Haïti: Des centaines de femmes ont marché à Port-au-Prince ce 3 avril à l’occasion de la journée nationale du mouvement des femmes haïtiennes
Des centaines de femmes ont défilé à travers les rues de la capitale haïtienne, ce samedi 3 avril, pour exiger le respect de la constitution de 1987 que le président Jovenel Moïse souhaite à tout prix changer par référendum.
«Il y a 35 ans, je n’étais pas encore née lorsque les femmes sont descendues dans les rues pour exiger leur participation au processus de démocratisation, donc Je suis sortie aujourd’hui pour dire non à la dictature, je suis sortie parce qu’en tant que citoyenne le pays m’appartient et je dois y vivre », a déclaré Gaëlle Bien-Aimé, l’une des organisatrices du mouvement.
Le 3 avril est la journée nationale du mouvement des femmes haïtiennes, durant l’ année 1986, 30 000 femmes ont défilé pour réclamer une meilleure inclusion en politique, deux mois après c’était la chute de la dictature des Duvalier.
Pour clore cette journée, Pascale Solages, féministe et membre de la structure Nègès Mawon, en a profité pour retracer l’historicité de la date du 3 avril. Elle explique pourquoi aujourd’hui les femmes descendent dans les rues. Selon elle, les femmes sont confrontées à la situation de terreur du pays sous les yeux méprisantes des autorités haïtiennes.
Soulignons que de nombreuses organisations et groupements de femmes ont pris part à cette journée de mobilisation, notamment femmes engagées, SOFA, Dantò, MTV, Fanm Yo La, Nègès Mawon , Fanm Vannyen, pour ne citer que celles-là. À Jacmel également, l’association AZAMA a organisé une journée de réflexion autour du thème :«Kijan 3 avril 1986 kapab enspire fanm yo nan batay kap mennen jounen jodya» avec les structures organisées de femmes autour du droit à la vie et la constitution de 1987 qui est menacée.
Sous l’impulsion des mouvements de femmes haïtiennes, le pays a réalisé de nombreuses avancées dans la lutte pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.
Notons qu’en période de crise, les niveaux de violence domestique et d’exploitation sexuelle augmentent, d’une part parce que les ménages sont soumis à des tensions croissantes dues aux préoccupations liées à la sécurité, à la santé et à l’argent, et d’autre part du fait des cadres de vie souvent exiguës. Ces types de violences affectent de manière disproportionnée les adolescentes, les femmes handicapées, les femmes issues de milieux défavorisés, les femmes aidant aux tâches ménagères, et les femmes migrantes. Dans le contexte actuel, nous devons tous rester vigilants et d’agir pour prévenir et sanctionner les violences à l’encontre des filles et des femmes selon les dispositions de la loi.