Haïti-Politique: Une transition dans la transition
Quand les déstabilisateurs veulent maintenant stabiliser ce qu’ils ont, par des actions déstabilisantes, déstabilisés pendant plus d’une décennie, il y a lieu de reconnaitre que quelque chose est entrain de se préparer dans leur laboratoire, centre de tous les maux d’Haïti. À cet effet, on se demande: qu’est ce qu’ils veulent encore faire de mal à ce pays? Qu’est-ce qui se cache derrière toute cette histoire?
Après avoir chassé Aristide du pouvoir le 29 février 2004, sous couvert de l’international, bien entendu avec la Mission des Nations-unis pour la Stabilisation en Haïti, les déstabilisateurs étaient au pays pour, une fois de plus, le déstabiliser.
Et de juin 2004 à octobre 2017, avec des collabos sur le terrain, la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) avait tout déstabilisée de ce qui restait du processus démocratique initié au lendemain même du 7 février 1986.
Cinq ans après une mission qui avait échouée et un Core Group qui décide et impose toujours en grands électeurs, des malfrats, des abolochos de dirigeants au pays, aujourd’hui, faut-il, de ces donneurs de leçon, recourir à un Titid à la tête d’un gouvernement de transition, victime de deux coups d’État de l’occident, pour, enfin, retirer le pays dans la merde des emmerdeurs où il se trouve actuellement?
Croire que la communauté internationale veut retourner avec Titid au pouvoir pour recoudre les morceaux qu’elle a soi-même avec les bandits légaux déchirer en petits morceaux, c’est ne pas comprendre la politique de l’occident pour Haïti. Ou plutôt, c’est prendre les blancs pour des enfants de choeur dans une église chrétienne où Dieu et le Saint-Esprit font le va-et-vient à longueur de journée.
Définitivement, je n’arrive pas à comprendre. lls veulent faire quoi encore au pays? En deux occasions, ils ont chassé un président populaire et légitime, puis maintenant, ils veulent le retourner au pouvoir pour, provisoirement, diriger un pays de gangs et de gangsters. Ki sa frize te fè pou koukou konsa, pou l fè pitit li pou l rele l frizelya? “Titid, ce coup est un piège. C’est un cadeau empoisonné. Vye frè, rete kote w ye an nan zafè inivèsite w. Si w al rantre nan bagay sa, men m moun n fou ap sezi”.
Mais de toutes les préoccupations, à priori, c‘est quoi une transition démocratique ? Est-elle applicable dans un pays qui confronte des problèmes politiques, économiques et sociaux aussi saillants comme celui d’Haïti d’alors.
C’est quoi une transition démocratique?
‘’La transition démocratique se rapporte à un processus politique du mouvement visé à établir un système politique démocratique. Lancé ou de ci-dessus ou ci-dessous ou d’une combinaison de tous les deux, elle permet la négociation et le compromis parmi différentes forces politiques pour la résolution des conflits sociaux. Institutionalisant les structures et les procédures pluralistes, elle permet à différentes forces politiques de concurrencer pour le pouvoir, régularisant son transfert, et s’engageant dans la transformation fondamentale de la structure politique. Elle s’étale en général sur plusieurs années et des contextes très différents’’.
Selon Nathalie Cooren, la transition démocratique comprend deux phases :
1-La transition politique, qui désigne le ‘’passage d’un régime à un autre’’.
2-La consolidation de la démocratie durant laquelle le défi majeur consiste à assurer une évolution relativement stable du processus démocratique engagé dans la transition.
D’après d’autres experts en sciences sociales, le passage progressif d’un régime non-démocratique à une transition démocratique devrait, définitivement, se limiter dans le temps. Le secret d’une transition réussie se trouve dans l’emploie du temps qu’on accorde généralement au temps. Il faut laisser du temps au temps pour comprendre et adjuster certaines choses, aime répéter un écrivain et professeur de science politique.
Mais dans le même temps, ce dernier ne devrait pas être une éternité. Une transition trop longue est une transition qui n’en finit pas, savait écrire l’ancien journaliste du quotidien Le Nouvelliste, et Ministre de la Culture et de la Communication, Pierre Raymond Dumas.
Le temps d’une transition démocratique, c’est donner du temps aux élites politiques, économiques et intellectuelles de sortir d’un cadre informel pour passer à un cadre formel de démocratie durable, source de stabilité politique et de développement économique et sociale.
Néanmoins, pas trop de temps à des incompétents, des arrogants, des immoraux, des insouciants, des soumis et des corrompus dont ‘’leurs stratégies reposent sur comment faire gagner du temps pour tirer suffisamment profit des avantages du pouvoir, se protéger pour l’avenir et miner le terrain avant de négocier leur départ’’.
Quand c’est le cas, il faut recourir à une autre plus courte transition pour finalement mettre fin à une trop longue transition?
