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Haïti-Insécurité: Qui sera la prochaine victime?

Par Professeur Esau Jean-Baptiste

La Prochaine victime est un film de Skip Schoolnik sorti le 31 octobre 1988 aux États-Unis d’Amérique.

Les acteurs principaux de ce film d’horreur étaient: Bunky Jones, Brittain Frye, Annette Sinclair, George Thomas, Donna Baltron, Scott Fruits, Ria Pavia et Sean Kanan.

C’est l’histoire de « huit adolescents qui décident de s’introduire dans un magasin de meubles pour y passer la soirée. La plupart d’entre eux vont vivre leur dernière nuit. L’un après l’autre, ils sont sauvagement assassinés par un psychopathe qui semble prendre plaisir à leur traquer et à les piéger comme du gibier.  Qui est il? Quels sont ses mobils? Qui pourra arrêter l’épouvantable massacre? »

Ce film d’horreur de 1988, est l’expérience au quotidien du peuple haïtien. Mais, si dans ce long métrage, c’était seulement huit adolescents qui, pendant une nuit, étaient pris en otage par un psychopathe, actuellement en Haïti, ce sont des millions de gens qui, depuis des années, se sont piégés par des bandits dans la diaspora, dans les commerces, dans des institutions privées et publiques aussi bien de ceux dans les quartiers populeux.  

Et tout cela s’est fait sous l’impuissance des autorités insouciantes qui sont seulement dans des postes pour jouir des privilèges de l’État. D’ailleurs, comme tous les autres, ce qui s’était passé ce samedi, sur la route de Tabarre, est un crime de plus.  Un crime de trop. Cela devait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase de la colère populaire. Cela devrait être aussi l’huile qui fait démarrer le moteur de la mobilisation pour aboutir à la révolution agitée contre le système mafieux de ce pays. Malheureusement, “nous ne sommes pas moun ankò”.

Sous le titre: Nouveau carnage à Croix-des Bouquets, le Nouvelliste rapporte que: «Croix-des-Bouquets a vécu une énième matinée d’horreur, samedi 20 août 2022. Les premières images, filmées par un policier à bord d’un blindé, glacent le sang. Dévoré par les flammes, il y a un corps, côté passager, perpendiculaire à une jeep incendiée. »,

« An an avanse, an avanse », dit une voix off. À environ une centaine de mètres, un autre cadavre. Celui d’un homme, tombé face contre terre, un casque de motard bleu tout près. À moins de dix mètres de lui, les corps sans vie deux hommes gisent au sol, au bout de leur sang. Une autre vidéo, filmée par un policier, montre la récupération des cadavres dont celui d’une femme qui porte des tresses. Le dos de cette femme est brûlé par endroit. »

 « Nous avons trouvé deux corps à proximité du véhicule et un autre à l’intérieur. Nous avons pu identifier deux femmes. Il est difficile d’identifier si l’autre est aussi une femme. Ces personnes ont été tuées à l’entrée de cité Doudoune, à quelques mètres du pont de Tabarre, jeté sur la Rivière Grise. Les trois hommes seraient des chauffeurs de taxis-moto », peut on lire dans ce même texte.

En 1985, on avait assassiné trois jeunes aux Gonaïves. Et la ville était sur pied de guerre contre le régime dictatorial, macoute de Jean-Claude Duvalier. En quelques jours, c’était tout le Grand Nord et le Grand Sud du pays qui étaient dans les rues.  Finalement Port-au-Prince et d’autres communes du département de l’Ouest en date du 30 et 31 janvier 1986 rentraient dans la grande mobilisation pour le départ du dictateur.

Tout bagay te kanpe. Tout moun te mobilize kont rejim pouri sa. Finalement, le dictateur était obligé de partir pour l’exile le 7 février 1986.

Aujourd’hui, on tue prête, pasteur, médecin, professeur, étudiant, avocat, journaliste, parlementaire, batonier de l’ordre des avocats, président de la République, ti machan n, etc, vous ne dites rien. Et vous ne faites rien non plus.

Au contraire, comme si rien n’était, du style de ‘kite peyi m mache’, vous continuez à danser et prendre plaisir dans des boites de nuit, bien entendu, quand les bandits vous laissent l’occasion de le faire.

De plus, tout en récitant l’Exode 14 verset 14, vous continuez à aller à l’église pour adorer en esprit et en vérité le Grand Jéhovah. Sachant que l’Éternel, le Dieux des armés combattra pour vous.

Quant aux politiciens de l’opposition, toujours en opposition à elle-même, ils sont sans position fixe dans la crise de l’insécurité qui, chaque jour, fait des victimes dans les familles haïtiennes, Chaque jour, ces politiciens “abolotcho”, comme des insectes, vecteurs de maladies contagieuses qui tuent le pays, tout en dérangeant le sommeil de paisibles citoyens, font beaucoup plus de bruit dans des micros autant que font leurs alliés journalistes dans leurs émissions à grandes écoutes de certains médias dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Bref, le weekend écoulé, c’était, d’une mort tragique, malheureusement, l’ancien sénateur du Sud qui a été tué et brûlé par des bandits. Ce samedi, c’était le tour de ces paisibles citoyens, particulièrement cette famille dont les photos de la mère et de ses deux filles qui sont encore virales sur les réseaux sociaux. Ils sont tués et comme l’ancien sénateur, brûlés.  Et cela ne vous révolte pas encore? 

De toute façon, si vous aviez lu et partagé ce texte à vos proches, c’est que vous êtes encore bien vivants. Mais, si vous ne faites rien aujourd’hui, qui sait demain, qui sera la prochaine victime.

Le débat n’est ni pour ou contre le courageux Commissaire du département des Nipples.  Il fait ce que les autres autorités du pays ne peuvent pas faire contre les bandits.

Le Commissaire ne peut à lui seul résourdre le problème du banditisme qui a une dimension sociale, économique et surtout politique dans le pays. C’est un problème qui lui dépasse aussi bien que les courageux agents de la PNH.  Malerezman tout peyi an ap dòmi. 

Face à ce constat accablant, je ne dirais pas que mon peuple meurt faute de connaissance. Je dirais de préférence, puisque mon peuple est zombifié, donc il meurt faute d’une prise de conscience révolutionnaire.

Prof. Esau Jean-Baptiste 

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.