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Coup de maître du président Jovenel Moïse.

Réflexions (8)

La politique haïtienne, le lundi 13 janvier écoulé, a pris un nouveau départ pour le quinquennat du président Moïse qui a su résister face aux différentes manifestations organisées par les opposants à son pouvoir.

Par son refus catégorique de s’asseoir avec le locataire du Palais national en vue de trouver un modus operandi à cette longue crise, comme je l’avais souligné dans mon texte “Politique de la corde raide” du 21octobre de l’an dernier, l’opposition, dont certains membres se trouvent sans siège au parlement, sont en train de se mordre le pouce.

En effet, le mandat de la quasi-totalité des parlementaires haïtiens, qui n’avaient pas pu s’entendre sur les modalités de nouvelles élections en novembre de l’année dernière, est arrivé à terme le deuxième lundi de cette nouvelle année, et le président Moïse, constatant la caducité du parlement, a anticipé en donnant officiellement un point de presse dans l’après-midi au palais national pour formuler son regret quant à cette situation:
« Au niveau de l’exécutif, nous n’avons pas la velléité de ne pas organiser les élections dans le pays, mais nous sommes dans une situation de fait et c’est pour cela que je profite de l’occasion pour dire qu’il s’agit d’une opportunité historique pour que, nous les forces vives, nous nous mettions ensemble pour parvenir à trouver la bonne direction pour le pays. », a déclaré le président Moïse.

Par ailleurs, l’échec cuisant et même prévisible du mouvement “Peyi lòk” a permis à Jovenel Moïse de se refaire une santé politique à la suite de ces mois de turbulence, et aussi aux parlementaires du PHTK qui, depuis le début de la crise, ne s’étaient jamais fait entendre, et qui aujourd’hui siègent à la chambre haute, en l’occurrence, l’élu du Sud, Pierre François Sildor, comme nouveau président du Sénat. Quel joli coup!

En revanche, l’élection du nouveau bureau constitue un revers pour les sénateurs du deuxième tiers, dont Jean-Marie Junior Salomon, dans leur stratégie, plutôt dévoilée, de conserver leurs sièges, s’était présenté en qualité de président du Sénat qui compterait 19 élus.

Quelques minutes après son élection M. Sildor a appelé ses collègues à participer aux séances à partir de ce mercredi 15 janvier 2020.

Or, selon Jovenel Moïse, l’absence des députés et des deux tiers des sénateurs permet une économie budgétaire de plus de 14 millions et demi d’euros. Une somme, dit-il, qu’il voudrait allouer à la construction de dix lycées dans le pays, quoique le montant évoqué soit celui de l’année fiscale 2017-2018 car aucun budget national n’a été depuis approuvé.

En outre, ce “vide institutionnel, selon le chef du palais national, est une occasion historique pour les acteurs de se mettre ensemble en vue d’engager les réformes qui doivent aboutir à la transformation de cet État prédateur en un État serviteur qui mettra un terme à cette crise permanente qui hypothèque l’avenir du pays”, a écrit Jovenel Moïse sur son compte twitter dans un second message.

L’exécutif, selon Jude Charles Faustin, a fait tout son possible pour éviter le vide institutionnel en acheminant en août 2018 le projet de loi électorale qui n’a pas été voté. Ainsi, le deuxième groupe des sénateurs ne saurait bénéficier de la même prolongation inconstitutionnelle de mandat à laquelle le premier groupe entré en fonction en 2015 a eu droit en 2018.

“L’État va continuer à fonctionner, des mesures paraconstitutionnelles seront adoptée, notamment celle de monter un gouvernement comme cela a été fait dans le cas des autres présidents qui se sont retrouvés dans la même situation », a estimé le conseiller du chef de l’État, soulignant que des pourparlers entre les acteurs politiques se poursuivent afin d’accoucher d’un accord d’ici cette semaine.

En définitive, l’administration Moïse-Lapin a su tenir bon face à tous ces mouvements de protestation qui, s’il n’y avait pas de l’opposition dans l’opposition, auraient pu coûter le pouvoir à l’actuelle équipe gouvernementale. Toutefois, cette dernière arrivera-t-elle, à partir de ce nouveau départ, à matérialiser leurs différents projets avant le 07 février 2022?

 

Jarry JACQUES
Montréal, 14 janvier 2020

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.