Turquie-Diplomatie : Plus de 2000 Haïtiens livrés à eux-mêmes en Turquie sollicitent l’aide du gouvernement pour retourner en Haïti
Depuis huit mois, environ deux mille cinq cents (2500) compatriotes haïtiens sont en situation irrégulière en Turquie. Les autorités turques ne veulent plus accorder et renouveler les cartes de séjour et résidence des migrants haïtiens. Ces derniers ne peuvent pas travailler et ceux qui sont malades ne peuvent pas aller à l’hôpital pour recevoir des soins que nécessite leur cas.
À en croire les déclarations de plus d’un, plusieurs compatriotes sont jetés en prison et même les femmes enceintes ne sont pas épargnées. Elles sont non seulement incarcérées mais aussi maltraitées et giflées par des agents de police turque, déplorent certaines d’entre elles.
Ces haïtiens veulent à tout prix retourner en Haïti malgré la situation socio-politico-économique du pays, estimant que le rêve turc s’est transformé en cauchemar. Ils interpellent en ce sens le gouvernement haïtien.
« Vu cette situation, nous vous prions d’effectuer des vols humanitaires au plus vite que possible quelles que soient les conditions. Nous avons quitté notre pays à la recherche d’une vie meilleure mais on n’a pas le choix maintenant que de retourner au bercail. Nous n’avons pas les moyens de payer le billet », se plaint Cilus Lenord qui informe également que ces Haïtiens ne peuvent pas transiter vers d’autres pays.
« De plus, étant dans l’illégalité, nous ne pouvons transiter dans aucun pays, c’est pourquoi nous nous tournons vers les autorités compétentes haïtiennes notamment le premier ministre Ariel Henry et le ministre des affaires étrangères Jean Victor Généus pour nous accompagner ».
Merline Monfort déplore la situation qu’elle vit depuis près de deux ans. Indignée, elle raconte que son enfant ne peut pas aller à l’école. « Bon, vu la conjoncture du pays, j’étais obligée de me déplacer avec mon mari et mon enfant, il y a environ deux ans de cela », raconte-elle.
« Arrivée là-bas, j’ai eu un deuxième enfant, je n’ai pas accès au soin de santé avec lui et le premier enfant ne peut pas aller à l’école. »
Livrés à eux-mêmes
Harry Versailles raconte ses déboires. « On était trois cousins à venir en Turquie pour un mieux-être et cela fait un an et demi. Les deux autres se sont suicidés. Je suis resté à faire de la résistance », avoue-t-il.
Il ajoute que « beaucoup d’entre nous ont été emprisonnés. Avec notre carte de séjour, on ne peut pas vraiment travailler, si la police nous retrouve en train de bosser, nous allons payer des amendes ».
Harry Versailles raconte que ces compatriotes vivent dans des conditions extrêmement difficiles puisqu’ ils ne peuvent pas payer leur loyer sans leur carte de séjour et que certains d’entre eux dorment dans les rues.
« On vit dans un stress énorme, d’autres compatriotes ont perdu leurs yeux à cause des travaux qu’on offre aux haïtiens pendant 12 heures. L’essentiel pour nous autres malgré l’instabilité du pays, c’est de nous permettre à retourner chez nous disons lakay se lakay », poursuit Harry Versailles.
Aucune assistance consulaire d’Haïti
Avec leur lettre de déportation en main, ces haïtiens affirment avoir contacté le bureau local de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) afin de programmer des vols humanitaires leur permettant de retourner en Haïti. « Nous avons fait appel à l’OIM à la Turquie qui est déjà prête à nous aider mais le gouvernement haïtien n’a pas encore fait signe pour donner accès à des vols humanitaires, en ce sens nous sollicitons l’aide du premier ministre Ariel Henry ».
« Moi je suis une victime, j’ai été arrêté un dimanche 02 octobre et on m’a libéré le 23 octobre dernier avec une lettre de déportation. Il y en a beaucoup d’autres qui sont encore en prison. On vit très mal en Turquie, on veut retourner au pays. » Harry Versailles, haïtien en difficulté en Turquie.
Selon Jacklin Telfort, un autre Haïtien bloqué en Turquie, même les cadavres de nos compatriotes ne peuvent pas être enterrés dans des cimetières turcs.
« Je reçois beaucoup de doléances où des compatriotes veulent mettre fin à leurs jours parce qu’ils sont maltraités, giflés par leur patron. Ils nous infligent toutes sortes de maux puisqu’ils savent qu’on n’a pas de représentants diplomatiques dans leur pays. On n’a pas d’autre recours que de retourner au bercail », conclut-il.
Lovelie Stanley NUMA
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