Costa Rica: Rodrigo Chavez, l’outsider devenu président
Rodrigo Chaves, un économiste qui a claqué la porte du ministère des Finances du gouvernement sortant au bout de seulement 180 jours, a suivi une trajectoire fulgurante durant la campagne électorale.
Il s’était qualifié en outsider lors du premier tour le 6 février à la tête du tout nouveau Parti Progrès Social Démocratique (PPSD) et a grimpé très vite dans les sondages durant les deux mois de l’entre-deux tours. Il a ainsi surmonté auprès des électeurs le handicap d’avoir été sanctionné pour harcèlement sexuel de deux collaboratrices entre 2008 et 2013 alors qu’il travaillait pour la Banque mondiale.
Du haut de son 1,85 m, le visage grave, la voix profonde et posée, il a axé sa campagne sur la politique économique. « J’ai le constat, l’expérience et le courage », clame celui qui a passé 27 ans à la Banque Mondiale et qui aime à rappeler qu’il est issu d’une « famille très modeste ».
« Celui qui a peur de se brûler, qu’il sorte de la cuisine », lance ce docteur en économie de Harvard et de l’Université de l’Ohio à l’adresse de ceux qu’effraie le défi d’un pays accumulant une dette à 70 % du PIB, le 4e plus fort taux d’Amérique latine.
Face à lui, M. Figueres a déjà gouverné le pays de 1994 à 1998. Sans que cela n’aille jusqu’au procès, une enquête avait été ouverte contre l’ancien président, soupçonné d’avoir reçu 900 000 dollars en 2004 de la part de l’entreprise française Alcatel pour remporter des marchés publics. Exilé en Europe, M. Figueres avait refusé de répondre aux convocations de la justice et n’est rentré dans son pays qu’en 2011, une fois l’affaire prescrite.
« Le 3 avril va être une véritable révolution dans l’histoire de ce pays. On va nettoyer la maison », avait lancé lors de son dernier meeting M. Chaves, qui cultive une image de batailleur.
Le nouveau président ne disposera cependant pas de majorité au Parlement et devra composer avec les autres partis.
Le tourisme, l’un des principaux moteurs de l’économie du pays, a été durement frappé par la pandémie de coronavirus et le Costa Rica a subi la plus forte progression du chômage dans la région, avec le Pérou.
Mais le pays reste le « plus heureux » d’Amérique latine, selon le dernier rapport mondial sur le bonheur.
Source: Ouest France