La cité de Dieu !
Dieu était pressé
Il créa la cité
Imparfaite, misérable
Avec des mots usés
Des mots laids
Perdus dans le bruit
Sourd des vallées
Bordées de montagnes chauves
Là, la misère crue
Marque les visages,
Mord les regards
Perdus, vides.
Le soleil s’y déshabille
Et laisse ses traces
Dans le sable lavé
Dieu créa la cité
Sans se regarder
Elle ne lui ressemble pas
Elle est à l’envers
Elle est grincheuse
Violente et repoussante
Là, la vie est calvaire
L’existence un éclair,
Mourir jeune,
Une délivrance
Un gain inestimable
La longévité est
Rebutée, crainte
Trop de luttes
D’amertume, de deuils
Incompris, incomplets.
Les rêvent deviennent poussières
À l’abri des caprices d’Erol
La mort est partout
Et marchent dans les rêves
Les morts ornent
Les toits et les caniveaux
Sous le soleil de midi
La puanteur saoule
C’est l’aphrodisiaque
Des chasseurs d’âmes
Dieu créa une cité
Éclairée par une lune de sang
Une citée ensorcelée, maudite
Les destins sont tracés
Les mères deviennent
Des marâtres endeuillées
Qui emplissent les cimetières.
Les frères mangent les frères
Dans la moiteur de l’été
À chaque montée de la marée
Les vagues noires
Versent une larme
Sur les rives pâles
De cette terre ivre
Étonnamment vieillie
La cité de Dieu
Est une fosse
Qui s’émeut
Devant chaque nouveau cadavre
Qui fuit l’indigence
Et la folie des hommes
LEPS le MAGnifik