La diaspora : une ressource inestimable pour une feuille de route réussie

  Tout d’abord, félicitons l’arrivée du Dr. Garry Conille à la tête de la Primature, tout en lui souhaitant du succès dans ses fonctions de chef de gouvernement. Sa longue carrière en tant que fonctionnaire onusien, distillant son expertise dans des contextes de crise variés (Amérique latine, Caraïbes, Afrique, etc.), représente un atout majeur pour affronter le défi haïtien. J’espère que sa nomination marquera la fin de la période de transition et d’instabilité qui a déjà trop perduré.

  Lors de sa première intervention médiatique, au cours de laquelle il a tenu à remercier ceux qui l’ont soutenu dans le processus de sa nomination comme Premier ministre, il a également annoncé qu’il accorderait, au sein de son gouvernement, une place de choix aux femmes, aux jeunes et aux membres de la diaspora en fonction de leurs capacités et qualifications au sein de son gouvernement. Cette déclaration représente une lueur d’espoir pour lancer la tâche urgente de renouvellement de la classe politique haïtienne. Trop souvent empêtrée dans le jeu macabre de la politique politicienne ou du maintien du modèle avilissant de l’État prédateur, cette classe politique n’a cessé de contribuer à enfoncer le pays dans des labyrinthes de crise sans fin.

  La promesse du Premier ministre est une bouffée d’oxygène pour un écosystème politique atrophié, mais la question demeure : va-t-il réellement passer de la parole aux actes? Le temps nous le dira sous peu. Espérons que cette volonté se traduise bientôt par des actions concrètes dans la composition de son cabinet ministériel et du gouvernement. 

  Mon neuvième livre, publié l’année dernière par la Maison d’Édition l’Harmattan, intitulée “Plaidoyer pour l’intégration de la diaspora dans la vie politique en Haïti”, met en lumière les impacts négatifs des pratiques d’exclusion contre la diaspora sur le développement économique du pays ou même sa viabilité politique. Avec plus de 85 % de professionnels qualifiés du pays se retrouvant dans la diaspora, cette dernière, réserve de ressources inestimables pour le pays, mais souvent mise à l’écart, est prête à accompagner le Premier ministre Conille dans ses ambitieux projets de reconstruction d’Haïti. Près de 14 ans après le tremblement de terre de 2010 et du passage météorique du Dr. Garry Conille comme premier ministre sous Michel Martelly, les défis d’Haïti aujourd’hui en termes de besoins de reconstruction sont plus complexes et gigantesques. 

  Ces cadres, dispersés à travers le monde, attendent impatiemment l’appel du Premier ministre Conille. Ils sont bien connus de la communauté haïtienne de la diaspora. En attendant les réformes constitutionnelles nécessaires pour leur permettre de participer plus activement et directement à la vie politique, nos compatriotes de la diaspora sont prêts à investir économiquement et à contribuer, en tant que cadres, au gouvernement de transition dirigé par le Premier ministre Conille. Ils représentent une réserve précieuse pour la République et peuvent jouer un rôle primordial pour aider le PM à concrétiser sa feuille de route.

  Ce moment de transition représente une opportunité de développer une synergie concrète entre la diaspora et les forces vives de l’intérieur. Il ne s’agit pas d’opposer la diaspora aux haïtiens de l’intérieur, mais de reconnaître que, face à cette crise sans précédent à laquelle Haïti fait face, c’est à travers l’union de toutes nos forces vives en Haïti et dans la diaspora, que nous trouverons la force de réussir cette transition et instaurer un nouveau cycle de croissance et de stabilité en Haïti. En saisissant et facilitant cet enjeu, le PM d’entrée de jeu, pourra se donner les moyens d’accomplir sa feuille de route. Pour le grand bien d’Haïti

Esau Jean-Baptiste