Haïti/Presse : La protection et la sécurité des journalistes au cœur d’une table ronde de l’UNESCO
L’UNESCO et le Haut commissariat des droits de l’homme des Nations Unies ont organisé une Table ronde autour de la discussion sur la protection et la sécurité des journalistes hier mardi à l’hôtel Montana. Cette initiative vise à créer un climat de confiance mutuelle entre les institutions et organisations de médias et de journalistes représentées. Elle rentre également dans la lutte pour le respect de la liberté d’expression et la sécurité des journalistes.
Diverses personnalités ont pris part à cette activité sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes. Parmi lesquelles le Protecteur du citoyen, Me. Renan Hédouville ; l’inspecteur général de la PNH, Fritz St Fort ; le chef du cabinet de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) ; la représentante du Parquet de Port-au-Prince, la substitut Néhémie Jean-Baptiste. Des représentants d’associations qui militent pour le respect des droits de l’homme, d’associations de médias en ligne et de journalistes ont été aussi présents à cette discussion.
Intervenant sur la protection et la sécurité des journalistes, le Protecteur du Citoyen, Me Renan Hédouville croit que c’est une question fondamentale. Selon lui, la protection et la sécurité des journalistes font partie intégrante des droits de l’homme et la démocratie.
“Quand les droits des journalistes ne sont pas respectés dans une société, ça va mal pour le respect des droits humains et de la démocratie”, a-t-il soutenu. Le protecteur a rappelé que la bataille contre la dictature des Duvalier a été menée, en grande majorité, par des journalistes. À cette époque, les journalistes étaient aux côtés de la population pour lutter en faveur de la liberté d’expression et de la presse.
Selon le défenseur des droits humains, aux côtés des militants des droits de l’homme viennent les journalistes qui sont toujours attaqués par ceux qui veulent bannir la démocratie. “ À chaque fois qu’on attaque un journaliste dans l’exercice de sa fonction, c’est la démocratie qui est attaquée” renchérit-il.
« L’ Association Haïtienne des Médias en Ligne (AHML) croit que les efforts pour aboutir à la sécurité des journalistes doivent être les mêmes pour tous les membres de la population. Toutefois, il est à considérer que les journalistes ont besoin de protection pour couvrir des événements dans les zones réputées difficiles. Et, dans la lutte contre l’impunité, c’est également un combat de société incluant les journalistes », a soutenu Godson Lubrun, Président de l’AHML.
Le journaliste de Le Nouvelliste et professeur d’université Pharès Jérôme qui intervenait à cet atelier estime que de nos jours le travail des journalistes est lié à leur précarité. Il faut chercher à décanter ce qui est Journaliste de ce qui ne l’est pas en Haiti. Qui sont les médias et qui ne le sont pas.
Pour le responsable du Bureau des Organisations de Défense des Droits Humains (BODDH), Jacquenet Occilus, le volet pour la prise en charge des journalistes victimes ou parents des victimes est souvent méprisé. Aucune association, aucun bailleur de fonds ne donne une assistance financière pour assister les victimes et ses proches afin de faire avancer les dossiers.
Le Parquet près du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince à travers sa représentante réfléchit sur un engagement à créer une cellule d’informations sur les dossiers des journalistes victimes.
De leur côté, les représentants du haut commandement de la PNH Fritz Saint Fort, lnspecteur Général de la PNH et Jean Eddy Lahens, chef du cabinet de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) croient que dans un temps record une passerelle de discussions permanentes entre les associations de médias et journalistes et la PNH doit voir le jour.
En ce qui a trait à la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes, Me Hédouville a fait savoir que la société fait face à un problème d’intolérance. Les journalistes sont souvent considérés comme des emmerdeurs. Il faut lutter pour qu’il ait plus de tolérance dans la société. Selon le Protecteur du Citoyen, l’intolérance engendre les violations en matière de droits de l’homme.
Il faut souligner que les débats étaient très enrichissants et agités entre les différents acteurs concernés autour des discussions portant sur la protection et sécurité des journalistes en Haïti.
À l’issue de cette table ronde, l’UNESCO et le Haut Commissariat des Droits de l’Homme poursuivent les consultations entre les acteurs concernés et promettent de travailler sur les recommandations des partenaires afin de poser une série d’actions concrètes.
Lovelie Stanley NUMA
Crédit photo : UNESCO Haiti.