Haïti face à un tournant décisif : L’État entame un audit des ressources humaines pour revitaliser l’administration publique
Un atelier crucial sur « l’audit et la récapitulation des ressources humaines de l’administration publique » a réuni l’intégralité du Cabinet ministériel haïtien, sous l’égide de la Primature, de l’Office de Management et des Ressources Humaines (OMRH) et du Ministère de l’Économie et des Finances. Lors de cet événement, le Premier ministre Garry Conille a dressé un tableau sombre de la situation du pays, soulignant que les défis auxquels Haïti fait face sont omniprésents et complexes.
Dans un discours marquant, Garry Conille a décrit Haïti comme un pays accablé par la misère, en se basant sur des statistiques alarmantes. Fort de ses 23 ans d’expérience dans divers organismes internationaux, le Chef du gouvernement a déclaré que les problèmes d’Haïti ne sont pas nouveaux, mais qu’ils s’inscrivent dans un contexte similaire à celui observé dans certains pays africains. Pour combattre efficacement la pauvreté, l’État haïtien doit, selon lui, renforcer ses capacités dans tous les domaines. Il est primordial de procéder à un inventaire exhaustif des ressources humaines pour espérer résoudre ces problèmes.
L’audit en cours a révélé des contradictions frappantes au sein de l’administration publique haïtienne. Le Premier ministre a souligné la présence de cadres compétents aux côtés d’individus absents de leurs postes mais continuant de percevoir des salaires. Actuellement, la fonction publique est dominée par les hommes, représentant 70 % de ses effectifs, tandis que 85 % des employés ont plus de 35 ans. Cette situation ne reflète pas la réalité démographique du pays, en particulier en ce qui concerne la proportion des femmes dans la population active.
Par ailleurs, les jeunes diplômés peinent à intégrer la fonction publique, se heurtant à un environnement peu accueillant et à des salaires moyens peu motivants, estimés à environ 37 000 gourdes. Le Premier ministre a cependant insisté sur le fait que des solutions existent pour ces problèmes structurels.
Un autre chiffre préoccupant est celui des 8 000 à 10 000 employés absents qui continuent à percevoir leur salaire, un problème que l’État doit résoudre en toute urgence. Pour remédier à cette situation, Garry Conille a annoncé un recrutement massif de jeunes cadres, basé sur les compétences, avec l’intégration prévue de 8 000 à 10 000 jeunes dans la fonction publique dans les mois à venir.
De son côté, la Ministre de l’Économie et des Finances, Marie Kethleen Florestal, a souligné l’importance cruciale de la présence des employés sur leurs lieux de travail pour assainir la masse salariale de l’administration publique. Elle estime que cette initiative est indispensable pour pallier les déficiences actuelles de la fonction publique.
Cet atelier représente une occasion d’échanges fructueux et de recherche de solutions pour surmonter les défis actuels de l’État. Une démarche rigoureuse visant à renforcer le contrôle de la présence des fonctionnaires publics sur leurs lieux de travail pourrait être un premier pas vers la revitalisation de l’administration publique haïtienne.
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