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Haïti -Insécurité: L’industrie du kidnapping, source potentielle de blanchiment d’argent dans l’économie Haïtienne

Le Kidnapping en Haïti est devenu à travers le temps une industrie qui fonctionne à plein régime et l’une des plus rentables au pays. En revanche, même en étant très économique elle demeure la plus grande menace pour l’économie réelle du pays.

Si le kidnapping a servi pendant des années comme bouc émissaire réciproque de certains membres de l’opposition, du secteur des affaires et du gouvernement afin de s’accuser réciproquement dans le but d’atteindre leur objectif politique, aujourd’hui ça ne tient plus. En outre, personne ne peut faire avaler cette pilule aux haïtiens. Le kidnapping n’est pas ou n’est plus politique. Actuellement que ce soit le/la PHTK, le Secteur Démocratique et Populaire (SDP), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) on en parle plus et si on en fait allusion, on voit les chefs de gangs comme les vrais patrons de ce secteur.

Cette situation nous incite à analyser les actes de cette industrie sous un autre angle. Ne faudrait-il pas creuser davantage pour avoir l’assurance qu’il n’existe pas un lien entre le kidnapping et le blanchiment d’argent ? L’industrie du kidnapping est tellement lucrative qu’il devient capital de déterminer qui sont les vrais bénéficiaires. Il serait aussi crucial de savoir si les armes sont fournies gratuitement aux gangs ou s’il y a un retour sur les rançons obtenues aux fournisseurs. Dans un tel cas, l’acquisition de ces armes qui tuent et décapitalisent les pauvres familles haïtiennes doit être vue comme un investissement et non une dépense.

Face à l’irresponsabilité des différents organes étatiques, il n’est pas impossible que ces rançons soient dirigées dans le système financier haïtien. Un fait qui nous remmène à parler du blanchiment d’argent qui n’est rien d’autre que le chemin utilisé pour intégrer les fonds illicites dans un système financier. Il existe plusieurs stratagèmes pour le faire : allant du transport physique de l’argent vers une banque étrangère, de l’utilisation d’une entreprise légitime et division du montant à blanchir en plusieurs petits montants déposés dans des comptes bancaires différents afin d’éviter la règle de 10 000 dollars ce qu’on appelle le stratagème de “Schtroumpfage”.

La dispersion peut être utilisée ou le blanchisseur conçoit des transactions financières complexes pour brouiller les pistes de vérification et prévenir la détection. Une autre étape du blanchiment est l’intégration ou l’argent lessivé est imprégné dans l’économie légitime, qui fait en sorte que la transaction à l’air régulière. L’entreprise légitime et légale peut à son tour utiliser des ruses comme la surévaluation des revenus et des dépenses et le blanchissage dans le bilan. Les blanchisseurs visent toujours des entreprises qui ont la capacité de masquer des revenus, d’effectuer des transactions en argent comptant qui varient beaucoup d’un client à un autre, de dissimuler des dépenses difficilement quantifiables afin de leurs permettre de sortir des fonds facilement.

Il est à noter que l’un des stratagèmes préférés des blanchisseurs demeure les opérations immobilières. Dans ces dernières, les fonds sont utilisés pour acheter ou rembourser les prêts hypothécaires en un rien de temps. C’est la monnaie courante en Haïti où des hauts placés du gouvernement, des chefs de parti politiques, des anciens hauts fonctionnaires de l’Etat, des sénateurs, des hommes d’affaires font construire ou achètent des maisons très couteuses, avec une vitesse exponentielle, sans être questionné sur la provenance de ces fonds. D’autres stratagèmes comme les faux procès, les prêts peuvent également être utilisés.

“L’industrie du kidnapping est trop lucrative pour croire que de petits gangs de rues sont les têtes pensantes de ce fléau qui nous fait passer pour des inhumains. Il est temps de trouver tous les coupables”. Les gangs ont de plus en plus d’armes sophistiquées, ils ont des véhicules à leur disposition et sont très organisés. Le critère le plus intéressant qui assure la sauvegarde et le développement de l’industrie du kidnapping demeure que le risque de se faire stopper est très faible car la police et la justice sont impuissantes ou complices. Sans une volonté politique réelle, des actions très musclées et des peines sévères, ce mal ne disparaitra pas. Comme tout investissement avec des retours aussi intéressants, dans la mesure où un cas de kidnapping peut rapporter jusqu’à 500 000 $ US, Haïti demeurera une zone franche pour cette industrie.

