Comprendre les dilemmes de la PNH, plus d’un quart de siècle après sa création
Comme comprendre c’est «l’expression de la faculté de saisir les choses, les raisons ou les phénomènes, de concevoir les caractères d’une classe donnée, d’un concept, et de ceux qui en découlent logiquement », donc ce texte se propose de comprendre les principaux obstacles qui, en général, entravent les pratiques managériales de la PNH durant ses vingt-cinq années d’existence.
Sur papier, le rôle de la police est censé de protéger et servir la population, riche ou pauvre….mais du fait qu’elle est un élement de l’ensemble des institutions étatiques qui sont corrompues, immédiatement après sa création, elle est devenue un instrument de repression au service d’une classe dominante. Par conséquent, penser à finir avec les violences des agents de la PNH sur la population sans se débarrasser de cette classe repressive et retrograde qui l’a créée, c’est mal comprendre l’institution policière et Haïti en général. Puisque étant le bras armé du patronat et des élites politiques dans un contexte de nouvel ordre mondial où l’idée de la democratie est devenue une exigence, donc l’institution policière assure un rôle bien précis dans la société haïtienne.
Ainsi, chercher à comprendre la PNH, c’est d’abord traverser plus de vingt-cinq ans de la prise en otage de cette force de sécurité par une poignée de politiciens et des hommes et femmes d’affaires sur le terrain, qui dans bien des cas, veulent garder le statuquo d’un système pourri et corrompu. Quand aux ‘’bons amis d’Haïti’’ qui sont dans des ambassades à Port-au-Prince, indirectement, la PNH est aussi prise en otage par la communauté internationale qui, en 1994, était à l’origine de la création de cette institution dont leur mission officielle était non seulement de protéger et servir la population haïtienne, mais aussi d’aider au processus démocratique.
De plus, on ne peut pas faire semblant de parler de la PNH, si on ignore que la nouvelle force publique avait connue, dès l’arrivée au pays des premiers agents venant du centre de formation de Saskatchewan, Regina au Canada, des débuts hésitants par manque de planification, de cohésion, de matériels d’équipements et de compétences des autorités haïtiennes à cerner la thématique de sécurité dans une Haïti post coup d’état.
Comprendre la PNH, c’est aussi comprendre que cette force de sécurité publique, comme tant d’autres institutions étatiques du pays, dès sa création est, elle aussi, victime de toutes les crises qui affectent les autres corps de l’État. Quand ce n’est pas une crise d’identité, ce sont des problèmes d’affectations de moyens, gestion archaïque des personnels, de carriers, recrudescence de violence, de mutation, d’infiltration de gangs armés et de corruption sur toutes ses formes.
La corruption : un autre obstacle au développement à la PNH
La corruption est partout en Haïti. Et elle n’épargne pas non plus l’institution policière. La corruption au sein de la PNH, en générale, mine la capacité de l’institution à pouvoir protéger et servir convenablement la population. Mais, en particulier, faire semblant d’ignorer qu’il y a des policiers qui sont impliqués dans des affaires louches – des activités illégales et criminelles – c’est mal comprendre que la corruption est largement répandue au sein de cette institution policière. C’est aussi faire semblant de ne pas comprendre qu’en cette période de confusion, la PNH est à deux doigts d’un éclatement.
Comprendre la PNH, aussi ironique que cela puisse paraître, c’est aussi comprendre que cette prestigieuse institution qui est là pour protéger et servir la population, est aujourd’hui incapable de protéger ses propres agents. Ainsi, quand les agents de la PNH, eux aussi, sont victimes du vent d’insécurité qui souffle dans le pays, cela affecte considérablement le moral et le bon fonctionnement de l’institution.
Mais ce qui frappe advantage, c’est le fait que cette force de police, sous les yeux des autorités narcissiques et psychopathes du pays, est abandonnée à elle-même. Pour une prestigieuse institution comme celle de la PNH, les agents sont mal payés et mal équipés de matériels pour faire leur travail de protéger et servir. Mais de tous les maux dont souffre l’institution policière, si avec la bénédiction des élus et d’autres dirigeants en costumes dans les institutions étatiques, des bandits auraient intégrés la PNH pour massacrer la population, donc, c’est signe que le pays est mal protégé.
Maintenant pris en otage par les bandits…
Il y a quelque jours, lors d’un affrontement avec des officiers des unités d’élites de la police nationale, un groupe de bandits armés de Village de Dieu ont non seulement saisi des fusils de l’institution policière, mais ils ont aussi tués des agents. Alors, comprendre la PNH, c’est aussi chercher à comprendre que si les 4.2 milliard de dollars du programme Petro Caribe n’avaient pas été détourné à des fins personnelles par les autorités haïtiennes, les agents du maintien de l’ordre auraient des matériels adéquats de travail, donc les gardiens de la paix ne seraient pas toujours les victimes des bandits armés.
Face à la coalition des bandits en costumes qui prioritisent la criminalité et une communauté internationale qui fait choix de la dictature sur la démocratie, comprendre la PNH dans une Haïti en crise, ne représente pas la fin de l’histoire de ce grand pays, terre de liberté, malheureusement mal aimé. Puisque, même dans cet état d’abandon et de prise en otage que se trouve la PNH, à l’intérieur de cette force démoralisée, infiltrée par les bandits à la solde des autorités machiavéliques, il y a encore des jeunes cadres qui sont conscients et soucieux de leurs responsabiltés de protéger et de servir la population, riche ou pauvre.
Donc, dans l‘intérêt général du pays, et pour préserver la PNH, un élan massif de mobilisation devient vital pour arrêter l’état de pourrissement de l’institution policière. Ils sont nombreux ceux qui proposent le Tabula raza comme option pour sortir du chaos. Peu importe l’option à adopter, il ne doit pas y avoir de délai, compte tenu du mauvais état de dégradation de toutes les institutions du pays.
Définitivement, il faut un chambardement du système pourri et son remplacement par un gouvernement de Salut public capable de faire une bonne répartition des richesses du pays, et puis attaquer la question de réforme de la police qui mérite d’autant plus d’être comprise avec beaucoup plus de rationalité et d’élaboration par des professionnels.
Prof. Esau Jean-Baptiste
younalot@yahoo.com