ENVIRONNEMENT

SOMMET: LE NUCLÉAIRE PÈSE SUR LES AMBITIONS CLIMATIQUES DE L’UNION EUROPÉENE

La question du nucléaire a suscité des tensions, ce jeudi 12 décembre, dès l’ouverture du sommet européen où trois pays de l’Est, l’ambition du “Pacte vert” tout juste lancée, ont invoqué les difficultés que leur pose l’objectif d’une neutralité carbone à l’horizon 2050.

Pour son premier sommet, le nouveau président du Conseil européen, Charles Michel, va devoir convaincre la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, pays encore très dépendants des énergies fossiles et en particulier du charbon. Les Européens sont appelés à endosser cet objectif de neutralité climatique au moment où la COP25 de Madrid touche à sa fin.
Mais l’entreprise s’annonce longue et difficile. “Nous ne pouvons pas donner notre accord à un modèle de transformation économique dont pâtirait la société polonaise”, a d’emblée averti le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.
“Le coût de la transformation énergétique en Pologne est de loin plus élevé” que dans d’autres pays, a-t-il souligné, estimant que “le délai pour atteindre la neutralité carbone doit varier en fonction du niveau de développement économique des pays”.
Côté tchèque, le Premier ministre Andrej Babis a chiffré à “probablement plus de 30 à 40 milliards” d’euros le coût de cette transition. “C’est pourquoi nous devons discuter et pas juste promettre quelque chose sans analyse”, a-t-il dit.

Pour aider les régions et les secteurs les plus “vulnérables” dans cette transition vers une neutralité carbone, la Commission a prévu un “mécanisme de transition juste” qui pourra mobiliser 100 milliards d’euros d’investissements. Prague voudrait que le nucléaire, qui n’émet pas de CO2, soit explicitement mentionné dans les conclusions du sommet. Une telle reconnaissance pourrait avoir des conséquences financières, en ouvrant droit à des aides à la transition.
“Sans le nucléaire, ce n’est pas possible pour la République tchèque”, a averti M. Babis qui s’en est pris au passage à l’Autriche, pays opposé au nucléaire tout comme le Luxembourg et l’Allemagne.
“Ce matin, à 7H45, les Autrichiens ont consommé 23% d’électricité tchèque, la Slovaquie 30%. Si nous n’avions pas fourni de l’énergie à l’Autriche, un quart des habitants ne pourraient même pas se faire un café”, a-t-il tweeté avant le sommet.

La perspective de reconnaître le nucléaire fait s’étrangler le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel. “Chaque pays est libre de choisir son mix énergétique, mais que ce soit financé avec de l’argent du contribuable européen, non, je ne suis pas pour”, a-t-il averti.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a aussi réclamé “une garantie financière claire”, ajoutant que “sans énergie nucléaire, il n’y a pas d’économie européenne neutre” en carbone.
Une position soutenue par le président français Emmanuel Macron, qui a assuré que le nucléaire “peut faire partie” du bouquet énergétique des pays européens sur la route de la neutralité carbone. “Chacun doit pouvoir bâtir sa transition à sa main”, a dit le chef de l’Etat français, alors que plus de 70% de l’électricité produite dans l’Hexagone est d’origine nucléaire. “Le GIEC l’a reconnu: le nucléaire fait partie de la transition”.
Le projet de conclusions du sommet, vu par l’AFP, dans lequel l’UE inscrit cet objectif de 2050, reste ouvert sur les moyens pour y arriver. Il appelle au “respect du droit des Etats membres à décider de leur bouquet énergétique et à choisir les technologies les plus appropriées”.

Esaüe Joachim
IMPULSE WEBMÉDIAS

Source: AFP

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.