Mais de toutes les considérations du temps et de mépris pour les autorités incompétentes, arrogantes, immorales, corrompues et sans vision imposées par l’occident, d’abord, comment Haïti en est arrivée au point où elle est aujourd’hui?
Pour parvenir à une transition démocratique, indispensable à une stabilité politique, Haïti devrait, après le départ de Jean Claude Duvalier le 7 février 1986, tenir compte des expériences du passé, et, enfin, divorcer avec les anciennes pratiques du jeu politique macabre établi par des politiciens traditionnels.
Un tel rejet aurait le noble objectif de préparer le terrain propice pour l’apparition sur la scène de nouveaux acteurs politiques équipés de nouvelles méthodes de changements et de nouvelles configurations stratégiques
Ce qui impliquerait, dans le cadre des règles du jeu politique désormais bien définies, non seulement une redistribution des cartes politiques, mais encore de nouvelles tactiques du jeu démocratique.
Étant le ‘’corner stone’’ ou ossatures même’’ de la démocratie, les responsables d’Haïti devraient, tout en œuvrant au renforcement des institutions étatiques, prôner la tolérance, initier et encourager le dialogue aussi bien que le compromis entre les partis ou acteurs politiques de discours opposés.
Cette démarche démocratique, tout en laissant à l’ensemble des acteurs la possibilité de trouver une voix d’expression, permettrait la participation des divers intérêts politiques en présence.
Malheureusement, ce n’a pas été le cas. Ce processus n’a jamais été bien compris. Il était de préférence, d’élections frauduleuses, de coups d’État contre les dirigeants progressistes aussi bien d’ingérence à outrance de la communauté internationale dans les affaires internes d’Haïti.
Comme résultat, trente six ans après le départ du dictateur le 7 février 1986, vu l’incapacité des autorités, dans un premier temps à résoudre le problème de l’insécurité, puis parvenir à un accord sur une position commune qui permettrait à l’organisation d’une élection inclusive, donc il y a urgence pour un gouvernement de transition. Oui, une transition dans une longue transition.
L’État d’aujourd’hui est en mauvais état. De ce fait il devient de plus en plus détestable, désagréable, corrompu, décrié, immoral, nuisible et soumis. Vu son mauvais état, l’Etat haïtien ressemble véritablement au profil de l’Etat fustigé par Nietzsche comme le «plus froid des monstres froids».
C’est en réalité, un problème de mauvaise gouvernance. Car, que vous soyez du côté du pouvoir ou de l’opposition, la situation socio-politique actuelle d’Haïti demande une attention toute particulière. Dans l‘intérêt général du pays, et pour préserver la sécurité individuelle et collective ainsi que le bien-être de la communauté, un élan massif devient vital pour arrêter l’état de pourrissement des institutions.
Comme une solution d’appaisement dans une crise qui a trop durée, donc repenser l’échec de la transition politique à travers une autre transition est aujourd’hui, non seulement à l’ordre du jour, mais une priorité de survivre pour le pays.
“L’échec d’une transition n’est que la reprogrammation d’une autre”, dit on. C’est dans cet ordre d’idée, vu que la transition démocratique initiée en Haïti après le départ de Jean-Claude Duvalier le 7 février 1986 est un échec, donc pour sortir de ce état d’échec long de plus de trente six ans, on veut, avec des anciens acteurs et des idées nouvelles, repenser une transition verrouillée à travers une autre transition plus moderne et plus appropriée.
Oui, une autre transition dans une longue période de transition qui a même trop durée. Mais pour que cela puisse la toute dernière, il lui faut une feuille de route qui révendique non seulement de nouvelles compétences dans les affaires politique du pays, mais aussi des programmes sociopolitiques visant le partage des richesses du pays.
Donc, des postes de décisions aux plus capables des citoyens crédibles et nationalistes puisés dans les ressources de valeurs morales et de compétences du pays, ainsi que des programmes d’ajustement socio-économique pour les gens des classes les plus défavorisées du pays devraient être les priorités de cette transition.
Cette équipe de transition doit jeter les bases pour un vrai dialogue national, bien entendu pas avec les criminels dont leurs places sont derrière les barreaux de leur cellule des prisons du Pénitencier de Port-au-Prince ou de la Croix-des-Bouquets.
Comme il ne peut pas y avoir de dialogue sans compromis, et de dialogue sans un climat favorable, il ne peut non plus y avoir de dialogue sans le respect mutuel ou de sanction pour les coupables de crimes de sang ou de détournement des fonds du Trésor public.
Prof. Esau Jean-Baptiste
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Notes
1-Nathalie Cooren- Transition démocratique d’un pays: quelques précisions théoriques. Paris 2005
2- Esau Jean-Baptiste. 7 février 1986-7 février 2015. Vingt-neuf ans d’échec démocratique. Éditions Dédicaces. Montréal, Canada 2015