Haïti-Éducation: Fermeture prolongée des Établissements scolaires, triste réalité
La Scolarité joue un rôle important dans la vie des enfants, des adolescents et des jeunes. C’est une tranche indispensable de l’histoire de leur vie. Donc, la scolarité dépend du temps d’enseignement-apprentissage c’est pourquoi á l’échelle nationale et internationale on exige une charge horaire pour une année scolaire, selon la durée des études. En effet, d’après Perrenaud, la scolarité obligatoire a pour mission de donner une culture générale sans référence à un avenir professionnel particulier à l’apprenant. C’est cet espace de temps qui donne à l’élève la capacité et le pouvoir de se défendre en situations diverses, complexes et imprévisibles dans sa vie quotidienne.
Arye L. Hillman dans l’éducation des enfants dans les pays pauvres disait « lorsqu’un enfant n’acquiert pas les compétences élémentaires permettant d’agir comme un membre responsable et productif de la société ce n’est pas seulement l’enfant qui est perdant, mais le corps social tout entier ».
En fait, l’éducation de base est un droit reconnu et que l’éducation des enfants est bénéfique pour la société toute entière. Selon la constitution de 1987, c’est l’état qui doit la prendre en charge, pourtant en Haïti, l’état n’assume pas cette obligation. En dépit des faibles moyens financiers des parents, ce sont eux qui prennent en charge l’éducation de leurs enfants. Ils se battent quotidiennement pour l’éducation de leurs enfants.
Tandis que, les fonds alloués à l’éducation sont mal gérés, sans parler de la corruption qui est une autre raison. Les écoles tant publiques que non publiques ne reçoivent pas les ressources qui leur sont destinées.
Ajoute à cela, l’absence de volonté politique d’assurer l’éducation pour toutes et tous qui est un élément palpable. On dirait que les élites ont peur que la population haïtienne soit éduquée pour ne pas remettre en cause leur suprématie. On vit dans une communauté où la dévalorisation de l’éducation est faite par les élites.
Que peut-on dire de la volonté du pouvoir en place face à la réouverture des classes ?
En réalité, les réponses sont dans l’attitude du gouvernement dirigé par le premier ministre de fait, Ariel Henry, incapable de prendre de meilleures décisions dans l’intérêt collectif. Aujourd’hui, ce gouvernement n’est pas même en mesure de dire quand est ce que l’école va rouvrir ses portes. Les multiples crises que confronte le pays enfoncent davantage l’école dans une situation incontrôlable.
L’école comme outil de transformation sociale ne peut en aucun cas être prise en otage par aucun secteur. La société toute entière doit aller au delà des clivages politiques par rapport au fonctionnement de l’école. Le constat est alarmant, la crise est multiforme (Insécurité généralisée, pénuries de carburant, fermeture prolongée des classes entrainant la déscolarisation d’environ 4.000.000 d’enfants, plus de 200.000 travailleuses et travailleurs du secteur privé en insécurité d’emploi, un nombre incalculable de travailleurs du secteur informel vivant de l’activité scolaire sans revenu depuis quatre (4) mois, difficulté des agriculteurs d’écouler leurs produits les entrainant dans l’extrême pauvreté, inquiétude des parents et désespoir des jeunes). Les enseignants, les parents, les élèves, les directeurs d’école n’ont pas accès facile de déplacement.
En conséquence, les enfants ne développeraient que des comportements toxiques parce qu’ils sont contraints de rester fermés constamment entre les 4 murs, à la maison. Nous sommes à notre quatrième mois depuis que les enfants viennent de l’école. Par contre, nous sommes toutes et tous en quête d’une réouverture des clases en douceur.
Qui a en réalité la responsabilité de procéder à la réouverture des classes ?
Seules les autorités de l’état ont le pouvoir réel d’atténuer la situation qui prévaut dans le pays et de procéder à la réouverture des classes parce qu’elles ont tous les appareils de l’état en leur possession et elles sont responsables de la bonne marche de toutes les institutions républicaines.
De plus, devant le silence complice du gouvernement personne ne sait quoi faire les enseignants, les parents, les écoliers/écolières et les élèves sont livrés à eux-mêmes. Tout le monde vit dans la peur, l’anxiété, la méfiance, la colère, la tristesse. L’école dit-on c’est la base de toute société, c’est le lieu par excellence qui aide l’élève à enrichir ses relations aux autres, à s’épanouir et à développer ses multiples intelligences telles que intelligence logique, rationnelle, émotionnelle et sociale.
Toutefois, devant ce silence, les acteurs éducatifs tels que : les associations des Directeurs d’école, les syndicats d’enseignant, les associations d’élève et autres doivent s’unir d’une seule voix pour faciliter l’accès des enfants dans les salles de classe. Nous sommes à la croisée des chemins, mais c’est notre devoir à nous d’aider les enfants, dans des conditions demandant beaucoup d’efforts à s’adapter à une réalité difficile et poursuivre ses travaux.
En quintessence, mesdames, messieurs, acteurs éducatifs, parents, enseignants, directeurs, personnel administratif aidons les enfants à développer des qualités de motivation, de persévérance, de la capacité de travailler et de vivre ensemble par des mots réconfortants et des gestes de douceur. Donc, le moment nous demande de cultiver de la patience, du respect et de la compassion. Agissons toutes et tous, ensemble pour faire respecter le droit à l’éducation de tous les enfants d’Haïti.
Port-au-Prince, le 03 novembre 2022
Masly DORCELY : Secrétaire General du Réseau des Enseignants/tes Haïtiens (REEH)
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