ACTUALITÉS

Martissant-Insécurité : Péripétie des étudiants/es de l’UEH qui croient à un lendemain meilleur

Depuis quelques jours, des informations circulant sur les réseaux sociaux font état des étudiants de l’Université d’État d’Haïti (UEH) qui dorment sur des chaises au sein de l’institution et à même le sol. Ils auraient pris cette décision pour éviter de traverser quotidiennement la vallée de l’ombre de la mort (Martissant). Mais aussi pour éviter d’emprunter d’autres voies périlleuses pour se rendre à l’Université. Pour vérifier l’authenticité des faits, le mercredi 01 mars, une équipe d’Impulse Web Medias est allée à la rencontre de ces étudiants.

Il est 11 heures 20 minutes. Sous un soleil de plomb, nous sommes au local logeant l’UEH principalement à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques. Le constat est alarmant. Dans certains coins de l’institution d’enseignement supérieur, des étudiants étalent leurs affaires soit sur des chaises, au sol et dans les fenêtres. Il n’y a aucun contrôle réel sur ce qui passe dans certains coins de l’UEH au point que notre équipe arrive à pénétrer l’espace sans être aperçue.

À la faculté de droit, plusieurs étudiants nous racontent leurs galères. Livergin Emmanuel est en 3ème année en Sciences Économiques. Depuis le 03 juin 2021, il était obligé de fuir sa maison à Martissant pour échapper à la fureur des seigneurs de guerre qui sèment la terreur dans la zone. Depuis lors, une salle à la faculté lui sert de refuge. Toutefois, il n’est pas le seul dans ce pétrin. Selon ses dires, ils sont au nombre de cinquante (50) étudiants/tes qui se servent des salles à la FDSE pour passer leurs nuits parfois sans sommeil à caresser leurs rêves. On peut se demander de quoi se nourrissent-ils? Comment s’organisent-ils pour prendre leur douche ? Laver ses habits ?

À ces interrogations, les réponses d’Emmanuel donnent du frisson. Mais quel frisson ? Un frisson avec un mélange de dégoût et d’horreur. “Se pa dèyè lekòl la nou benyen. Moun konn ap pase nan lari a y ap gade nou k ap vide ti dlo sou nou”. Pour se nourrir, ils s’organisent entre eux pour trouver de quoi manger.

Le rectorat de l’Université est au courant de la situation

Cela fait deux mois depuis que le rectorat de l’UEH a recueilli certaines informations personnelles de ces étudiants. Jusqu’à date, rien n’est fait concrètement pour venir en aide à ces universitaires. Livergin Emmanuel lance un cri d’alarme au gouvernement en place leur demandant de voler à leur secours.

Jean Wilkens Saint-Juste, un autre étudiant mémorant en Sciences Économiques a été lui-même attaqué par des individus mal intentionnés au moment où il s’apprêtait à franchir la barrière de l’Université. L’originaire du Sud informe qu’il a porté plainte mais son cas n’a pas été pris en charge. Il déplore les conditions difficiles dans lesquelles les étudiants évoluent. D’autres étudiants sur place ont uni leurs voix à Saint-Juste pour demander aux autorités concernées d’assumer leur responsabilité.

À l’UEH, ça va mal. Certains professeurs ne viennent pas travailler par peur d’être kidnappé. Il n’y a pas longtemps, un étudiant a été atteint d’un projectile alors qu’il se trouvait sur la cour de l’institution. Les étudiants n’ont pas la stabilité qu’il faut pour réussir leurs examens. Cette situation a été contraint les dirigeants de l’Université de l’État à diminuer la moyenne de passage à 53. Alors qu’auparavant, la moyenne de passage s’élevait à 59.

L’Université d’État d’Haïti fait face à de sérieux problèmes. Pas d’internet et absence d’électricité font partie du lot. Cela a une incidence négative sur l’apprentissage des étudiants qui n’ont pas la possibilité de payer leur frais de scolarité (500 gourdes). Ces derniers ont profité de la visite de notre équipe pour dénoncer certains individus qui auraient l’intention de faire de la misère des étudiants leur gagne-pain. Moïse Durandisse, étudiant mémorant en Sciences Économiques lance une mise en garde à l’encontre de ces individus. Il les demande d’arrêter cette mauvaise pratique sous peine de publier leur nom dans la presse. Dans la foulée, le futur économiste exhorte les autorités à tourner leurs regards vers les étudiants.

Il est à souligner que malgré les conditions difficiles dans lesquelles se trouvent les étudiants de l’UEH, ils sont déterminés à apprendre. Dans plusieurs coins de l’institution, on constate qu’ils étudient à tue-tête afin de réussir aux examens ou passer leur concours.

La péripétie des étudiants de l’UEH ne date pas d’hier. À la faculté de Médecine, ils ont aussi leur lot de problème. Ils sont au moins deux cent (200) qui occupent l’espace de l’Université. Un étudiant qui vient à peine de louer une cabane pour se loger nous raconte sa petite misère. Il s’est confié à Impulse Web Medias sous couvert de l’anonymat. Cet universitaire est en 2ème année à la faculté de médecine, il frise la vingtaine. Pour lui, la rentrée Sud de la capitale est un enfer. Avec un air triste sur son visage, il déclare ce qui suit : “Lè m leve nan maten ak 75 goud, mwen achte 5 dola manyòk. Mwen plen yon bidon dlo epi m aranje m pou m pase jounen an. Nan aswè m achte pen ak sik poum manje yon pen ak dlo sikre poum al dòmi”. Leur misère se renouvelle à chaque journée.

Fort de tout cela, l’on peut se demander que font les jeunes filles qui étudient à l’Université d’État principalement aux facultés des Sciences Économiques et de Médecine ? Ce même étudiant, nous confie que parfois les jeunes filles ne trouvent même pas de l’eau pour se laver correctement. “Yo sèlman achte yon ti sachè dlo, yo lave pati entim yo epi y al swiv kou” nous révèle -t-il.

Quoique la situation est exécrable, les étudiants de l’Université d’État d’Haïti sont obligés de s’accommoder pour poursuivre leurs études. Face à l’insécurité qui sévit un partout dans le pays particulièrement à Martissant, les étudiants ne peuvent pas traverser quotidiennement. D’une seule voix, ils demandent aux dirigeants de ce pays de mettre tout en œuvre pour établir un climat de paix et de sérénité sur tout le territoire national dans l’intérêt et pour le bien de tous.

À noter que les étudiants qui logent au local de l’UEH se divisent en deux catégories. Une Première catégorie qui prépare leur concours et/ou examens et une deuxième catégorie qui veut éviter l’insécurité qui règne à Martissant.

 

Interview : Lovelie Stanley NUMA

Partagez ceci

Esaüe JOACHIM

Je suis Esaüe JOACHIM, un passionné de l’information. Hormis mes formations en journalisme, J’ai une solide formation en matière d’administration électorale ainsi que sur le renforcement de la crédibilité et de l’acceptation des processus électoraux.