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Haïti-Jeu de hasard : Des jeunes perdent de grosses sommes à « Paryaj Pam »

Presque dans tous les quartiers du pays, on trouve soit une banque borlette « bank bòlèt » soit une église. Depuis un certain temps, le Paryaj Pam s’ajoute à la liste. Un jeu dans lequel, des jeunes perdent de fortes sommes quasi quotidiennement.

À Fontamara 43 principalement à la Rue Menos prolongée carrefour bel-air, dans une salle pleine à craquer, on trouve des dizaines de personnes qui s’installent devant un écran dans une maisonnette de couleur jaune et bleu. Là, Jean Claude connu sur le sobriquet « Tizo » a perdu une forte somme.

Âgé de 32 ans, il est conducteur de taxi moto depuis 3 ans. Il travaillait jour et nuit pour réaliser son rêve. Il voulait acheter une moto et il arrive à économiser 65 000 gourdes. « Un jeudi après-midi, hmmm j’ai tout perdu en 90 minutes. Mon seul regret c’est que j’ai perdu tout mon argent dans un peu de temps et je n’arrive pas à réaliser mon rêve » se plaint-il.

« Soit je gagne, soit je perds » déclare Johnny Peterson, 23 ans étudiant en génie mécanique, il habite à Fontamara 43. Cela fait déjà deux (2) ans depuis que Peterson pratique ce jeu de hasard. Pourtant, il n’a jamais gagné une partie. « Je suis un chômeur, je ne travaille jamais dans ma vie, le Paryaj Pam m’a fait devenir un mendiant » se lamente-t-il.

Passionné de ce jeu, le jeune étudiant arrive même à faire des prêts pour s’y accrocher. « Actuellement, j’ai une dette de 3000 gourdes pour un ami. Même si je ne gagne jamais, je pense qu’un jour je gagnerai comme tous les joueurs » souhaite-t-il.

Jean-Pierre Dady est professeur de chimie dans des écoles privées, il pratique aussi ce jeu depuis un an. Comparativement à Peterson, ce père de famille de 36 ans a parfois l’habitude de gagner. « J’ai un enfant, je suis tellement accro à Paryaj Pam. C’est comme si j’ai deux enfants. Je ne peux pas passer une journée sans parier » nous confie-t-il.

« Imaginez-vous avec 150 gourdes, on peut gagner une forte somme. Même si ce n’est pas aussi facile, on doit tenter une chance malgré tout » renchérit-il.

Neider Joseph natif de « Cité cabris » a 18 ans, il est en Nouveau Secondaire I (NS1). Lui aussi, est un fan de Paryaj Pam. « Je joue très souvent et gagner ce n’est pas facile. Je me rappelle une fois j’ai gagné 10 000 gourdes. Il est très difficile de passer une semaine sans gagner au moins 5000 gourdes » témoigne-t-il. « Dans un pays comme Haïti, si on ne joue pas qu’est-ce qu’on doit faire ? » s’interroge-t-il.

« Il ne faut surtout pas peur de perdre son argent ça fait partie du jeu » ajoute Steeve Charles, 23 ans qui lui aussi pratique ce jeu de hasard depuis 2 ans. Avant de s’accrocher au Paryaj Pam, Steeve pratiquait le hasard « bèl ti fich ».

Des femmes jouent aussi au paryaj pam

À Carrefour, Thor 65, Midline accompagnée de son amie Dina pénètrent dans la salle de jeu. Elles sont joyeuses. « Je ne vois pas le problème, je joue avec mon argent. Le football c’est ma passion de même pour le Paryaj Pam. Pas trop longtemps, j’ai gagné une somme de 15 000 gourdes en tant qu’une femme je ne vois pas vraiment le problème » déclare Midline. « J’ai mon argent, je fais ce que je veux avec. La seule chose c’est qu’on perd plus facilement que de gagner » nuance la joueuse.

Des élèves laissent leurs heures de cours pour aller jouer au Paryaj Pam

Il est 10 heures du matin, à carrefour modèle, sur la route qui mène à Tibwa et ti kajou, là on trouve un bureau de Paryaj Pam. On compte environ une dizaine d’élèves à l’intérieur de la salle.

Jeff Jean Julien, 21 ans, il est en classe philo dans une école privée. Il s’est confié à Impulse WebMédias en ces termes : « Je joue pour gagner de l’argent. J’ai beaucoup d’amis qui jouent à ce jeu. Ils ont l’habitude de me conseiller à emboiter le pas. C’est ce qui me pousse à pratiquer le jeu » révèle-t-il. « Quand je commençais à jouer en 2019, je ne comprenais pas vraiment le jeu. Au fur et à mesure je joue, je le comprends dans un laps de temps » se félicite-t-il.

Toutefois, il a perdu très souvent. Pour son premier gain, il a empoché un montant de 6000 gourdes. « J’étais tellement content ce jour-là, tout de suite je fais une fiche pour 200 gourdes, dommage je n’ai pas gagné » témoigne-t-il.

« Je suis tellement accro à ce jeu, je ne peux pas passer une journée sans faire une fiche. Mais je le trouve anormal puisqu’à chaque fois que je compte de gagner une forte somme c’est le contraire » se désole-t-il.

Toutefois, Jean Julien reste confiant. Ainsi, déclare-t-il : « Je ne pétrifie pas, je pense qu’un jour je gagnerai une grosse somme aussi. Je crois au Paryaj Pam, c’est ma passion. Mais le seul problème je ne comprends pas pourquoi les joueurs ont souvent perdu au lieu de gagner. Je sens que le jeu n’est pas aussi simple ».

À noter que le « Paryaj Pam » est une institution de jeu de hasard lancée en octobre 2015 sous label « bras pam ». En 2018, elle change de nom et devient une société anonyme qui rejoint le pavillon de certains Russes.

Roubens VIL

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.