Haïti/Éducation : ‹‹ Mwen se sitwayen›› fraie la voie
Le curé de la paroisse Sainte-Cécile de ti beton, à Jérémie, le révérend Père Alick Revange, vient de filer son costume de citoyen engagé. Avec son regroupement baptisé ‹‹Mwen se sitwayen››, il s’est dressé contre la descente aux enfers du civisme et de la morale, le révérend Père s’érige en bon parent. Leader pluridimensionnel, le père Alick initie, en dehors de son manteau sacerdotal, des formations liées à l’éducation civique, culturelle et financière dans la Grand’Anse.
Religieux conscient, citoyen convaincu, prête éclairé et conséquent, tous ces qualificatifs louent la prouesse son dévouement. Entre foi chrétienté et patriotisme né, le révérend Père partage son âme pour la sauvegarde d’un patrimoine civique au bord du gouffre. ‹‹ Nous venons d’entamer toute une série de formations à l’éducation citoyenne. Nous sommes à notre 2ème séance ››, s’est-il réjouit.
Le prêtre a tenu à souligner que son objectif consiste à former des gens issus de toutes les couches sociales (bitasyon, lakou,etc). « Dans une perspective de perpétuation des valeurs et acquis citoyens, ces formations serviront d’encrage pour une société plus inclusive et participative ». C’est ce qu’a indiqué le prêtre. Alick Revange a continué pour faire savoir dans un ton rassurant.
‹‹ Tout ce qui se passe dans le pays est le résultat d’une inconscience commune. Cela ne saurait arriver si les citoyens en étaient tous conscients ››. En ces thèmes s’est indigné le prêtre catholique. Il a continué pour rappeler que ‹‹Mwen se sitwayen›› est fortement impliqué dans le projet. À en croire le père Alick, l’homme citoyen haïtien doit être au centre des débats sociaux. « La formation du citoyen engagé ››, est devenu l’ADN du religieux.
Autour de cette thématique, l’haïtien saura mieux se comporter en bon éducateur et gardien des prérequis civiques et humains. C’est ce qu’a laissé entendre le saint gardien de la paroisse Sainte Cécile. Le religieux signale que la deuxième série de formations intégrera la lutte pour la sauvegarde et la protection de l’environnement écologique.
‹‹ Cette autre formation aura à favoriser un engagement moral de l’haïtien à l’égard de sa nature››, s’est convaincu le père Alick. ‹‹Mwen se sitwayen››, à part son engagement citoyen, s’est dit conscient de l’inconstant état économique du pays. La non intégration des petites familles dans l’économie, la valorisation des micros entreprises sont au coeur de ses préoccupations primordiales.
‹‹ Des formations autour de l’économie solidaire ou la mutuelle solidarité dans les “bitasyon”, des droits humains et devoirs du citoyen, ne sont pas négligeables ››, a-t-il rassuré. Le prêtre n’a cessé de chanter les louanges et la volonté des citoyens et citoyennes d’être des intéressés du savoir.
Le Saint-Père est parti d’une philosophie assez simple mais toute aussi récurrente : ‹‹ Former pour transformer ››. De par ce principe, le religieux croit important d’inculquer les notions civiques à des générations qui se veulent être promotrices d’un réel changement. ‹‹ C’est une philosophie, c’est une idéologie culturelle, sociale et politique ››, a lâché le sacré homme qui insiste parallèlement sur la nécessité de transformer par l’action.
Il s’en est pris aux bureaux de transferts et de change qui s’amusent à mener des actions illicites. Le curé de la cité des poètes a incité les victimes à la révolte contre toutes les pratiques mafieuse des maisons de transferts relatant que ‹‹l’état actuel est un État kidnappeur››. Il ne joue pas son rôle régulateur du marché monétaire.
Quand le curé prend le revers du référendum et des élections.
« Le climat n’est pas propice à l’organisation d’élections cette année ». Ainsi, s’est positionné le Curé de la Paroisse Sainte Cécile de Ti Belon, à Jérémie, le révérend Père Alick Revange. Dans un élan purement citoyen, il informe que le mouvement dénommé « Mwen se sitwayen » a initié les gilets rouge et bleu.
C’est bien dans l’objectif de mettre fin à la pratique des votes monnayés. Le chef religieux se dresse contre cette pratique qui consiste à « renforcer la corruption et la mauvaise gouvernance ››. Le père Revange souligne que ceux et celles qui se sont laissés/es monnayé/es en échange de leur vote ont contribué activement dans la débâcle du pays.
Mais, il n’est pas le seul à s’inscrire dans cette démarche citoyenne. On se souvient des démarches de prière de la Conférence Episcopale lors de l’enlèvement des religieux à la Croix-des-Bouquets. Ou encore de l’initiative des congrégations protestantes en pleine rue de la capitale pour dénoncer la corruption, le vol au sein de l’État. Les multiples initiatives visant à dénoncer l’impunité, le kidnapping et le refus manifeste du pouvoir en place de garder le statut quo dictatorial.
Dans la logique d’une démocratie participative et éclairée, le père Alick Revange ainsi que son regroupement restent fermes à la barre. Ils s’ajoutent à la liste des promoteurs des droits humains, protecteurs des acquis républicains et avant-gardistes de la volonté souveraine du peuple haïtien de se faire valoir convenablement.
Kleef Gladstone Dumersaint