SOCIÉTÉ

Samantha, un modèle de courage pour les personnes vivant avec un handicap

« Mon handicap devient ma source de motivation pour réussir mes études » déclare fièrement Samantha. Depuis l’âge de deux ans, elle est handicapée de son pied droit ainsi que sa main droite. Elle allait vite comprendre dès l’âge de 15 ans que cette catégorie de personne à mobilité réduite dont elle fait partie doit avoir un moral de fer et redoublé d’effort pour atteindre leur objectif.

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. C’est de cette citation de Nelson Mandela que je me suis puisée de force pour pouvoir mener ce long combat de ma vie » confie Samantha à notre rédaction. Femme de couleur noir, petite taille, vêtue d’un corsage rouge et d’un jeans bleue. Elle est assise sur une chaise sous la galerie de sa maison, allumant sa radio pour écouter de la musique. « Je ne peux pas passer une journée sans écouter de la musique » a fait savoir la jeune fille soulignant qu’elle est fanatique du compas.

Samantha a vu le jour à Marin, commune de la croix-des-Bouquets située à 12.4 km de Port-au-Prince en ligne droit. À sa naissance, elle était normale et en bonne santé après les diagnostics des médecins. Cependant, deux ans après tout allait changer. Contre toute attente, elle est frappée d’une crise qui l’a paralysée dans son pied droit ainsi que sa main droite. Après plusieurs examens médicaux, les médecins ont révélé que Samantha ne pourra plus jamais redevenir comme elle était avant. C’était un grand choc pour toute la famille.

Aujourd’hui, âgée de 31 ans, elle est graduée en Esthétique depuis 2 ans. La passionnée des séries télévisées indiennes se dit être fière d’avoir consenti beaucoup de sacrifices pour pouvoir réaliser son rêve. Un rêve qu’elle caressait depuis en classe de seconde appelée aujourd’hui S2. Elle nous raconte son parcours difficile et inspirant durant lequel elle a surmonté des tas de péripéties et de discrimination.

Comme la majorité des enfants du pays qui allait à l’école dès l’âge de 3 ans, Samantha n’avait pas eu cette chance. À cause de sa santé instable notamment son handicap physique, elle allait plutôt attendre l’âge de 5 ans pour pouvoir intégrer un établissement scolaire situé tout près de chez-elle à Marin. Là, elle a passé sa maternelle ainsi que ses classes de primaire. « C’était le début d’un calvaire » se souvient-elle.

Tout le monde me fixait à cause de mon handicap et je me sentais mal à l’aise à ce moment là. L’un des moments les plus difficiles pour moi, c’était la récréation. À cet instant, quand j’ai vu les enfants en train de jouer en courant sur la cour de l’école alors que moi, je ne pouvais pas. Ajoute à cela, les propos intrigants que certains camarades lançaient à mon égard en disant : « Kokobe a pa ka kouri tankou nou ». Cela m’a énormément choqué se rappelle-t-elle comme si c’était hier.

Les discriminations de toutes sortes allaient continuer dans les autres écoles qu’elle fréquentait. Toutefois, Samantha était on ne plus motivée. Elle a toujours obtenu de bonnes notes. « Mes parents, mes professeurs et quelques amis m’ont toujours encouragé » souligne-t-elle.

« C’est à l’âge de 15 ans que j’allais comprendre que les gens de cette catégorie à mobilité réduite dont je fais partie doit avoir un moral de fer et redoublé d’effort pour atteindre leur objectif » soutient le natif de Mirebalais. Après tant de sacrifices et beaucoup de discriminations confrontées, elle a réussi son bac 1 et 2. « J’étais vivement félicité par l’école, mes parents et amis-es pour mon dévouement. Malgré mon handicap physique et les difficultés rencontrées sur mon parcours scolaire, j’ai pu tenir bon » s’est-elle réjouit.

Après avoir réussi son bac, Samantha s’est fait inscrire dans une école professionnelle par faute de moyens d’aller à l’université. Elle a opté pour l’Esthétique. Un rêve qu’elle caressait depuis en secondaire à côté de la médecine qu’elle adorait aussi.

Si pendant son parcours académique, la jeune fille s’est fait ridiculiser par ses camarades de classe à cause de son handicap, pour sa formation professionnelle c’était tout à fait le contraire. « Les étudiants-es étaient plus matures, on mangeait ensemble, on se collaborait parfaitement bien sans la moindre discrimination » rapporte-t-elle en remémorant les souvenirs avec un grand sourire.

Cependant, Samantha a connu des moments difficiles durant ce cursus d’études. « L’école était très loin de chez moi. Donc, c’était très difficile pour moi de m’y rendre et vice versa. Je devais payer plusieurs courses et malgré tout, j’étais souvent dans l’impossibilité de trouver un taxi. À ce moment, il fallait attendre des minutes et même des heures avant l’arrivée d’un taxi. Parfois, il fallait marcher quelques kilomètres à pied pour aller rencontrer un taxi, sinon vous risquez de passer beaucoup plus de temps à la station. C’était trop dur pour une personne comme moi. Mais je savais pourquoi je devais faire tant de sacrifices » a-t-elle détaillé.

Aujourd’hui âgée de 31 ans, Samantha est Esthéticienne professionnelle. Ne voulant pas reposer sur ses lauriers, elle dit espérer toujours faire d’autres études à l’avenir précisément en médecine, ce qu’elle adorait aussi. « La santé a une si grande importance à mes yeux. Je ne veux pas seulement prendre soin de la peau des gens mais je veux aussi les aider au niveau de leur santé intérieure » souhaite Samantha. Elle dit être très fière de son parcours en tant que personne vivant avec un handicap de n’avoir jamais laissé intimider par les discriminations des gens.

 

Miracson Mondésir 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.