Économie

Économie mondiale : La réduflation, un élément très présent dans nos décisions économiques mais peu connu.

La crise sanitaire qui a frappé le monde ces deux dernières années a eu un impact lourd sur l’économie mondiale. Cette situation a permis aussi de constater les failles des chaines d’approvisionnement de l’économie mondiale. À titre d’exemple, la demande était tellement élevée pour les biens chinois que beaucoup de bateaux de transport repartaient vide en lieu et place d’être chargés de matières premières après avoir été déchargés en Amériques.

En plus les bateaux repartaient également sans conteneurs, ce qui a conduit à une pénurie de matières premières et de conteneurs. L’économiste principal des valeurs mobilières de la banque Laurentienne du Canada, Dominique Lapointe a même indiqué que le prix a quintuplé pour envoyer un conteneur de Shangaï à Los Angeles. Il estime que c’est l’une des causes de l’augmentation des prix au niveau mondiale et a également mentionné l’impact des délais d’attente pour avoir certains matériaux sur l’inflation.

Pour conserver leurs marges de profit dans un contexte pareil, les grands fabricants cherchent la solution la plus avantageuse soit augmenter le prix du produit ou en réduire la taille ou le volume. Habituellement, ils choisissent la deuxième option, car les recherches montrent qu’elle est moins sensible et visible. Une étude réalisée en 2014 par le Journal of Retailing a révélé qu’il était quatre fois plus probable qu’un consommateur achète un produit même si l’on en réduisait la quantité que si l’on en augmentait le prix sans changer le format.

Depuis la pandémie les prix grimpent de façon considérable. Il devient de plus en plus compliquer pour les fabricants de supporter à la fois les coûts élevés des matières et du transport. Ainsi, la réduflation est une façon simple pour eux de mieux faire avaler la pilule aux consommateurs et de contrer l’inflation.

Ce thème relève de principes économiques élémentaires, explique Sridhar Moorthy, titulaire de la chaire Manny Rotman et professeur de marketing à la Rotman School of Management de l’Université de Toronto. Il est traduit de l’anglais shrinkflation, une contraction de shrinking, autrement dit la réduction de la taille des produits, et d’inflation, soit la hausse des prix. Les études montrent que c’est le prix qui guide le consommateur. Ce changement plutôt « subtil » considérant que la forme, le logo ou le reste de l’emballage ne change pas, risque beaucoup plus de passer inaperçu. Et c’est là-dessus que capitalisent les compagnies pour leur production. La réduflation est utilisée pour contrer l’inflation. Ce stratagème légal utilisé par les compagnies pour garder leur marge de profit est un phénomène mondial et il se base sur les attentes des consommateurs, qui cherchent en permanence des aliments ou produits à bon prix. 

Qu’en est-il de notre chère Haïti dont sa consommation dépende en grande partie de l’importation? La réduflation va frapper de plein fouet l’économie Haïtienne dans la mesure qu’elle est très présente dans les pays avec lesquelles Haïti exerce ses relations commerciales. En ce sens, une répercussion directe sur le pouvoir d’achat de la population est à prévoir. En plus dans un pays où le droit des consommateurs est banalisé, ce phénomène incontournable peut être utilisé de façon abusive et malhonnête. 

Les autorités compétentes doivent surveiller là où cette astuce dépasse le cadre moral et c’est là l’enjeu majeur. Le risque de voir un mélange de l’inflation et de réduflation n’est pas à écarter. Les commerçants peuvent profiter de l’irresponsabilité de l’état pour non seulement augmenter les prix mais également diminuer la taille et la quantité ce qui se traduirait par une réduction du pouvoir d’achat de la population de façon exponentielle.

 

 

Darneley GAZEMAR

Expert en finance internationale

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.