ÉDITORIAL

Haïti : Caverne de la Mort triangulaire

Mouvement Point Final :Editorial Haïti 2050 #2

Tentons d’évaluer la mortalité en Haïti durant le règne de Jovenel Moïse. Il faudrait avant tout prendre en compte trois paramètres parmi tant d’autres. À savoir, l’Insécurité Alimentaire, le Banditisme/Gangs Armés et l’Insécurité Sanitaire dûe à la Pandémie de Covid-19.

A) L’Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle

Durant ces 5 dernières années, la production agricole en Haïti a connu une chute considérable. La cause, une absence totale de politique agricole du régime en place. La Caravane du changement de  Jovenel Moïse est passé et a brisé la production nationale du Pays.

Point de banane dans certaines régions. Point de riz dans la Vallée de l’Artibonite. Les bureaux communaux agricoles sont dysfonctionnels et non opérationnels même durant les deux saisons agricoles (Printemps et Hiver). Tenons compte des derniers rapports du Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CNSA).

L’on verra que c’est une catastrophe agro-alimentaire. Elle s’est aggravée suite à la dépréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar américain. Cette réalité a aggravé encore le niveau de vulnérabilité déjà catastrophique de la population haïtienne. Mise à part de l’absence de la politique publique de production agricole, on peut considérer les paramètres suivants.

Ils ont gravement affecté le niveau de sécurité alimentaire durant les années 2020 et 2021. L’urgente problématique de Covid-19 à travers le monde qui a diminué le taux de transfert vers Haïti. L’absence des membres de la diaspora a aussi ses conséquences.

Le dangereux phénomène de gangstérisassion institutionnalisé est le dernier coup de massue assené à l’économie. À Marchand Dessalines et à Savien par exemple, les gangs armés ont pris en otage toutes les terres cultivables. Ils empêchent ainsi aux producteurs de riz de travailler. Le ralentissement du transport inter-urbain qui affecte considérablement l’économie.

Non seulement en terme du tourisme local en paie le coup mais aussi au niveau du Commerce. À cause du siège de Martissant par les bandits légaux, les denrées venant de plusieurs villes de province ne peuvent atteindre la capitale. Les compagnies agro-alimentaires de Port-au-Prince ne peuvent pas livrer leurs commandes en Province.

C’est un véritable “peyi lòk”, causé par les partisans du pouvoir. C’est une économie en perpétuel decrescendo. Le Phénomène du Kidnapping qui a décapitalisé les familles haïtiennes. Il a provoqué une nette dépréciation de la monnaie nationale. Les rançons sont exigées en US dollars. Donc, l’ensemble de ces paramètres affecte considérablement la sécurité alimentaire en Haïti durant ces dernières années.

Malgré tout, le Gouvernement aurait pu compter parfois, sur l’aide alimentaire au niveau de la Coopération Internationale. La Coopération Taïwan/Haïti, malhonnêtement a fourni les tonnes de riz au gouvernement Haïtien. Ce dernier a pris le prétexte de les transformer ces aides en action de développement durable à travers le  Bureau de Monétisation des Programmes d’Aide au Développement ( BMPAD). Le gouvernement a détourné ces aides au profit des bureaucrates du régime PHTK. C’est un non-sens.

Même en ce qui a trait, à la Politique Publique de lutte contre la malnutrition. Le Gouvernement en place n’a rien fait pour venir en aide à des milliers d’enfants souffrant de Malnutrition et qui en meurent. Si on tient compte des statistiques du CNSA, entre 5,5 à 6 millions d’habitants pataugent dans l’insécurité alimentaire actuellement.

S’en souvient-on, Haïti fut jadis essentiellement agricole. C’est une honte nationale, de se voir classer en première position dans la région de l’Amérique latine et caribéenne en situation d’insécurité alimentaire grave. Donc, les gens meurent de faim et de la malnutrition d’une manière frustrante et révoltante. Et ce, sous les regards passifs et complices des autorités nationales sous l’assistance des Agences des Nations-Unies, PAM, FAO et UNICEF.

 

B) Le Banditisme, le Kidnapping et les Gangs armés

 

À partir de juillet 2018, spécialement ce fut la grande mobilisation populaire. Les 6-7 et 8 juillet elle s’est soulevée contre le budget criminel du régime en place. Depuis lors, l’insécurité liée au banditisme et au kidnapping s’est installée comme mode de gouvernance. On assiste à des massacres en série dans les quartiers populaires de Port-au-Prince.

Le Phénomène du kidnapping par ci par là, devient une entreprise florissante. Les kidnappeurs parlent publiquement de Maisons d’affaires, de Bric à brac (Plane). L’Etat n’en pipe mot et bien contraire se fait même complice des cas d’enlèvement. Le pire dans tout cela, les autorités n’ont rien fait pour démanteler ces gangs armés.

