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L’OAVCT de Tabarre, poste de carte Dermalog, regorge de travailleurs vicieux.

L’Office d’Assurance des Véhicules contre-tiers illustre bien le phénomène de corruption et de clientélisme qui caractérise presque toute l’administration publique en Haïti, si l’on se fie aux dénonciations répétées des plaignants. À l’image de certains employés ou agents de sécurité de l’OAVCT qui ne se gênent même pas de parler de leur combine ou menée devant tout le monde, comme c’était le cas le 23 mars 2021, à Tabarre. Au pire, ils arrivent au point d’outrepasser les droits du citoyen qui voudrait passer par la voie normale sinon légale en vue de l’obtention d’un service public.

« Moi-même, on m’a transféré à Croix des Bouquets, tant pis pour eux, je ne vais pas vraiment au bureau. Je ne règle que des affaires importantes pour client particulier », a dit publiquement un homme, dans la trentaine tatoué au bras, portant un maillot identifiant l’Office d’Assurance des Véhicule contre-tires, (OAVCT). Un nombre assez important de personnes vêtues de maillot ou chemise à l’effigie de l’Institution faisaient le va et vient sinon discutaient de tout et de rien. Tout cela s’est passé, mardi 23 mars 2021, au poste où l’on enregistre les informations pour la production et la livraison de carte d’identification nationale unique communément appelée « Dermalog » à l’OAVCT de Tabarre.

« Je me suis rendu là où on m’a dit que je peux être enregistré pour avoir une carte d’identification Dermalog plus rapidement. Arrivé là-bas, à l’OAVCT de Tabarre, j’ai vu deux lignes, une pour l’enregistrement et une autre pour la livraison. J’ai fait ce qu’il fallait, me placer derrière la dernière personne à la ligne. Après 30 minutes passées sous le soleil, il était déjà 11 heures du matin, un agent de sécurité m’a indiqué de montrer la copie soit de mon certificat de baptême, de mon extrait d’archive ou de mon acte de naissance. Sans me donner le temps de retirer le document qui se trouvait dans un classeur, il m’a sauvagement dit, bon, ou menm, ou p ap antre ankò, yon lòt moun, vini. Les quelques personnes après moi n’avaient même pas une copie des pièces exigées, c’est alors qu’elles se sont dépêchés d’aller le faire. Après un moment, un autre agent m’a demandé d’entrer, nous raconte Willy (nom d’emprunt).

Dans l’intervalle employés et particuliers opèrent, pendant que d’autres pavanent, en attendant le cas échéant, une affaire qui sera inconnu du fisc, et donc sera bénéfique à leur intérêt personnel exclusivement, comme à leur habitude, regrette Willy. Ainsi, ou bien ils facilitent des personnes à bénéficier des services non sans court-circuiter la voie normale en contrepartie de l’argent, ou bien ils décident d’outrepasser les droits de ceux qui ont eu le malheur de passer par la voie tracée par la loi. Et à juste titre, on peut passer des heures dans une ligne, et puis vous voyez un agent de sécurité amené une personne qui est servie avant vous, alors qu’elle vient tout juste d’arriver. C’est ce qui m’est arrivé, explique Willy. « J’étais opposé à ce que quelqu’un, à peine arrivé, soit servi, avant moi qui étais là pendant beaucoup de temps. Et un agent de répondre, vous n’allez pas pouvoir être enregistré pour la carte Dermalog ici. C’est décidé, point barre. Je travaille ici et j’ai donc le droit de décider qu’une personne passe avant vous, un point c’est tout ». À force de crier, de part et d’autre, Willy nous dit avoir décidé de partir.

Ce qu’il est tenu de comprendre, si vous êtes en Haïti, dans l’état actuel des choses, et que vous décidez de passer par la voie normale en vue de l’obtention d’un service public, vous allez confronter à toute sorte de malheur : perte de temps, discrimination, mépris, irrespect, sauvagerie d’agents de sécurité ou d’autres employés frustrés et insouciants. Le vice, sinon la corruption devient pour bon nombre d’entre eux, un moyen sûr pour se faire de l’argent. Ils sont même prêt à vous brutaliser si vous y opposer. Malheureusement, j’étais tout seul devant une dizaine d’agents, et les autres personnes qui faisaient la queue ont simplement accepté le désordre sans broncher. J’ai du lâcher prise, reconnait Willy.

Le récit que Willy nous a fait éclaircir assez bien une situation, à quelque différence près, qui prévaut, à l’instar de l’OAVCT de Tabarre, poste de carte Dermalog, dans presque tous les établissements de service public en Haïti.

 

 

Par Denver Critsobal

 

 

 

 

 

 

 

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Lovelie Stanley NUMA

Lovelie Stanley NUMA, Journaliste Écologique et PDG Impulse WebMedias. Coordonnatrice Générale de l'association dénommée "Collectif des Journalistes Haïtiens Engagés pour l'Environnement (CoJHEE). La voix des sans-voix. Le journalisme utile c'est ma passion. Je travaille également pour des médias internationaux.