L’église catholique et la politique en Haïti.
Réflexions (9)
Haïti, selon la constitution de 1801 en ses articles 6, 7 et 8 de sa section “De la religion”, a toujours été sous la coupe réglée du Vatican.
Art.6- La religion catholique, apostolique et romaine y est la seule publiquement professée.
Art.7- Chaque paroisse pourvoit à l’entretien du culte religieux et de ses ministres. Les biens de fabriques sont spécialement affectés à cette dépense, et les maisons presbystérales au logement des ministres.
Art.8- Le gouverneur de la colonie assigne à chaque ministre de la religion l’étendue de son administration spirituelle, et ces ministres ne peuvent jamais, sous aucun prétexte, former un corps dans la colonie.
En revanche, sous la présidence de François Duvalier, la constitution de 1964, en ses articles 179, 180 et 181, l’église catholique a été évincé de la vie politique en Haïti.
Art.179- Établissement d’éducation officiel ou privé ne peut refuser des élèves en se fondant sur la nature de l’union de leurs parents ou tuteurs, ou sur des différences sociales, raciales, politiques ou religieuses.
Art.180- Il est nécessaire, pour enseigner, de justifier de ses capacités de la façon que précise la loi.
L’enseignement de l’Histoire et de la Géographie d’Haïti, de la Morale Civique et de la Constitution qui régit le peuple devra devra être donné dans tous les établissements d’éducation, qu’ils soient publics ou privés, par des professeurs haïtiens.
Art.181- La richesse folklorique, artistique, archéologique et historique du pays fait partie du trésor haïtien. Elle est placée sous la protection de l’Etat et est soumise à des lois spéciales qui en assurent la conservation et la sauvegarde.
L’Etat haïtien, avec François Duvalier au pouvoir, a pu jouir effectivement de certaines prérogatives, notamment à travers le choix des cinq évêques haïtiens qui ont été nommés et ordonnés le 28 octobre 1966, en l’occurrence Claudius Jean Jacques Angénor, Rémy Augustin, François Wolf Ligondé, Emmanuel Constant et Jean-Baptiste Décoste.
Mais, comme le fils n’est pas le père, Jean-Claude Duvalier, qui est arrivé au pouvoir en 1971, avait renoncé à ce privilège, en acceptant la visite du pape Jean Paul II en Haïti le 9 mars 1983.
Débarqué à l’aéroport international François Duvalier, le Pape, baisant la piste d’atterrissage, avait prononcé ces paroles devenues célèbres : “Il faut que quelque chose change “. Dès lors, c’est le Vatican qui nomme évêques et archevêques. Cette renonciation a été confirmée par une convention signée le 8 août 1984 au Palais national entre le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Robert Estimé, et Archille Silvestrini, secrétaire du conseil pour les affaires publiques de l’Eglise comme représentant du Vatican. Cette convention a, en effet, révisé les articles 4 et 5 du concordat. Pierre Pompée, qui était à l’époque ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès du Vatican, a joué le rôle de facilitateur. Il est à noter que, c’est sous la présidence de Jean-Claude Duvalier, les relations entre le Saint-Siege et Haïti ont été des plus cordiales depuis plus de 150 ans, et qu’aussi, cette visite du Pape, a laissé un gros vide dans l’économie haïtienne.
En 2020, où en sommes-nous, politiquement, sous la tutelle du Vatican?
Jouissant, encore aujourd’hui, de toutes ses prérogatives sur la politique en Haïti, l’église catholique, par la voix de son archevêque de Port-au-Prince, Mgr Max Leroy Mésidor, a prononcé son homélie, dans une cathédrale de le 22 octobre 2019, en la mémoire liturgique du saint Pape Jean-Paul II, dans laquelle Mgr Mésidor a, d’ailleurs, réaffirmé que “quelque chose doit changer dans ce pays”, citant les paroles du Souverain Pontife polonais lors de son voyage apostolique sur l’île il y a 36 ans.
“Face à cette situation dangereuse, j’invite le chef de l’État, le parlement, la classe politique et tous ceux qui veulent aider Haïti, à écouter la voix de la sagesse”, a ajouté Mgr Leroy Mésidor devant des centaines de fidèles qui, peu auparavant, avaient participé à une marche dans les artères de la capitale.
En définitive, le pays a eu, de 1957 à 1986, que l’on soit pour ou contre cette période, un long règne de sécurité (politique, sanitaire, alimentaire…)
Ce n’est qu’après le 7 février 1986, et aussi après que le vœu du Pape Jean-Paul II commençait a être exaucé, que Haïti, aujourd’hui encore, se trouve dans un labyrinthe politique.
En janvier 2020, sous la demande du palais national, dit-on, a accepté d’ouvrir les portes de la Nonciature apostolique en vue de faciliter les pourparlers entre le pouvoir actuel et l’opposition en général.
La question est: à quoi le pays doit-il s’attendre de BON de ces nouvelles discussions?, après que le Mgr Mésidor a souhaité que “quelque chose change dans ce pays”.
Réfléchissons!
Sérieusement!
Jarry JACQUES
Montréal, 30 janvier 2020