Jusqu’où iront-ils?
Carrefour-feuilles est la nouvelle cible privilégiée des bandits. Ils se déchaînent. Ils s’acharnent. Ils sont décidés à dominer ce quartier sud de la capitale situé à 308 mètres d’altitude. C’est une stratégie. Un jeu de maîtres. Car ils savent que le contrôle de Carrefour-Feuilles leur donne le flan sur quasiment tous les quartiers de Port-au-Prince.
Il est évident qu’ils rêvent de se venger de Canapé-Vert, de Turgeau, de Debussy, de Pacot. Ces zones, Canapé-Vert et Débussy notamment, ont initié le mouvement “Bwa Kale”, une bouffée d’oxygène terrifiante certes, mais qui avait permis de transférer la peur dans le camp des bourreaux. Et qu’est-il arrivé à cette initiative populaire?
Des critiques parfois malintentionnés et parfois fondées, le règlement de comptes personnels et l’absence de leadership ont malheureusement affaibli, voire stoppé net l’entreprise BK au profit des gangs armés qui ont repris du service, plus confiants que jamais.
Les habitants des alentours de Fourchard, Carrefour-Saintus, Avenue Muller, Sanatorium, Descayettes, Savanne-Pistaches, tous, sont terrorisés par des pluies de cartouches de tous calibres quotidiennement ces dernières semaines. Et même que certains en meurent telle cette jeune femme d’une vingtaine d’années, connue sous le nom de Poupée, tuée d’une balle à la tête à l’intérieur de sa maison le jeudi 10 août.
Les populations de Tabarre, Frères, Pernier, Belleville entre autres, vivent le même drame et ne savent à quel saint se vouer. Tel que cela se passe aussi dans l’Artibonite où les gangs de Savien et de La Croix-Périsse imposent leurs lois. Les rares policiers accompagnés de certains habitants, à se dévouer pour faire face aux malfrats, ne semblent pas faire le poids par rapport aux bandits surpuissants qui vont jusqu’à demander aux autorités en place de leur laisser les rênes du pays.
L’annonce de cette remontée de violence inédite par l’ambassade américaine basée à Tabarre et la fermeture de ses portes, le silence des responsables du pouvoir, la passivité du chef de la police qui ne planifie aucune opération effective contre les gangs, sont un ensemble de signaux qui devraient nous interpeller en tout état de cause.
L’État serait-il si faible, si impuissant face aux bandits? Pourquoi n’y a-t-il aucune réaction du Premier ministre également ministre de l’Intérieur, ou des ministres de la Défense, de la Justice, du directeur général de la Police? Bref, du Conseil supérieur de la Police nationale, la plus haute instance de sécurité du pays? Ne s’agit-il pas d’une affaire urgente de sécurité nationale?
Que la population soit soumise à cette violence aveugle, que des femmes et des filles soient séquestrées, violées, que des femmes enceintes, des enfants, des pères de famille soient assassinés, que les bandes armées défient tout ce qu’il y a d’autorités dans le pays, n’est-ce pas là une question nationale qui nécessite toutes les mesures d’urgence: état de siège, couvre-feu…? La nation n’est-elle pas en péril? Notre existence de peuple n’est-elle pas menacée?
À moins qu’il s’agisse d’un complot si bien monté et si bien implémenté que nous en soyons totalement dépassés et que nous nous laissions sacrifiés par ceux-là que nous prenons pour des dirigeants haïtiens lors même qu’ils ne sont que des agents manipulés qui accomplissent une mission bien définie: exterminer une bonne partie des Haïtiens et amplifier la terreur des bandes armées dans la perspective de subordonner tout le pays à un dessein inavoué.
Mais jusqu’où iront-ils? À quel moment allons-nous nous réveiller pour comprendre ce qui se passe?
L’histoire nous apprend que dans les heures sombres et désespérantes où les peuples sont opprimés et meurtris systématiquement par leurs dirigeants, ils sont tenus de se défendre et de prendre en main leur destin de manière pacifique ou par la violence. Ils doivent se servir des moyens qui conviennent au contexte et qui sont susceptibles d’ébranler leurs bourreaux.
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Jackson Joseph pour la nouvelle Haïti 🇭🇹! (11-8-23)
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