Sud-Est-Société : Portrait de Madame Guithner Dabady, une centenaire
Connu sous le sobriquet de ”Man Ya”, Madame Guithner Dabady est la doyenne de Jacmel. Née Ariane Vaval, elle est originaire de la commune de Cavaillon dans le Sud. Centenaire, elle ne se souvient pas de la date exacte de sa naissance. Mais elle sait pertinemment qu’elle aura 105 ans au cours de cette année. Man Ya, nous informe qu’elle a vu le jour sous la présidence de Sténio Vincent entre 1930 et 1941.
Née Ariane Vaval, et d’inspiration chrétienne, elle ne manque jamais un service dominical dans son église, nous a-t-elle confié. Dans une ambiance à nulle autre pareille, mêlée d’histoires anciennes, Man Ya nous raconte que son père Klébert Vaval fut spéculateur. “Aaaa, pitit mwen! Nan epòk sa a, fò m di w, papa m pa t pi piti an, eli pa t pi gwo an tou”. Sa mère Dinatile Platon était une commerçante.
La doyenne a laissé sa commune natale sous le maire Pauleus Duverseau, sous les Duvalier. Mariée à Guithner Dabady, elle ne se souvient non plus de la date ou ils ont consacré cette union. “Ou konnen tèt la pa la”, lâche-t-elle. Paradoxalement, elle se souvient de la date de rupture avec son mari, tu sais, je dois t’expliquer, nous sommes séparés pour une petite histoire banale « Si se te koulya, m pa t ap separe non ».
Mme Guithner Dabady se souvient de l’année de sa séparation avec son conjoint soit en 1954. Nous avions une fille unique Madame Jean Hilaire Née Rosmarie Dabady. Elle est morte à 62 ans lors du séisme du 12 janvier 2010. Ce triste souvenir a changé l’atmosphère. Man Ya” d’un air triste nous résume la tragédie. “Si m pa t pèdi pitit sa a, mwen t ap anvi viv”, a-t-elle déclaré.
Elle raconte ses péripéties de mère dans une famille monoparentale pour prendre soin de sa fille. « Je faisais toutes sortes de travaux pour prendre soin de ma fille. Mais, la vie est ainsi faite. Elle a des hauts et des bas. Dieu a donné, Dieu a ôté, que son nom soit béni ». Elle a repris confiance en elle. La mère de famille se réjouit pour ses neufs petits enfants que sa fille a laissés. Elle est à sa 3ème génération et s’est montrée satisfaite de ses réalisations.
Avec beaucoup d’euphorie, elle nous en parle. « À mon jeune âge, je ne faisais rien qui pourrait déplaire à Dieu. Partout on m’accueillait comme une reine. Ma troisième petite fille et son mari m’encadrent beaucoup. “Wouy…, lè m di w sa a mwen ak yon rèn pat gen diferans”. Grâce à Dieu, je me porte bien, j’ai des douleurs avec l’âge. Dans mon jeune âge, je ne faisais rien qui déplaise a Dieu. Actuellement, je peux me rendre à Port-au-Prince à pied, plaisante la doyenne de cent cinq ans.
Marcia MOĪSE
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