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12 janvier 2010-12 janvier 2023: Où en sommes-nous avec les changements proposés ?

Cela fait déjà plus d’une décennie depuis qu’un séisme de magnitude 7.3 sur l’échelle de Richter a frappé Haïti, dévastant la capitale, Port-au-Prince, et une bonne partie du pays, et provoquant la mort d’environ 300,000 personnes. Le mardi 12 janvier 2010 est et demeure pour les Haïtiens un jour inoubliable, un jour de terreur, de deuil et de calamité.

Treize ans plus tard, où en sommes-nous avec les changements proposés? Les défis techniques et scientifiques de la refondation ont-ils été adressés? Les constructions réalisées aujourd’hui respectent-elles les normes parasismiques pouvant protéger la population contre les risques de tremblement de terre ou des inondations ? En matière de livraison de permis de construire, les Mairies remplissent-elles vraiment leurs rôles ?

Le séisme du 12 janvier 2010 : une catastrophe évitable

Le séisme du 12 janvier a surpris les autorités haïtiennes et la population, mais plusieurs facteurs géologiques et autres auraient dû pousser l’Etat à développer une campagne de sensibilisation continue contre les risques de tremblement de terre. En effet, l’île d’Haïti se trouve dans une zone sismiquement active, entre deux plaques tectoniques: la grande plaque nord-américaine et la petite plaque caribéenne. De plus, Haïti a été frappé par de violents séismes dans le passé. Par exemple, le 18 octobre 1751, un violent tremblement de terre a ravagé Port-au-Prince. Selon Moreau de Saint Mery, ‹‹ une seule maison en maçonnerie ne fut pas renversée››. Environ 19 ans après, soit le 3 Juin 1770, la capitale fut totalement détruite par un autre séisme, ainsi que les villes du Cap-Haïtien, de Port-de-paix, des Gonaïves et de Fort-liberté. En 1842, Cap-Haïtien a été frappé par un autre séisme.

Malgré tous ces facteurs, une ignorance quasi-totale de la menace sismique perdure sur le pays, ce qui engendre une mauvaise gestion de la vulnérabilité des vies et des biens. Ainsi, même un séisme de magnitude modérée peut se transformer automatiquement en catastrophe naturelle laissant des cicatrices profondes dans le cœur de chaque Haïtien. Il faut rappeler que ce n’est pas le tremblement de terre qui tue, mais ce sont les mauvaises constructions!

Avancées en matière de construction

En Haïti la question de construction se range au second plan. Les constructions s’érigent n’importe où, n’importe comment et par n’importe qui. Elles se réalisent dans l’irrespect total des normes et codes de constructions et des principes de l’urbanisme. Aujourd’hui, comme hier, la façon de construire n’a pas trop changé, même si on reconnait qu’après le 12 janvier 2010 il y a eu certaines avancées en matière de construction, telles que : 1) Haïti a finalement adopté un code de construction, le Code National du Bâtiment Haïtien (CNBH), paru en 2012.  2) Réalisation des cartes de micro zonages qui sont des outils très importants en matière d’amélioration de la connaissance de l’aléa. 3) La mise sur pied du Corps d’Ingénieurs Civils et d’Architectes (CICA) dans la fonction publique qui sera à la disposition des collectivités, en particulier les Communes. Mais…

L’application du CNBH tarde encore à se faire sentir. Il revient à l’Etat, par l’entremise des Maires du pays, au regard de la loi, de mettre son poids dans la balance pour faire respecter les normes afin de protéger la vie de chaque citoyen lors du prochain tremblement de terre, car il y en aura certainement! Il est impératif que les mairies ne doivent pas se contenter de délivrer des permis de construire, mais qu’elles prennent des mesures adéquates pour que toute construction puisse répondre correctement à ces deux (2) interrogations : Où construire ? et Comment construire ?

Politique de réduction du risque sismique

Il n’existe pas aujourd’hui de méthode scientifiquement établie pour prévoir avec certitude le moment et le lieu où un séisme se produira. Plus le temps passe, plus on est proche du prochain séisme. La prévention, notamment par la construction parasismique, demeure ainsi le moyen le plus efficace de se protéger. Ainsi, une politique de réduction du risque sismique devrait s’articuler principalement autour de ces trois axes:

  • Améliorer la connaissance de l’aléa, de la vulnérabilité et du risque sismique (incluant la surveillance); définir des règles de construction et d’aménagement du territoire en adéquation avec le risque, les faire appliquer aux maîtres d’ouvrage et aux maîtres d’œuvre, en contribuant à améliorer la formation des professionnels aux règles de construction parasismique.
  •  Informer la population autour d’une campagne de sensibilisation à l’échelle nationale dans toutes les écoles, les églises, les médias etc. pour faire comprendre aux gens, surtout aux jeunes et aux enfants, quels sont les comportements à adopter avant, pendant et après un tremblement de terre. L’éducation relative à l’environnement doit être une matière obligatoire à tous les niveaux d’enseignement du système national d’éducation, comme la stipule le décret du 26 Janvier 2006 sur la gestion de l’environnement en son article 75. 
  • Préparer la gestion de crise.

Roodjery PRINSTON, Ing Civil

Email : prinstonroodjery@yahoo.fr

Tel: +50936031925

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.