Bien au contraire, en partenariat avec des responsables des Nations-Unies en Haïti, elles leur ont fourni les moyens de se fédérer. De peu Madame Lalime du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH ) les aurait qualifiés de Héros de la Paix et de la Sécurité Nationale (HPSN). Ainsi, les Gangs Armés se sont organisés en une Structure Puissante. G9 en famille et Alliés ayant pour slogan “manyen youn, manyen tout” ont reçu carte blanche pour semer la terreur à travers tout le pays.

Mais, les quartiers populaires de Port-au-Prince, foyers traditionnels de résistance en paient les prix fort. Vies et biens de la population paisible sont en danger permanente. Une situation qui fait qu’on considère Haïti comme une entité chaotique ingouvernable. L’éminent Docteur en Droit Public, Me. Monferier Dorval a parlé d’un pays qui n’est ni dirigé ni gouverné. Cette déclaration historique lui a valu la vie.

Aujourd’hui, on assiste à une guerre territoriale entre les Gangs armés à Port-au-Prince. Plus de 10.000 habitants de Martissant et de Fontamara ont dû fuir leurs demeures respectives. Ils se sont réfugiés dans des sites inadaptés et des places publiques dans la région Métropolitaine. Certains ont préféré s’éloigner dans d’autres villes de province. C’est une véritable violation des droits humains. On tue les gens comme l’on veut.

Les cadavres des victimes sont abandonnés à la merci des chiens errants pour être dévorés rageusement. Les odeurs nauséabondes irritent les narines des riverains et des usagers de la route nationale # 2. Voici un bref rappel des attaques et des massacres dans les quartiers populaires de Port-au-Prince. Cette statistique prend de 2019 à 2020. Elle se base sur les rapports des organismes de droits humains.

1) Le Massacre de la Saline du 13 novembre 2018 a fait 73 morts.

2) Le Massacre de Carrefour Feuilles dans la nuit du 24 avril 2019, bilan 10 morts.

3) Les Massacres à Cité Soleil de janvier à mai 2021 ont fait 44 morts et de mai à Juin 2021, 30 morts.

4) Les Massacres de Bel’Air de 2020 à 2021 ont fait en tout 101 décès. Dont, août à décembre 2020, 36 morts. De mars à mai 2021, 45 morts. De mai à juin 2021, 20 morts.

5) Massacre à Martissant du 1er au 6 juin 2021, 20 morts.

6) Nombre de Policiers tués de janvier à juin 2021, 32 cas.

7) Port-au-Prince, Centre-Ville le nombre de personnes tuées au cours du mois de juin 2021, 100.

 

Pour les cas de Kidnapping enregistrés de janvier 2020 à juin 2021, 950 ce qui donnent une ration de plus de 50 cas par mois. Les rançons demandées par cas de kidnapping varie de US$ 10 000 à US $ 50 000. Par exemple, la mère du Révérend Père Anel Joseph, kidnappée en avril 2021 avec 8 autres hauts dignitaires de l’église catholique ont été de $ 50 000 US.

Donc, un mois de kidnapping apporte au minimum US $ 500 000 aux Bandits pour un total de US $ 9. 500 000 aux Gangs armés, sans compter les subventions directes reçues par le Gouvernement en place.

 

C) L’insécurité sanitaire avec la Pandémie de Covid-19

La 1ère vague de la Pandémie de Covid-19 durant l’année 2020 n’a pas été désastreuse. Mais la 2ème a déjà frappé très fort. Les 2 variants Anglais et Brésilien sont arrivés avec un taux de contagiosité et de mortalité très élevé. Malheureusement, les statistiques du Ministère de la Santé Publique se basent uniquement sur les chiffres institutionnels sans tenir compte des cas communautaires.

Tandis que culturellement, nos compatriotes en milieu rural ont du mal à se rendre à l’hôpital. Donc, si on veut tenir compte des chiffres approximatifs des statistiques de Covid-19, il faut multiplier le bilan des personnes testées positives à la Covid par 100 et le taux de décès au moins par 20.

Tenons compte du rapport du 4 juin 2021 du Ministère de la Santé Publique. L’on aura alors pour 88,657 personnes testées, on trouve 18,460 de cas positifs à la Covid-19. 2.991 personnes sont hospitalisées et 420 décès. Or, les cas communautaires ne sont pas recensés. À cause de la Pandémie l’on a tendance à oublier certaines réalités courantes.

Les maladies chroniques continuent à faire des décès. Mais malheureusement, la Covid-19 a volé la vedette aux dépends des autres pathologies. Donc, Haïti est devenue une Caverne de la Mort ces jours-ci avec ce triangulaire infernal qui se résume en Insécurité alimentaire, Insécurité liée au Banditisme et de l’Insécurité Sanitaire avec l’avènement de la Pandémie de Covid-19.

 

Fait à Léogâne le Mardi 29 juin 2021

 

Ulysse Jean Chenet,

 Coordonnateur du Mouvement Point Final

 Téls.: ( 509) 4183 9811 / 4458 0309

 Email: mouvementpointfinal@gmail.com

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.