Haïti économie : Tableau d’une situation économique macabre
La situation économique d’Haïti a atteint le sommet de l’inquiétude ; un pays tranché en morceaux de zones distribuées aux groupes armés, l’inflation a atteint un nouveau record, un taux de change de plus en plus inquiétant, la banque centrale a fait le point sur cette situation économique sans précédente.
Le titulaire de la banque centrale Mr Jean Baden Dubois dans son long exposé sur la situation macroéconomique et celle des changes dans le pays, lundi 22 août dernier, a décrit une économie haïtienne regorgée de problèmes structurels, plus inquiétants que ceux des années antérieures.
Depuis la première vague des évènements du peyi lòk sous l’administration du président défunt, les troubles socio-politiques ont entre autres accumulé des effets néfastes à la performance de l’économie du pays. Les mois successifs de paralysie totale des activités ont peu de temps après conduit à la hausse généralisée des prix. Dans la foulée, l’insécurité s’est empiétée et a pris une place importante dans la balance de déséquilibre à côté de la COVID-19.
L’influence des groupes armés, un handicap à l’économie haïtienne
La prolifération des groupes armés et l’élargissement de leur zone d’influence constitue selon le gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois, l’un des facteurs le plus important de la performance réduite de l’économie. Les incidences de la séparation du pays entre les gangs sont désastreuses, et l’épilogue du blocage des 4 départements nourriciers de la capitale reste un problème majeur.
La circulation des biens et des services destinés à fructifier le commerce interne a été paralysé sous le règne tyrannique des groupes armés qui, aux mêmes effets que la COVID-19 , n’a pas épargné les infrastructures économiques du pays.
De plus, le kidnapping, source de décapitalisation des ménages, influx sur l’exode des professionnels qualifiés. Entre ces nombreuses conséquences sombres, s’ajoutent la baisse (disparition) du tourisme interne, l’amplification de la migration des universitaires, et la situation des déplacés fuyant la guerre des gangs. La migration d’Haïti accompagne une baisse de 3%, le taux de transfert de l’étranger.
Impact des crises internationales sur l’économie haïtienne
En plus d’une «performance agricole mitigée» l’économie haïtienne souffre des multiples crises internationales. L’augmentation des prix des produits pétroliers de décembre à mars 2022 de 51.7% ou l’augmentation de 6% de mars à juin dernier constitue une augmentation systématique des prix de produits de première nécessité. Par ailleurs, l’augmentation des prix de blé depuis le déclenchement des offensives russes en Ukraine et les sanctions économiques qui s’en sont suivies.
L’inflation aux Etats-Unis , en République Dominicaine, et la guerre en Ukraine sont tous des facteurs qui expliquent la performance de cette économie dépendant en grande partie de l’importation. Aujourd’hui, l’inflation a atteint les 29%, les prix des produits importés ont augmenté de 40%, et la dévaluation de la gourde face au dollar , suit systématiquement la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.
Tension sur le marché de change
La situation du dollar est aussi un facteur à considérer, l’offre et la demande de dollars résultent des facteurs de l’importation et de l’exportation, piliers de l’équilibre de la balance commerce. Or, le pays ne produit pas. Le dollar se livre donc sur le marché informel d’un côté à un taux, les institutions financières et les bureaux de change fixent leur taux. Quant au taux de référence publié par la banque centrale quotidiennement, c’est un taux calculé à partir des différents achats au niveau du système financiers. La banque centrale n’est pas en mesure de réguler la situation du taux de change, la gourde ne fait que dévaluer face au dollar américain.
Notons que lors de cette importante conférence, le gouverneur a notamment annoncé l’augmentation de la masse monétaire. Une telle situation n’aura que des effets inflationnistes sur l’économie, cette mesure est généralement utilisée par l’État pour combler ses déficits budgétaires et n’est un avantage pour une économie. Face à ses constats le pays s’étend selon les prévisions à une nouvelle croissance négative.
Guerby JEAN