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Agents, protégez-vous contre les bandits illégaux pour mieux ne pas servir les légaux

Maintenant pris en otage par les bandits, aussi ironique que cela puisse paraître, ce texte cherche à comprendre qui est là pour protéger les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH), victimes du vent d’insécurité généralisée qui souffle dans le pays. 

Sous les yeux des autorités narcissiques et psychopathes du pays, la PNH est abandonnée à elle-même.  Les agents sont mal payés et mal équipés de matériels pour remplir leur mission de protéger et servir.  


Cependant, si les 4.2 milliard de dollars du programme Petro Caribe n’avaient pas été détourné à des fins personnelles par les autorités haïtiennes, les agents du maintien de l’ordre auraient aujourd’hui des matériels adéquats pour faire leur travail. Oui, les policiers ne se seraient pas toujours les victimes des bandits armés. 

Donc officiers de police, filles et fils des classes défavorisées, protégez-vous, avant de protéger tous ceux et celles qui ne sont pas là pour vous protéger. Car, protéger les bandits légaux, pour, finalement, vous laisser se tuer par les bandits illégaux, ne fait, absolument, pas de sens. Soyez plus intelligents et raisonnables, agents de police. 

Les autorités illégales ne vous donnent pas les moyens pour traquer les bandits, mais elles trouveront, à chaque manifestation pacifique, assez de gaz lacrymogène pour vous faire disperser, brutaliser, maltraiter les manifestants qui demandent qu’un changement de système pour une Haïti plus juste et plus prospère.

Quand un policier tue un jeune homme qui proteste dans une manifestation, c’est, probablement son petit cousin, fils de l’autre frère de son père artisan qui vit, comme lui, avec les mêmes besoins primaires dans un autre quartier populaire de sa commune. 

Quand l’agent de police tire sur la jeune fille qui, tout en manifestant, refuse, d’être un objet sexuel pour les patrons, elle le fait non seulement pour la fille et la femme du policier qui, dans bien des cas sont victimes des mêmes problèmes, mais aussi, cette jeune fille peut être bien la cousine du policier, unique enfant de sa tante marchande qui fait les mêmes commerces de misère que sa mère.

Comme au temps de la colonie les esclaves n’avaient pas de plantation, aujourd’hui, les parents des policiers n’ont pas de supermarché, de manufactures de sous-traitance, de pompes à essence, de banques ou d’autres commerces. 


S’il n’est pas dans les champs dans des sections rurales et des villes de provinces, dans bien des cas, pour un salaire de misère, le père d’un policier travaille dans une manufacture de sous-traitance d’un riche sur la route de l’aeroport à Port-au-Prince.

Pendant que sa mère, dans bien d’autres cas, avec l’aide financière d’un proche qui vit à l’étranger, est marchande d’œufs bouillis, pains et figues bananes devant les usines des riches, hommes de couleur de ce pays de deux peuples, et de deux modes de vie contrasté.   

Et c’est avec le maigre revenu que le père gagne dans les industries de sous-traitance et la mère de son commerce de « Chen janbe » ou autres formes d’activités dans les marchés publics, que le policier a eu la chance de faire des études dans des Lycées et écoles privées, complètement différentes de celles des enfants des hommes politiques et riches de ce pay de  coquins.

Quand le policier avec ses armes ne protège pas les masses, donc il est instrumentalisé pour protéger ceux qui se servent de grands moyens financiers et contacts politiques pour piller les fonds du Trésor public du pays et maintenir le statu quo.  

À partir de ce constat, on peut conclure que la PNH représente une institution montée de toutes pièces par les oligarques ennemis des gens des classes défavorisées. 


Donc quand des policiers d’une institution qui est là pour protéger et servir reçoivent des ordres pour tirer ou arrêter illégalement les gens dans les quartiers populaires qui revendiquent leurs droits, la PNH est donc créée avec des agents de souches pauvres pour servir et protéger les riches et agents du système.


Définitivement, il faut qu’il ait un chambardement de ce système pourri et son remplacement par un gouvernement de Salut public capable de faire une bonne répartition des richesses du pays, et puis attaquer la question de la réforme de la police qui mérite d’autant plus d’être comprise avec beaucoup plus de rationalité et d’élaboration par des professionnels. 

En attendant, agents de police, filles et fils des masses défavorisées dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et des villes de provinces, vous devez vous protéger vous-mêmes, avant de servir les corrompus, qui sont officieusement des bandits légaux dans des postes officiellement illégaux.   

Prof. Esau Jean-Baptiste

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.