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Politique en Haïti : 1986 à 2020

L’année 1986 a marqué la fin de la dictature duvaliériste avec la chute du président Jean-Claude Duvalier, et qui s’est poursuivie avec le Général Henri Namphy en 1990.

Appelé le mulâtre du président sous François Duvalier, le général Henri Namphy a, le 17 juin 1988, procédé à la mutation d’officiers favorables au chef de l’État, en l’occurence Leslie François Manigat, sans en informer ce dernier.

Par la suite, 2 jours plus tard, le Général Namphy, avec la complicité d’autres membres des FADH, a renversé M. Manigat du pouvoir 4 mois seulement après l’ entrée en fonction de ce dernier au Palais national.

Après ce coup d’état, Henri Namphy s’est autoproclamé président d’Haïti et a pu, du même coup, dissoudre, le lundi 20 juin 1988, le Parlement haitien (Sénat et Chambre des députés). Dans moins de vingt-quatre heures, il a donc formé un gouvernement composé exclusivement de militaires, alors qu’il accusait M. Manigat d’avoir ” trahi la Constitution”, afin de mieux justifier son forfait.

Ironie du sort, le 17 septembre 1988, trois mois après avoir renversé le président Leslie Manigat, le général Henri Namphy a été à son tour victime d’un coup d’État militaire fomenté par les sous-officiers de la garde présidentielle. Les putchistes, dès lors, ont placent à la tête de l’État le général Prosper Avril, un ancien proche de la famille Duvalier.

Assurant le pouvoir jusqu’au 10 mars 1990, le Général Avril a été contraint, de son côté de partir. Ce revirement a permis à Mme Ertha Pascal-Trouillot, Juge à la Cour de cassation, de prêter serment à titre de Présidente provisoire, 3 jours plus tard, soit le 13 mars.

De là, a pu se tenir la première élection présidentielle, issue de la Constitution du 29 mars 1990, et dont nous commémorons aujourd’hui le 31e anniversaire, et qui a opposé l’ex candidat Jean-Bertrand Aristide contre Marc Louis Bazin, avec respectivement 67,48% des voies pour l’un contre 14,22% pour l’autre

En effet, le 16 décembre 1990, Jean-Bertrand Aristide, un prêtre catholique critique du régime Duvalier, a remporté l’élection présidentielle avec une majorité de votes, soit 67,48%, devant Marc Louis Bazin, 14,22 %, un ancien employé de la Banque mondiale. Ce scrutin a donc constitué une transition démocratique réussie pour Haïti, bien que persistent les tensions, car Aristide a été la cible de 3 tentatives d’assassinat entre septembre et décembre 1990. Ces actes ont fait ainsi craindre le retour de la violence, si vrai que, lors de l’investiture d’Aristide, les forces armées ont mis en échec un coup d’État orchestré par Roger Lafontant, chef des milices Duvaliéristes, qui sera condamné à perpétuité.

Entre-temps, René Préval, un activiste des droits humains, a accédé au poste de premier ministre. En août 1991, alors que les membres du Parlement discutaient d’un vote de non confiance contre lui, la session a été ajournée lorsque des sympathisants d’Aristide, favorables à Préval, ont menacé de tuer des députés. Le 30 septembre, des militaires se sont emparés du président Aristide et ont persuadé le Général Raoul Cédras de prendre le contrôle du gouvernement.

Pour justifier le coup, à l’instar de Henri Namphy en 1988, les militaires ont affirmé qu’Aristide s’était interféré dans les affaires des FADH par des purges et la création d’une garde présidentielle hors de la hiérarchie militaire.

En conséquence, les insurgés ont forcé la nomination de Joseph Nerette, Juge à la Cour suprême, comme chef d’État par intérim, tandis les États-Unis, la France et le Vénézuela ont obtenu des rebelles le relâchement et la déportation d’Aristide.

Ainsi, de 30 septembre 1991 au 15 octobre 1994, Haïti a connu sa première phase de gouvernement de facto après la chute de Jean-Claude Duvalier, le 7 février 1986.

Situation politique actuelle : quelles perspectives pour Haïti?

Pas d’issue heureuse à cette interminable crise sans un accord politique, définitivement. Or, cette situation de corde raide entre l’exécutif et l’opposition n’est, en aucune façon, favorable à un modus operandi qui pourrait mettre un terme à cette situation chaotique qui déchire le pays depuis juillet 2018.

Il faut donc aller au-delà des réponses dictées par la vague d’insécurité en cours, en sachant fort bien qu’il n’est pas évident qu’Haïti pourra sortir de ce déchirement, essentiellement interne, sans une volonté commune entre les acteurs, pouvoir et opposition.

Fini le temps des beaux-parleurs ou des petits-faiseurs!

Tous ces marchands de haine qui, d’un côté comme de l’autre, jettent de l’huile sur le feu des pneus enflammés des mobilisations stériles et qui, du coup, apportent de l’eau au moulin des malfrats qui dilapident et tuent sans aucune crainte nos policiers.

Fini le règne des incompétents!

Que ces nouvelles élections de 2021, à travers une nouvelle Constitution, le cas échéant, afin que vive l’EDUCATION.

Fini le luxe honteux des nos dirigeants, face à la misère insultante des démunis !

En définitivement, notre pays ne peut plus se permettre d’être mené par des théoriciens au pouvoir, ou hors du pouvoir, qui sont perdus dans un chimère et qui, de toute évidence, n’arrivent plus à le vendre avec adresse. Ces gens-là doivent comprendre que les actions sanglantes (citées plus haut) du passé demeurent inutiles à sortir notre pays de la politique d’autruche dont est victime Haïti, et du marasme économique dans lequel ils ont largement contribué à la jeter.

 

 

 

Jarry JACQUES

Montréal, 29 mars 2021

 

Références

 

Jeune Afrique (France), 29 juin 1988, p. 15.

 

Le Devoir (Québec, Canada), 1e octobre 1991, p. A8.

 

Le Monde (France), 21 juin 1988, p. 4.

 

L’Express (France), 1er juillet 1988, p. 20.

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.