faire quelque chose pour sécuriser cette route.”
La situation économique s’aggrave à mesure que l’insécurité persiste. Marie-Claire Louis, mère célibataire de 45 ans, explique que la perte des revenus a entraîné un appauvrissement généralisé des petits commerçants : “Cela fait 15 ans que je vends des tablettes de pistache ici. C’était notre principale source de revenus. Mais depuis que les gangs ont pris le contrôle de cette zone, tout a changé. Les camions de transport qui apportaient des clients et des acheteurs ne passent plus. Même les petits revenus que nous avions sont partis. Certains marchands ont abandonné et sont partis chercher du travail ailleurs.”
Pour Jean-Baptiste François, un jeune marchand de 28 ans, la situation est devenue insoutenable : “Nous, les jeunes, avons toujours cru que nous pourrions faire quelque chose de bien en restant ici et en continuant à travailler. Mais maintenant, c’est impossible. Nous avons peur d’être kidnappés ou de perdre le peu que nous avons. Beaucoup de mes amis ont déjà quitté la région pour Port-au-Prince ou même essayé d’aller plus loin. Si la situation ne s’améliore pas, je devrai faire de même.”
Les témoignages des marchands de Saint Médard montrent que l’insécurité sur la route nationale numéro 1 a des conséquences socio-économiques profondes. Avec la diminution de la circulation des véhicules, le nombre de clients potentiels a chuté, provoquant une baisse drastique des ventes de tablettes de pistache. Ces petits commerçants, qui vivaient de cette activité depuis des décennies, se trouvent maintenant confrontés à une baisse de leurs revenus à un niveau alarmant.
La dégradation des conditions de vie est rapide. Les marchands, qui peinent à vendre leurs produits, ne parviennent plus à subvenir aux besoins de base de leur famille, comme l’éducation des enfants ou les soins de santé. En conséquence, certains ont été contraints de quitter la région pour chercher d’autres moyens de subsistance, désertant ainsi le carrefour de Saint Médard et laissant derrière eux une activité économique autrefois florissante. La paralysie persistante du transport et l’inaction des autorités locales engendrent une perte de confiance parmi les citoyens, qui se sentent délaissés et sans soutien.
Face à cette situation désespérée, il est impératif que les autorités agissent rapidement pour restaurer la sécurité le long de cette route cruciale. La reprise de la libre circulation des biens et des personnes est essentielle pour redonner vie à l’économie locale et redonner espoir aux marchands de Saint Médard, qui, malgré les difficultés, continuent de se battre pour leur survie.
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