Il y a trop d’indicateurs pour que ceux qui sont placés pour défendre les intérêts du peuple et assurer le bon fonctionnement du pays restent les bras croisés. Des réponses aux différentes questions suivantes pourraient aider à éliminer tout doute ou prouver l’existence réelle d’un lien entre le kidnapping et le blanchiment d’argent.

1. Qui sont les vrais bénéficiaires des fruits du kidnapping ? Avez-vous pensé à l’existence potentielle des kidnappeurs de rue et des kidnappeurs à cravate ?

2. Qui sont les propriétaires des compagnies de sécurité ? Êtes-vous sûrs que ces mêmes armes ne soient pas utilisées pour alimenter l’industrie ?

3. Connaissez-vous la destination finale des différentes cargaisons d’armes saisies dans nos ports? Êtes-vous sûrs qu’il n’en ait pas d’autres plus importantes qui sont passées inaperçues ?

4. Êtes-vous certains de la destination finale des rançons en US payées par les victimes ? Comment font les kidnappeurs pour écouler 500.000 $ US de façon inaperçue et dans quel secteur d’activités ces fonds sont-ils dirigés ?

5. Existe-t-il une banque ou une autre institution qui se donne pour mission de vendre du $ US aux familles des victimes ? La BRH a-t-elle vraiment le contrôle des dollars en circulation sur le marché ?

6. Connaissez-vous l’utilisation des armes que nos anciens élus utilisaient une fois qu’ils sont redevenus de simples citoyens ?

7. Estimez-vous que ce soit juste par pur hasard que les gens de la classe politique, du secteur des affaires, des hauts placés du gouvernement sont ignorés par les kidnappeurs alors ce qu’ils seraient plus en mesure de verser des contreparties ?

8. Êtes-vous conscients que l’insécurité demeure la condition idéale pour la bonne marche du kidnapping ? Avez-vous pris le temps de questionner le développement à grande vitesse du marché aérien local qui coïncide avec l’ampleur du kidnapping ?

9. Avez-vous réfléchi sur les combats habituels pour l’accaparement des secteurs qui sont très lucratifs au pays et pourquoi l’industrie du kidnapping vue comme une vache à lait serait abandonnée aux mains des gangs de rue ?

10. Avez-vous un regard sur les vagues investissements et acquisitions des politiciens, des gens du pouvoir ou de l’opposition en république voisine et avez-vous fait un lien avec leur indice de richesse ?

Fort de tous ceux qui précèdent, des institutions telles que : l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), l’ Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF),  la Banque de la République d’Haïti (BRH), la Direction Centrale de la Police Judiciaire ( DCPJ), la Direction Générale des Impôts (DGI),  l’Administration Générale des Douanes (AGD), le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique ( MJSP), l’Inspection Générale des Finances (IGF) doivent conjuguer leurs efforts. Cette synergie devrait faciliter la tenue d’une enquête approfondie et conjointe avec les meilleures ressources humaines dont elles disposent. Laquelle enquête servira à rassurer la population sur le fait que leur souffrance, leur sang, leur misère ne représentent pas un instrument pour enrichir les criminels.

Mesdames, Messieurs les dirigeants, soit il y a des complices parmi vous soit les chefs de gang sont plus intelligents et compétents que vous pour qu’ils puissent avec autant de faciliter tenir tout un pays en otage. Vos responsabilités ne se limitent pas aux privilèges, des sécurités rapprochées, des cartes de débit, des perdiems, des maisons secondaires, des cortèges avec des sirènes, etc. Il est temps de mettre fin à la récréation et de faire disparaitre l’étiquette d’incompétence ou de complice à laquelle vous êtes associés.

 

 

Darneley GAZEMAR

Expert en Finance Internationale

 

Photo collage des images Google pour illustration

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.